◆ La reprise des activités liées à l’industrie automobile au Maroc n’a pas été sans difficultés, notamment pour les équipementiers locaux qui ont toujours dépendu du marché international en matière de ravitaillement.
◆ Tour d’horizon avec Adil Rais, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM pôle Nord) et équipementier.
Propos recueillis par S. Kassir
Finances News Hebdo : Comment la reprise des activités liées à l’industrie automobile se déroule-t-elle ?
Adil Rais : L’activité a repris, mais pas d’une façon continue. En effet, en raison de l’augmentation des cas de personnes atteintes de la Covid-19, nous avons dû ralentir le cours de nos activités et avons même demandé aux entreprises de baisser leur cadence du travail. Maintenant que la reprise est là, les entreprises qui œuvrent dans l’automobile prennent de plus en plus les choses en main. Par conséquent, leur capacité augmente graduellement, pour autant que les conditions le permettent.
F.N.H. : Quel est l’impact des restrictions sanitaires sur le fonctionnement du secteur, notamment au niveau de la gestion des ressources humaines ?
A. R. : La propagation du Coronavirus n’a pas seulement eu un impact sur la composante ressources humaines liée au secteur automobile. Elle a affecté surtout le côté organisationnel des structures opérant dans cette industrie, puisqu’aujourd’hui les entreprises sont obligées de se réorganiser en raison de la crise sanitaire. La distanciation dans le transport et dans les usines, à titre d’exemple, a été à l’origine de changements et de restructurations opérés au sein de l’ensemble des unités de production.
A cela s’ajoute le coût additionnel que supposent ces changements, chiffré entre 3 et 5% du coût direct, en fonction de la nature des activités de l’unité. En termes d’organisation interne, les entreprises ont mis en place des shifts pour alterner le travail des équipes. En cela, les mesures nécessaires ont été déjà prises afin d’éviter de possibles contaminations à l’intérieur des usines.
F.N.H. : Quelles sont les difficultés rencontrées par les équipementiers pour s’approvisionner en intrants, que ce soit au niveau national ou à l’international ?
A. R. : La crise liée à la Covid-19 a perturbé énormément la chaîne logistique, que ce soit en amont ou en aval, à travers notamment la fermeture précoce des fournisseurs chinois. Cela a causé un grand nombre de dégâts, particulièrement au niveau des ravitaillements des usines de par le monde.
Au niveau national, l’arrêt des activités liées à l’industrie automobile pour un moment a également perturbé les clients. Heureusement, des équipementiers nationaux ont décidé, aujourd’hui, de se ravitailler à proximité et de diversifier leur source de ravitaillement en matières premières et en outillage. Ce qui signifie que l’avenir rendra les équipementiers moins dépendants d’une source ou d’un marché déterminé.
F.N.H. : Les entreprises opérant dans l’industrie automobile ont-elles bénéficié d’un soutien de l’Etat ?
A. R. : La majorité des professionnels de l’industrie automobile a bénéficié de soutiens conventionnels qui ont été fournis à tout le monde, à savoir les lignes de crédit Damane Oxygène et Damane Relance pour le financement des entreprises. Les entreprises qui ont été obligées de fermer ont, à leur tour, bénéficié des indemnités servies à leurs ouvriers et employés. C’est ainsi qu’on peut dire que l’industrie automobile, tout comme le textile, sont deux secteurs qui ont le plus bénéficié des mesures prises par l’Etat, en termes de soutien.
F.N.H. : Quelles sont vos perspectives pour cette année et pour l’année prochaine ?
A. R. : Pour cette année, je crois que tous les acteurs aimeraient terminer en réduisant les baisses et les pertes accumulées pendant les cinq premiers mois. En 2021, nous espérons que la crise soit contrôlée pour que l’activité revienne à une certaine normalité. Mais je ne prévois pas de retour à la normalité avant 2022, quand les vaccins seront en place. A mon sens, le dernier trimestre sera certainement mieux que le deuxième ou le premier et l’année prochaine devrait être, globalement, meilleure que cette année.