Fonds de développement rural : le cafouillage perdure

Fonds de développement rural : le cafouillage perdure

 

Le projet n’arrive toujours pas à passer à la vitesse supérieure du fait des contraintes au niveau du financement et du fonctionnement. Ces perturbations sont dues essentiellement à des divergences politiques.

 

 

Annoncé en grande pompe lors de la Loi des Finances 2016, le Fonds de développement rural et des montagnes (FDRM) n’est toujours pas opérationnel dans sa nouvelle mouture. Censé mettre à niveau les infrastructures et les équipements sociaux notamment dans les régions à l’horizon 2025, cet outil a, dès sa gestation, suscité une vive polémique. A cette date, une crise politique était née entre d'une part, Abdelilah Benkirane alors Chef de gouvernement et le PJD qui voulaient amender l’article 30 du PLF 2016 pour que le projet soit confié à la primature, et d'autre part, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Finalement, le bras de fer a été remporté par ce dernier qui supervisera seul le méga chantier. Il n’a pas tardé à mandater un cabinet spécialisé pour concevoir les détails techniques du FDRM du fait qu’il concerne plusieurs ministères et organismes publics. Ce fonds est doté d’une enveloppe de 55 Mds de DH, répartis sur six ans.

A ce jour, le projet n’arrive pas à atteindre sa vitesse de croisière à cause des divergences politiques ayant trait au volet financement. «Pour alimenter le Fonds de développement rural, il nous a été demandé de renoncer à 40% des budgets des régions. Moi, personnellement, j’ai trouvé cela inadmissible. Certes, les zones rurales ont besoin de beaucoup d’argent pour assurer leur développement, mais les régions ont, elles aussi, besoin de moyens pour honorer leurs engagements», souligne un président de région sous couvert d’anonymat.

Plus de 40% de la population marocaine vivent dans le monde rural. Les différentes régions du pays accusent des lacunes et des déficits à plusieurs niveaux, notamment les infrastructures de base et le développement humain.

«Il faut préciser que le Fonds de développement rural a toujours existé. Il avait pour mission de soutenir les campagnes en cas de mauvaises récoltes. Il fonctionnait avec un budget annuel ne dépassant pas les 3 milliards de DH. Depuis deux ans, il a été reformulé avec de nouveaux moyens et objectifs. Il est confronté à deux contraintes. La première a trait à son financement qui est colossal, et la deuxième concerne son modèle de fonctionnement du fait qu’il fait appel à plusieurs acteurs», souligne Mohamed Amrani, professeur universitaire. ■

 


Un département dédié pour piloter les projets

Avec le gouvernement El Othmani, le développement rural n’est plus supervisé par une direction relevant du ministère de l’Agriculture, mais par un secrétariat d’Etat doté de plus de prérogatives et d'un budget dédié. Les commandes ont été confiées à Hammou Ouhelli, ancien membre du gouvernement Youssoufi sous les couleurs du Front des forces démocratiques (FFD), et actuellement nommé sous l’étiquette du Mouvement populaire (MP). Sa principale mission consiste à piloter la réalisation du FDRM. Devant avoir l’expérience du terrain, le nouveau département devrait présenter au gouvernement des propositions pour l’amélioration des textes législatifs et réglementaires à même de remédier aux dysfonctionnements qui perturbent le développement du monde rural. L’institution devrait être non seulement un organe d’exécution, mais aussi de réflexion pour trouver les meilleures pistes et solutions à lancer.

 

Par C. jaidani

 

 

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