Nette hausse de la production et de l’exportation. Le taux d’intégration est en constante amélioration, grâce à l’arrivée de nouveaux équipementiers. Le groupe Renault continue de jouer le rôle de locomotive pour la filière.
L’industrie automobile au Maroc est en progression soutenue. Selon l’Office des changes, le chiffre d’affaires à l’export s’élève en 2015 à 48,68 Mds de dirhams, soit près de 21% de plus que le score enregistré en 2014. La filière pèse désormais 20% des exportations totales du pays. Cette performance est due d’abord à la montée en puissance du Groupe Renault Maroc. Sa production globale a frôlé les 300.000 véhicules, dont 256.500 ont été exportés (voir encadré). Mais l’essor des exportations automobiles s’explique aussi par l’apport favorable de l’approche des écosystèmes, lancée fin 2013, et qui a profité aux équipementiers.
Le Plan d’accélération industrielle couvrant la période 2014-2020, lancé par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie numérique, a doté le secteur d’un fonds de soutien de plus 20 Mds de DH, qui commence à donner ses fruits.
Les écosystèmes dans le secteur permettront, d’ici 2020, de multiplier par 2,5 les exportations automobiles, d’augmenter le taux d’intégration locale de 21 points, passant de 45 à 65%, et de créer plus de 56.000 nouveaux emplois.
Le secteur a connu de grandes réalisations ces dernières années dont la mise en place du Fonds de développement industriel (FDI), l’organisation de la filière en métiers et le succès de l’activité de la sous-traitance, qui ont profité de l’arrivée de plusieurs équipementiers de renommée internationale. L’année 2015 a été marquée également par le lancement du projet de PSA Peugeot-Citroën. L’usine qui sera installée à Kénitra, et qui prévoit la production dans un premier temps de 90.000 véhicules et autant de moteurs, devrait donner une nouvelle impulsion au secteur, en attirant de nouveaux équipementiers et sous-traitants.
Les nouveaux opérateurs qui ont choisi d’investir au Maroc, couvrent les principaux métiers pour la réalisation d’équipements de véhicules à forte valeur ajoutée.
A cet égard, le potentiel de sourcing à partir du Maroc peut atteindre les 500 millions d’euros.
Par ailleurs, il faut noter que l’industrie automobile marocaine commence à exprimer de nouveaux besoins, comme la fourniture de ses équipements. Il y a donc des besoins de rang 1, rang 2 et rang 3 que les sous-traitants peuvent satisfaire en approvisionnant les constructeurs en composants, en sous-ensembles et autres fournitures, tant pour la maintenance que pour le service.
Le secteur marocain de l'automobile comprend notamment l'importante industrie du câblage (Denso, Leoni, Sumitomo, Lear, Yazaki...) qui a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 17,2 Mds de DH, soit une croissance de 9,9%.
Cela dit, le secteur automobile marocain, fort d'une expérience de plus de 50 ans, se singularise par l'hétérogénéité des métiers qu'il regroupe (construction, ingénierie, mécanique de précision, câblage, plasturgie, textile auto, électronique, etc.). Si aujourd'hui le pays peut se targuer d'être une plate-forme automobile, c'est qu'en amont, il a su élaborer des politiques publiques à même de l'aligner au niveau des standards industriels internationaux.
Par ailleurs, le Maroc dispose de certains avantages comparatifs lui permettant de défier la concurrence particulièrement agressive de certains pays émergents pour ne faire allusion qu'à la Chine, l'Inde, le Brésil ou certains pays de l'Europe de l'Est. Il s'agit, entre autres, de la proximité géographique avec l'UE, la similitude des systèmes de réglementation, la main-d'oeuvre bon marché ou encore l'existence d'une gamme d'ALE.
Mais selon des experts industriels, ces atouts restent insuffisants. Certains équipementiers nationaux devraivvent davantage amplifier leur capacité d'innovation dans l'optique d'accroître la valeur ajoutée de leurs produits.
Développer la créativité de ce secteur suppose, aussi, plus de volontarisme de la part de l'Etat qui devrait, en partenariat avec le secteur, développer plus de pôles de formation et de recherche car, pour l'heure, on n'en dénombre que quatre. Le secteur des équipementiers automobiles au Maroc fait aussi les frais d'une concurrence asiatique qu'il juge déloyale car leurs produits inondent le marché local sans faire préalablement l'objet de contrôle.
Le Groupe Renault maintient le cap
En attendant l’arrivée de PSA Peugeot Citroën, le Groupe Renault est le seul constructeur opérant au Maroc. Son usine de Tanger a assemblé, en 2015, 229.000 véhicules. Celle de Somaca en a produit 59.028.
85% de cette production est destinée à l’export notamment en France, Espagne, Turquie et certains pays arabes, qui s’adjugent plus de 50% du volume. Par modèle, les deux sites ont fabriqué 143.049 Sandero, 71.515 Dokker, 40.826 Logan et 32.663 Lodgy.
La plate-forme logistique internationale du groupe a permis de s’approvisionner chez 19 fournisseurs marocains pour alimenter les chaînes de montage d’autres usines Renault à travers le monde.
Charaf Jaidani