Hausse du taux directeur: peu d’impact sur la croissance économique

Hausse du taux directeur: peu d’impact sur la croissance économique

La hausse du taux directeur comme mesure appropriée pour contenir la surchauffe des prix ne fait pas l’unanimité auprès des économistes à l’échelle nationale.

 

Par M. Diao

Les poussées inflationnistes continuent de donner des sueurs froides aux Banques centrales, lesquelles s’attèlent à resserrer leur politique monétaire. Au Maroc, Bank Al-Maghrib n’est pas en reste. L’Institut d’émission a augmenté le taux directeur de 100 points de base (PBS) au cours des deux derniers conseils de l’année 2022. Cette progression en un laps de temps (3 mois) conforte indubitablement la lutte acharnée que mène BAM contre les pressions inflationnistes, néfastes à plusieurs égards pour le pouvoir d’achat des Marocains et l’épargne. Comparé au mois de novembre 2021, l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 8,3% au cours du mois de novembre 2022.

Cette progression significative de l’indicateur mesurant l’inflation au Maroc est la résultante de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 14,4% et de celui des produits non alimentaires de 4,5%. Pour rappel, la hausse du taux directeur comme mesure appropriée pour contenir la surchauffe des prix ne fait pas l’unanimité auprès des économistes à l’échelle nationale. Et ce, eu égard à l’origine des poussées inflationnistes, car l’inflation est importée au Maroc.

Dans le même ordre d’idées, de l’avis d’économistes réputés, la revue à la hausse du taux directeur permettrait de tirer les taux d’intérêts réels (actuellement négatifs) vers seuils positifs. A la question de savoir si la première hausse du taux directeur de 50 PBS à 2%, intervenue en septembre 2022, était susceptible d’impacter négativement la demande des crédits bancaires et in fine la croissance économique, les équipes des services du FMI en mission au Maroc (en novembre 2022) avaient répondu par la négative. Qu’en est-il de l’impact des hausses successives du taux directeur en septembre et décembre 2022 (de l’ordre de 100 PBS) à 2,5% sur la croissance économique, dont le taux devrait s’établir autour d’1% du PIB en 2022 et 3% du PIB en 2023 ? Les réponses apportées par l’économiste Omar Bakkou sont édifiantes à plus d’un titre.

 

Retour à la situation antérieure

«Les hausses du taux directeur n’affecteront pas fortement la croissance économique au Maroc. Il faut prendre cette donne comme un retour à la situation qui prévalait avant, avec un taux directeur qui oscillait entre 2 et 2,5%», argumente-t-il. Et d’expliquer : «Le trend haussier du taux directeur est susceptible d’affecter légèrement le coût des crédits bancaires, mais pas la quantité des crédits distribués. Et ce, du fait des taux d’intérêts réels négatifs».

L’autre explication avancée par notre interlocuteur est que les acquéreurs de logements, qui se projettent sur le long terme, ainsi que les entreprises, dont les décisions d’investissement se fondent sur une logique économique et d’opportunités, sont peu sensibles aux légères hausses des taux des crédits bancaires. Il convient également de garder à l’esprit que l’encours du crédit bancaire rapporté au PIB au Maroc, tourne autour de 85% en 2021 contre 100% dans certains pays présentant une économie trop dépendante des crédits bancaires. Ce qui n’est pas le cas du Royaume.

«L’un des principaux ressorts de la croissance économique au Maroc est la pluviométrie dont dépend l’agriculture, affichant une valeur ajoutée de 15%», soutient notre source. Omar Bakkou est formel  : au regard de l’actuel profil inflationniste, l’action sur le taux directeur a peu d’impact sur les prix. L’inflation affecte les prix de certains produits échangeables ou non échangeables. Selon lui, pour que la hausse du taux directeur puisse tirer à la baisse l’inflation, il faut qu’elle arrive à réduire la demande de la consommation globale de tous les produits. Une situation qui pousserait les fournisseurs des produits et services à baisser les prix. Au final, les hausses du taux directeur doivent être appréhendées comme un ajustement technique en faveur des taux d’intérêts réels largement négatifs. Cet ajustement technique est profitable à l’épargne.

 

 

 

 

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