L’ambition est de relever le défi de la compétitivité pour gagner de nouvelles parts de marché et répondre aux besoins des constructeurs de voitures électriques et de véhicules thermiques de nouvelle génération.
Par C. Jaidani
Le Maroc a fait de l’industrie automobile l’un des piliers de sa stratégie de diversification économique. Depuis la mise en place d’une politique dédiée, le secteur affiche une croissance continue et soutenue.
Les chiffres en témoignent : les investissements affluent, les emplois se multiplient et les exportations battent des records. Lors d’une conférence organisée par la Fondation Lafqui Tetouani, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, n’a pas caché son optimisme quant aux «perspectives prometteuses de l’industrie automobile nationale.
Outre la hausse de la capacité de production à un million d’unités par an, l’objectif du gouvernement est d’atteindre à terme 1,4 million de véhicules produits par an, dont la majorité est exportée vers plus de 90 pays à travers le monde», a-t-il affirmé. Parallèlement à la hausse constante du volume de véhicules produits, l’industrie automobile marocaine s’attelle à gagner la bataille de la compétitivité et du taux d’intégration locale, véritable baromètre de la souveraineté industrielle du Royaume dans ce domaine hautement compétitif.
Les défis sont nombreux, notamment celui de l’adaptation à un marché mondial en pleine mutation, qui s’oriente résolument vers la mobilité électrique, hybride, voire à hydrogène. En témoigne la mise à jour des législations en Europe, en Amérique du Nord et dans d’autres pays développés pour favoriser l’essor des moyens de transport dits «verts».
Pour ne pas rester en marge de cette transformation, les deux constructeurs implantés au Maroc, Renault et Stellantis, ont élargi leur offre à des modèles électriques et hybrides, tout en continuant à répondre à la demande toujours soutenue en moteurs thermiques. Ces derniers évoluent d’ailleurs vers des versions de plus en plus sophistiquées, intégrant des technologies embarquées avancées afin de satisfaire les exigences croissantes en matière de sécurité, de confort et de respect de l’environnement.
Cette transition a profondément transformé la chaîne de valeur automobile, impactant fournisseurs, équipementiers et sous-traitants. L’écosystème marocain a dû s’adapter, donnant naissance à une nouvelle génération d’acteurs spécialisés. Parmi eux, les producteurs de batteries électriques et de matériaux spécifiques utilisés dans les véhicules nouvelle génération. Le géant chinois CNGR Advanced Material, par exemple, a implanté à Jorf Lasfar une filiale issue d’un partenariat avec le groupe marocain Al Mada, pour un investissement de 2 milliards de dollars.
De son côté, Gotion, autre poids lourd chinois, prévoit d’inaugurer en juin 2026 une usine de batteries électriques à Kénitra. Selon les estimations du ministère de l’Industrie, ce segment pourrait générer un chiffre d’affaires compris entre 10 et 15 milliards de dollars. Mais la filière marocaine ne mise pas uniquement sur l’électrique. Elle entend aussi consolider sa place dans les branches encore peu développées, notamment celles liées à la production de composants moteurs (pistons, démarreurs, alternateurs, entre autres).
Ce maillon faible reste un frein à l’augmentation du taux d’intégration. Le développement de ces activités nécessite une main-d’œuvre hautement qualifiée et des investissements ciblés. Leur essor renforcerait la souveraineté industrielle du Maroc et son positionnement parmi les grandes nations automobiles.