L’absence de systèmes de suivi et d’évaluation performants dans la plupart des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord constitue un handicap de taille pour l’amélioration de l’employabilité des jeunes et le suc-cès des politiques publiques en matière d’emploi et de formation professionnelle.
La problématique de l’employa-bilité se pose avec acuité en Afrique du Nord et dans certains pays du Moyen-Orient. En dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics au Maroc, le chômage endé-mique des jeunes citadins et celui des jeunes diplômés a beaucoup de mal à reculer. Sur le front de l’emploi, les pays de la région MENA partagent un défi commun, celui de l’adéquation entre l’offre de formation professionnelle et les besoins évolutifs du travail. Dans ce contexte, force est d’admettre que l’organisation de l’atelier régional portant sur le suivi et l’évaluation (S&E) des programmes d’emploi et de formation professionnelle à l’initiative de la Banque mondiale et ses partenaires, tombe à point nommé. La manifestation, qui s’est tenue récemment à Rabat en présence de décideurs et d’experts issus de huit pays de la région MENA, était l’occasion de mettre en relief le dispositif de suivi et d’évaluation des politiques publiques en matière d’emploi et de formation profes-sionnelle. Faudrait-il rappeler que le suivi et l’évaluation constituent deux outils primordiaux à même de garantir le suc-cès des politiques publiques. Du côté de la Banque mondiale, on estime qu’outre le fait que le secteur privé de la région MENA peine à assurer l’intégration pro-fessionnelle des jeunes, il est crucial de s’interroger sur la qualité et la pertinence des systèmes de formation, d’autant plus que ceux-ci approvisionnent le marché du travail en compétences. Cela dit, la question du suivi et de l’évaluation inter-pelle davantage le Maroc, qui s’est réso-lument tourné vers les nouveaux métiers à forte valeur ajoutée (aéronautique, électronique, automobile, pharmacie, etc.). Ces branches industrielles exigent la disponibilité de compétences pointues et bien formées, tâche à laquelle s’attèle l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) depuis quelques années maintenant. En effet, l’Office dirigé par Larbi Bencheikh, qui devrait former plus d’1,7 million de personnes à l’horizon 2020, est souvent pointé du doigt de mettre l’accent sur la quantité au détriment de la qualité. Compte tenu de ce qui précède, il est clair que la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation indépendant et rigoureux permettrait d’édifier l’opinion politique sur l’efficience des stratégies mises en place par l’Office.
Momar Diao