Le Forum économique Maroc-France, qui a réuni près de 400 chefs d’entreprises de part et d’autre, a permis aux patronats des deux pays partenaires de réaffirmer leur ferme volonté de générer une croissance partagée et de s’inscrire dans une logique de complémentarité en Afrique.
Les preuves qui montrent la profondeur des relations et l’importance de la coopération entre le Maroc et la France sont nombreuses. Après son élection à l’issue des élections présidentielles françaises, Emmanuel Macron a effectué son premier déplacement en dehors de l’Union européenne au Maroc.
Les chiffres et d’autres éléments factuels confortent la densité des relations précitées. En effet, l’on dénombre près de 900 entreprises françaises (dont 30 du CAC 40) pourvoyeuses de plus de 100.000 emplois au Maroc. La France impliquée dans les projets structurants (LGV, tramway, Tanger Med) est le premier partenaire économique du Royaume. Près de 1,3 million de Marocains dont 37.000 étudiants vivent en France. Le Royaume séduit par ailleurs annuellement pas moins de 2 millions de touristes français.
Au-delà des chiffres éloquents, le Forum économique Maroc-France, rehaussé par la présence des chefs de gouvernement des deux Etats partenaires, qui s’est déroulé récemment à Skhirat en présence de 400 chefs d’entreprises de part et d’autre, était l’occasion de poser les jalons d’un partenariat renouvelé au service de la croissance et de l’emploi.
«Le passé nous unit mais l’avenir nous incite à nous mobiliser davantage», précise Edouard Philippe, Premier ministre Français. Les responsables des deux pays partenaires qui se sont succédé à la tribune, ont insisté sur l’intérêt de bâtir un nouveau partenariat entre le Maroc et la France.
Les jeunes, les TPE (start-up) et les PME auront un rôle crucial à jouer dans cette nouvelle configuration dictée par une croissance partagée. Notons tout de même que la France, appelée à augmenter ses investissements en Afrique (+75% au cours de la décennie à venir), compte devenir un acteur de référence dans le développement industriel du Royaume. La présence de Renault, PSA Citroën et celle de bien d’autres groupes matérialisent cette ambition. Par ailleurs, en 2016, même si l’on compte seulement 6 projets marocains en France, avec à la clef près de 200 emplois, les responsables français encouragent les investisseurs marocains à choisir l’Hexagone.
Une aubaine pour les investisseurs français
Saâd Eddine El Othmani, Chef du gouvernement, et Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, se sont employés à mettre en avant les multiples atouts du Maroc auprès des investisseurs français, conscients du potentiel de croissance que leur offre le Royaume, notamment dans les domaines de l’industrie, des énergies renouvelables, des nouvelles technologies et du transport.
Du reste, les chefs d’entreprises français perçoivent le Maroc comme une plateforme idoine pour le développement de leur business sur le continent. A ce titre, il y a lieu de rappeler que le Royaume qui a intégré récemment l’Union africaine et devrait rejoindre en décembre prochain la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), est le premier investisseur africain en Afrique devant l’Afrique du Sud. Le continent capte 2/3 des IDE marocains.
Cependant, lors des différents panels, les intervenants ont plaidé pour la mise en place d’une stratégie cohérente de la part des entreprises marocaines et françaises pour la conquête du marché africain qui abrite une concurrence âpre. En d’autres termes, bâtir des logiques de complémentarité et non de concurrence s’avère être nécessaire.
«L’alliance des entreprises françaises et marocaines pour s’arroger davantage de parts de marché sur le continent a un atout de taille, celui de disposer de banques bien implantées en Afrique», fait remarquer Mohamed El Kettani, président-Directeur général du groupe Attijariwafa bank. Et d’ajouter : «Les banques marocaines ont des actifs dans près de 30 pays africains».
L’intérêt accordé à l’Afrique lors du Forum est à relier à la grande marge de progression de celles-ci. Le continent qui transforme seulement 10% de ses matières premières, verra ses villes enrichies de 24 millions d’Africains sur les 25 prochaines années. Ce qui suppose dans le même temps la réalisation d’importants projets d’infrastructures dans plusieurs domaines (eau, assainissement, transport, électricité, etc.). ■
Part belle à la jeunesse
Miriem Bensalah-Chakroun, présidente de la CGEM, a porté la voix des entreprises et des jeunes. «L’avenir appartient aux jeunes et à la jeunesse», annonce-t-elle, tout en exhortant les gouvernements à faire preuve d’audience afin de relever les multiples défis qui se posent aux deux Etats et ceux inhérents à la coopération franco-marocaine.
Ce forum qui a été enrichi par la tenue de plusieurs ateliers thématiques, a débouché sur la signature d’une multitude de partenariats consistant entre autres, à aider le Maroc dans les domaines du financement dédié aux entreprises et du développement numérique.
Momar Diao