L’industrie automobile mondiale passe par une période de turbulence, à en croire Coface. «Frappée par des réglementations de plus en plus strictes, en particulier pour des raisons environnementales, l’industrie automobile mondiale est au pied du mur et dans l’obligation de se réinventer», estime le spécialiste français de l’assurance-crédit dans une étude récente consacrée au secteur de l’automobile.
L’étude explique que dans un contexte économique global morose, le secteur automobile est confronté à plusieurs défis bien spécifiques, notamment une réglementation renforcée et plus stricte contre les risques environnementaux. En conséquence, les ventes de voitures connaissent une croissance négative inédite depuis la crise de 2008 et l'incertitude règne pour le secteur.
Europe, USA, Chine,… Baisse généralisée des ventes
Cette situation est particulièrement visible dans les pays de l’Union Européenne, où de nouvelles règles d'homologation rigoureuses pour les nouveaux modèles automobiles, les "Worldwide Harmonized Light Vehicles Test Procedures" (WLTP), sont mises en œuvre depuis septembre 2018.
Selon Coface, ces règles plus strictes ont notamment entraîné des goulets d'étranglement pour les constructeurs automobiles, avec des homologations retardées entraînant une pénurie de modèles disponibles en concession.
A fin août 2019, les immatriculations de véhicules neufs sur le marché européen sont en recul de 3,2 % des ventes par rapport aux huit premiers mois de l’année 2018, selon l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA).
Le marché américain est également affecté par une demande en baisse continue (-1,1% à fin octobre 2019, sur 10 mois), notamment pour les berlines et autres voitures, fait remarquer Coface. Cette tendance continue d'affecter les activités des constructeurs automobiles avec la fermeture de plusieurs usines dans le pays.
Le marché chinois est de son côté durement touché par la baisse de la demande (-4% en octobre 2019) en partie du fait d’un certain attentisme des consommateurs qui sont dans l’expectative de la réalisation des mesures fiscales incitatives annoncées par le gouvernement, explique Coface. Cet attentisme vient s’ajouter aux séquelles de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis.
Pour 2020, Coface s'attend à une poursuite de cette tendance négative au niveau mondial.
Vers une refonte du paysage de l’industrie automobile ?
Par ailleurs, selon Coface, la nouvelle donne technologique obligent les constructeurs à des investissements massifs fin de repenser la conception de leurs véhicules, augmentant en conséquence leurs coûts de production, souligne l’étude.
En outre, de nouveaux acteurs tels que Google Waymo, Tesla, Arcfox ou Aiways viennent «ajouter un degré d’incertitude supplémentaire dans un marché qui était habitué à une certaine stabilité, voire à un mouvement de concentration via des fusions, rapprochements et coinvestissements», poursuit la même source.
Enfin, toujours selon l’assureur-crédit, ces difficultés pourraient se répercuter sur tout l’écosystème, puisque la croissance et les revenus des sous-traitants automobiles sont naturellement durement impactés par ce ralentissement.
La rationalisation des coûts de production et les évolutions technologiques liées aux contraintes environnementales imposées à leur tour par les constructeurs automobiles ont des répercussions sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Cela est tout particulièrement vrai pour leurs dépenses de R&D. Conséquences : cela pourra pousser à des rapprochements/acquisitions afin de rationaliser ces coûts nécessaires à la mise sur le marché de technologies décisives, entraînant, là aussi, une refonte du paysage de l’industrie automobile.