Immobilier: «La crise de confiance entre promoteurs et acquéreurs persiste toujours»

Immobilier: «La crise de confiance entre promoteurs et acquéreurs persiste toujours»

La TVA sur les intérêts et la hausse des taux alourdissent le coût d’acquisition.

Le statut de l’agent immobilier devrait permettre de mieux organiser l’activité.

Entretien avec Mohammed Lahlou, président de l’Union régionale des agences immobilières (URAI) de Casablanca-Settat.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Comment se présente la situation du secteur immobilier ?

Mohammed Lahlou: Le secteur immobilier n’arrive toujours pas à retrouver des couleurs. La reprise est timide. Nous avons espéré que la situation change avec la fin de la pandémie, le retour des MRE et la relance économique, mais de nouveaux facteurs ont pénalisé l’activité, comme la conjoncture internationale, notamment la guerre en Ukraine. On note également une inflation galopante qui a renchéri les prix, et le coût de production devient très élevé. Auparavant, les promoteurs jouaient sur les marges bénéficiaires pour réduire les prix et pouvoir écouler leurs produits. Mais actuellement ce n'est pas le cas, à moins de faire des cessions à perte pour réduire les stocks. L’inadéquation entre l’offre et la demande fait que le marché est loin de retrouver un certain équilibre. Les offres sont pour la plupart inadaptées au pouvoir d’achat des Marocains.

 

F.N.H. : Existe-t-il une nuance selon les segments ?

M. L. : En général, il existe une stagnation, mais pour certains segments comme le locatif, la demande est bien là. Il faut juste des mesures d’accompagnement, comme l’instauration d’une assurance pour les impayés. A ce sujet, nous avons approché plusieurs compagnies d’assurances, mais toutes nous ont confirmé que le lancement de cette offre reste intimement lié à l’existence d’un dispositif législatif dédié. Le segment des locaux professionnels est en berne, les prix ont connu une nette baisse comparativement aux niveaux d’il y a quelques années. Il existe un important stock à ce niveau à écouler.

 

F.N.H. : Face à cette situation, quelles sont vos recommandations ?

M. L. : La crise de confiance entre les promoteurs et les acquéreurs persiste toujours. Il faut changer les données, notamment au niveau de la conception des projets pour qu’ils soient adaptés aux besoins des acquéreurs. Par exemple, avec l’arrivée du Covid 19, de nombreux acheteurs ont préféré avoir une terrasse ou un balcon. On tend de plus en plus vers les petites superficies pour être en phase avec leur budget. Par ailleurs, il faut souligner que certaines dispositions perturbent la reprise du secteur, comme la hausse du taux directeur ou de la TVA sur les intérêts, notamment pour les crédits de moins de 3 millions de DH. Le coût d’acquisition va s’alourdir et sera pénalisant pour le marché. Par ailleurs, pour avoir une assiette foncière plus large et booster l’offre immobilière, il est primordial d’augmenter la taxe sur les terrains non bâtis dans le cadre du projet de Loi de Finances 2023.

 

F.N.H. : Où en est le projet de loi instituant le statut d’agent immobilier ?

M. L. : L’intermédiation immobilière est exposée de plus en plus à l’anarchie et à la multiplication d’opérateurs travaillant dans l’informel. Le cadre réglementaire proposé vise à réglementer cette activité et à lui donner plus de crédibilité et de transparence. L’idée étant d’avoir des agences structurées et des interlocuteurs réglementés sur le marché. Dans ce contexte, l’institutionnalisation du statut des intermédiaires contribuerait à restaurer la confiance entre tous les acteurs de la transaction immobilière, aussi bien lors de la vente que de la location. Il confortera ainsi le rôle de l’agent immobilier dans le renforcement des garanties de sécurité contractuelle. Il est temps que ce cadre réglementaire prenne forme, d’autant qu’il est l’un des éléments clés de la relance du secteur immobilier. Nous entendons transmettre notre proposition au chef du gouvernement pour activer l’adoption de ce projet soumis au secrétariat général du gouvernement depuis 2017.

 

F.N.H. : Avez-vous approché les autres corps de métiers concernés par ce sujet ?

M. L. : Les échanges réalisés avec les autres corps de métiers, notamment les promoteurs immobiliers, les notaires, les adouls, les avocats, les architectes et d’autres catégories sont très favorables. Car cette réglementation permettra de mieux organiser toute la chaîne. Les acquéreurs auront devant eux des agents immobiliers fiables avec lesquels les transactions se feront en toute sécurité et transparence. 

 

 

 

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