Sous l’effet de la sécheresse, les prix se sont inscrits dans un trend haussier inédit.
La faiblesse de l’offre et la spéculation risquent d’augmenter les cas de fraude.
Par C. Jaidani
Les effets de la sécheresse continuent de peser lourdement sur de nombreuses filières agricoles. La baisse de la production de plusieurs produits de grande consommation a poussé le gouvernement à ordonner l‘interdiction de leur exportation. Après les tomates et les oignons, l’huile d’olive serait, à son tour, touchée par cette disposition.
Le manque de pluies lors de ces deux dernières années a eu un impact néfaste sur les plantes et, in fine, a réduit sensiblement le rendement. A travers cette initiative, l’Exécutif espère réguler le marché et contenir le trend haussier des prix qui ont atteint des records. La campagne de récolte commence au Maroc à partir du mois d’octobre dans des régions comme El Haouz, Souss, Chichaoua et Chiadma, pour s’étendre jusqu’au mois de décembre dans des régions plus au Nord comme Tadla, Fès-Saiss et Jbala.
«L’export risque d’impacter sérieusement l’offre d’huile d’olive destinée au marché local. Nous avons proposé au département de tutelle sa restriction, et ce dans l’objectif de protéger le pouvoir d’achat des Marocains, car l’huile d’olive est un produit grandement demandé», souligne Rachid Benali, président de l’Interprofession marocaine de l’olive et président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader).
En effet, il y a quelques années, le prix de l’huile d’olive se négociait entre 50 et 60 DH en moyenne le litre. Actuellement, il a grimpé au-delà de 80 DH. Dans certaines régions, il frôle déjà les 100 DH. Tout laisse présager que cette flambée risque de perdurer, accentuée par la spéculation et la persistance de la sécheresse. «Le prix de l’olive est passé d’une fourchette de 3-5 DH/kg à 10-12 DH/kg. Le rendement a, lui aussi, fléchi, passant d’une moyenne de 17 à 20 l/q à 10 l/q. Cette contreperformance est due en grande partie au manque d’eau. La perturbation du marché risque de s’aggraver avec le retard des pluies», souligne Abdellah Marbouhi, président d’une coopérative dans la région d’El Attaouia, relevant de la province d’El Kelaâ des Sraghna. Et de poursuivre que «de nombreuses exploitations ont souffert du manque d’eau.
Dans les régions bour, la situation est critique. Et dans les zones irriguées, les nappes phréatiques et les réserves des barrages ont fortement diminué. La saison est également sous l’effet d’une vague de chaleur dépassant la moyenne». La hausse des prix risque d’accentuer le phénomène de la fraude. Pour assurer un gain facile et profiter de la situation, certaines personnes malhonnêtes mélangent l’huile d’olive à d’autres produits à bas coûts pour dégager plus de marges bénéficiaires. «C’est un phénomène récurrent, qui risque de prendre de l’ampleur avec la hausse des prix. Nous avons alerté à ce sujet à maintes reprises. Les autorités concernées doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé des consommateurs», affirme Bouazza Kharrati, président de la Fédération des associations de protection des consommateurs au Maroc.