A cause d’une conjoncture défavorable, les professionnels sont sceptiques.
Ils estiment que le programme de soutien à l’habitat ne peut, à lui seul, assurer la reprise tant attendue.
Par C.Jaidani
L’immobiler connaît depuis quelques années une certaine morosité marquée par un ralentissement des ventes et des investissements. Et pour cause, de nombreux événements ont impacté le secteur, comme la crise économique, la pandémie, puis la mauvaise conjoncture générée en partie par la guerre en Ukraine. Le secteur a été également impacté par l’essoufflement de l’offre dédiée au logement social et celui de la classe moyenne.
Cette formule a connu un grand succès pendant des années, au point que les produits étaient vendus sur plan et les acheteurs attendaient des années pour être livrés. Actuellement, on note la présence d’un stock important de logements invendus non seulement dans le social, mais aussi pour toutes les catégories.
De nombreux promoteurs ont réduit les mises en chantier, le temps d’avoir plus de visibilité. Pour relancer l’activité, le gouvernement a pris une série de dispositions à caractère fiscal ou réglementaire, dont notamment la révision de la subvention dédiée aux logements conventionnés. Le marché a accueilli favorablement ces mesures, mais des professionnels du secteur ont émis quelques réserves.
Pour Mohamed Alaoui, expert en immobilier, «2024 peut être une année de reprise pour le secteur, mais certains éléments risquent de perturber cette donne. Il existe actuellement un climat d’attentisme et aussi d’incertitude dû essentiellement à une conjoncture défavorable. La sécheresse qui sévit depuis des années a eu des effets négatifs sur l’économie nationale, et bien entendu sur la demande de consommation et d’investissement. La morosité a été accentuée par l’inflation qui a impacté le pouvoir d’achat des Marocains. Le programme des subventions annoncé pour l’Habitat ne peut à lui seul donner un nouveau souffle au secteur».
Alaoui estime par ailleurs que «l’immobilier au Maroc est toujours considéré comme une vache à lait sur le plan fiscal. Il est surimposé, générant un surcoût pour les consommateurs. Pour le rendre plus dynamique, le gouvernement doit jouer aussi bien sur le volet des subventions que sur la taxation». En manque de visibilité, de nombreux professionnels ont formulé des réserves par rapport à leurs attentes en 2024, et surtout par rapport à l’effet du programme des subventions à l’habitat. Dès l’annonce du programme, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) a manifesté «son engagement pour jouer un rôle majeur, affirmant que ses membres ne lésineront sur aucun effort pour concrétiser les différents objectifs visés».
Toutefois elle estime qu’il faut attendre l’entrée en vigueur de ces mesures pour se prononcer. Elle insiste sur le fait que le secteur comprend de nombreux acteurs aussi bien du secteur public que privé. «La chaîne de valeur ne peut fonctionner à un rythme soutenu que si tous les acteurs de l’immobilier sont fortement impliqués. Pour réussir, le nouveau schéma a besoin de plus de fluidité et de simplification des procédures administratives. Malgré les doléances des professionnels du secteur, les autorisations mettent encore beaucoup de temps à être délivrées comparativement à d’autres pays», souligne-t-on auprès de la FNPI.
Le financement est le nerf de la guerre du secteur aussi bien pour les promoteurs que pour les acquéreurs. La Fédération estime que «les conditions d’octroi des crédits par les banques sont devenues contraignantes, sans compter la hausse des taux d’intérêt qui alourdit le coût d’acquisition. Il est important de réduire ces entraves pour donner une nouvelle impulsion à l’activité».