◆ Le Maroc a besoin de 75 millions de quintaux pour combler son déficit.
◆ La valeur est estimée à 15 milliards de DH.
Par Charaf Jaidani
Le ministère de l’Agriculture a dévoilé récemment les résultats prévisionnels de la campagne agricole 2019/2020. Indicateur clé du secteur, les récoltes céréalières sont estimées à 30 millions de quintaux, soit une baisse de plus de 40% par rapport à l’année dernière et de plus de 57% comparativement aux prévisions de la Loi de Finances 2020. C’est l’une des plus mauvaises saisons agricoles du pays depuis l’entrée en vigueur du Plan Maroc Vert.
Les pluies de mars et avril n’ont pas eu d’effets majeurs pour redresser une situation déjà compromise. Elles sont tout au plus bénéfiques pour les cultures printanières, l’arboriculture, ainsi que pour la nappe phréatique et les retenues des barrages. Face à ce constat, le Maroc sera contraint d’importer pas moins de 75 millions de quintaux si l’on prend en considération la consommation nationale qui se situe entre 105 et 110 millions de quintaux.
La part du lion revient bien entendu au blé tendre avec près de 60%. La valeur de ces importations devrait atteindre des niveaux historiques, estimée à 15 milliards de DH (avec une valeur moyenne de 200 dollars/tonne comme prix de référence). Le Royaume importe son blé de plusieurs pays dont la France et les Etats-Unis avec lesquels il est lié par un accord de libreéchange. Il s’approvisionne aussi dans d’autres marchés comme ceux de Russie, d’Ukraine, du Canada ou d’Argentine. Le blé tendre importé est traditionnellement privilégié par les minotiers au produit local en raison de sa force boulangère.
Le risque de perturbations du marché à l’international n’est pas à écarter mais il reste toutefois minime. En effet, la pandémie du coronavirus a causé l’arrêt de la production dans différentes activités y compris dans l’agriculture, la logistique et le transport. Les perturbations éventuelles proviendraient essentiellement de problèmes dans la chaîne logistique (voir encadré).
Pour le moment, le Maroc dispose d’un stock stratégique confortable qui lui permet d’assurer l’approvisionnement du marché pour 4,5 mois. Les opérateurs marocains du secteur sont devenus maîtres en la matière, ils négocient judicieusement leur contrat à terme. Actuellement, les conditions favorables pour l’importation sont réunies, laissant entrevoir une certaine visibilité pour le reste de l’année.