L'Association des ingénieurs de l’Ecole supérieure des industries du textile et de l’habillement (AIESITH) a récemment été sous le feu des projecteurs grâce à la création de deux branches régionales Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan.
Une occasion de revenir avec Abdessamad Benbrahim, président l’Association et Directeur général de Rich Brand, sur les raisons qui ont présidé à cette initiative, et sur l’importance de l’ESITHdans l’écosystème de la branche du textile et de l’habillement.
Finances News Hebdo : L'Association des ingénieurs de l’Ecole supérieure des industries du textile et de l’habillement (AIESITH), vient d'annoncer le lancement de deux branches régionales Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan. Qu'est-ce qui a motivé cette initiative ?
Abdessamad Benbrahim : L'association des Ingénieurs de l'ESITH (AIESITH) a choisi la régionalisation comme vecteur de développement stratégique pour s'inscrire déjà dans la dynamique que connaît notre pays aujourd'hui, via le projet de régionalisation avancée. C'est pourquoi nous avons d'ailleurs adopté le nouveau découpage régional dans l’organisation de nos sections. Travailler à travers des pôles géographiques autour de la région va nous permettre d'être plus proche de nos ingénieurs dans ces régions, et de s'inscrire parfaitement dans la dynamique de développement que connaissent aujourd'hui plusieurs régions dans notre pays. On vise aussi dans notre approche d’être le plus proche possible des acteurs économiques et publics pour établir des conventions et des partenariats qui répondent parfaitement aux besoins de développement de notre réseau ainsi que les secteurs qui connaissent une forte présence des ingénieurs de l’ESITH.
F.N.H. : Que représente l’ESITH dans l'écosystème de la formation du capital humain de la branche industrielle du pays et plus particulièrement du secteur du textile et de l'habillement ?
A. B. : L’ESITH est la première institution d’enseignement supérieure, fruit d’un partenariat public-privé. Fondée en 1996 grâce à une collaboration entre le gouvernement Marocain et l’Association Marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith), elle a commencé par former exclusivement des ingénieurs pour le secteur textile et habillement. En 2003, l’école a entamé une stratégie d’ouverture sur d’autres secteurs par la mise en place de nouvelles filières en génie industriel, en l’occurrence des ingénieurs d’Etat en logistique internationale, et des chefs de produit. Cette ouverture s’est également concrétisée par le lancement de deux cycles de formation : les masters spécialisés et la licence professionnelle dans des filières aussi transversales que l’hygiène sécurité, et environnement ; achats et sourcing; merchandising et distribution; et la gestion de la chaine d’approvisionnement. Maintenant les lauréats de l’ESITH sont présents dans les principaux métiers qui forment l’écosystème économique du pays, notamment l’aéronautique l’automobile, et, bien entendu, le secteur textile/habillement.
F.N.H. : La branche du textile-habillement, qui représente un pan important du tissu industriel du pays, s'est donné de grandes ambitions à l'horizon 2025. Selon vous, a-t-on suffisamment accordé de l'importance à la formation et à la valorisation des compétences pour obtenir les résultats escomptés ?
A. B. : Nous estimons aujourd'hui en tant qu’association des ingénieurs de l'ESITH dont des centaines de membres travaillent dans le secteur textile-habillement, que le volet de la formation est l'un des piliers nécessaires pour la réussite du Plan pour l'accélération industrielle (PAI). Les différents écosystèmes Textile-Habillement (Fast-fashion, Denim, et Distribution) lancés dernièrement par le ministère de tutelle et l'Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) ont comme épine dorsale la valorisation du facteur humain, notamment la formation des cadres. Dans ce sens, notre école l'ESITH se positionne comme un acteur majeur dans la formation des compétences de haute performance que sont les ingénieurs d'Etat dans trois filières : textile habillement, logistique, chef de produit, ainsi que des masters spécialisés et des licences professionnelles. Nous sommes disponibles éventuellement pour collaborer avec l'Amith et le ministère de l'Industrie pour signer des conventions de coopération dans les domaines qui présentent un intérêt commun, surtout pour la qualification et le renforcement des capacités du middle management dans le secteur.
F.N.H. : Pour certains spécialistes, la montée en gamme est un facteur-clef pour la compétitivité du secteur du textile et de l'habillement. Cela dit, estimez-vous que la branche a actuellement suffisamment de techniciens spécialisés et d'ingénieurs pour assurer cette montée en gamme ?
A. B. : Nous n’avons pas le chiffre exact pour répondre à cette question, et nous préférons vous fournir cette information à une autre occasion.
F.N.H. : L'ESITH est fondée depuis 1996. Quelles sont ses principales réalisations depuis cette date, notamment en termes d'amélioration du contenu des formations et de contribution à la compétitivité du secteur du textile ?
A. B. : L’un des points forts de l’organisation de l’ESITH est l’implication des industriels dans la gestion de l’école et la définition de sa stratégie à travers un Conseil de surveillance et un Conseil de perfectionnement. Aussi, et ceci dans le volet opérationnel, l’école fait appel à des professeurs associés qui ont des postes de leadership dans divers secteurs industriels ou de services. Cette proximité avec les industriels permet à l’école d’avoir un feedback en temps réel sur la qualité de sa formation et prendre les mesures nécessaires pour mettre à jour son syllabus, ou si le besoin se fait sentir, mettre en place une nouvelle filière de formation.
Propos recueillis par M. Diao