Flambée des cours du pétrole : forte crainte d’une tension sur les prix domestiques

Flambée des cours du pétrole: forte crainte d’une tension sur les prix domestiques

Pour le gasoil, 10 DH le litre est un seuil d’alerte pour les transporteurs.

Plusieurs secteurs d’activité seront impactés par cette hausse.

 

Par C. Jaidani

 

Depuis le démarrage de la reprise économique, les prix du pétrole s’inscrivent dans un trend haussier. Il y a quelques jours, les cours ont atteint 80 dollars/baril, soit un plus haut depuis octobre 2018. Ce mouvement croissant s’explique par la forte demande, sous l’effet de la croissance mondiale.

De l’avis de plusieurs analystes du secteur, cette tendance devrait se poursuivre au moins pour le reste de l’année. Le seuil fatidique de 100 dollars/baril n’est pas à écarter. Les tensions géostratégiques dans plusieurs contrées du monde risquent d’accentuer davantage cette flambée. Ce rebond des cours se répercute directement sur les prix des carburants. Le Maroc, qui importe la quasi-totalité de ses besoins à l’international, devrait subir de plein fouet ce renchérissement. Pour le moment, les prix du carburant, notamment le diesel, produit le plus consommé avec une part dépassant les 50%, sont dans une fourchette tolérable pour les consommateurs. Ainsi, le prix de l’essence est à moins de 11,50 DH/litre et celui du diesel à 9,50 DH/litre.

Pour ce dernier, la barre symbolique de 10 DH/litre peut générer une grogne chez les professionnels, notamment les transporteurs. Il est utile de rappeler qu’à chaque fois que les prix atteignent ce niveau, les syndicats et les représentants de l’activité montent au créneau pour manifester leur mécontentement et demander réparation du préjudice subi.

 

Qu’en est-il du gaz naturel ?
Les prix du gaz naturel s’orientent vers des tendances haussières très soutenues et plus accentuées que celles du pétrole. Selon les données de la Banque mondiale, le million de BTU (unité de mesure de référence du gaz naturel) est passé aux États-Unis de 2,56 dollars en mars 2021 à 4,05 dollars en août dernier, soit une croissance de 60% en l’espace de quelques mois seulement. L’augmentation est encore plus spectaculaire en Europe  : les cours y ont, en effet, progressé de plus de 150% au cours de la même période ! Le Maroc dépend du gaz pour la production de l’électricité et aussi pour l’usage domestique des ménages. Dans les deux cas de figure, les prix à la consommation sont strictement réglementés. Cela devrait peser lourdement sur le prix de production pour l’ONEE, principal producteur d’électricité, et sur la caisse de compensation.

 

«Nous avons été fortement impactés par les restrictions sanitaires, qui ont réduit sensiblement notre activité. Le couvre-feu et la crise économique ont eu un effet négatif sur le pouvoir d’achat des citoyens», indique Mohamed Harak, secrétaire général du syndicat des grands taxis du grand Casablanca, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT). En effet, le transport est un secteur névralgique de l’économie nationale. Les restrictions sur les déplacements, notamment intervilles, ont impacté plusieurs branches d’activité, que ce soit pour permettre à la main-d’œuvre de regagner son lieu de travail ou pour la distribution des marchandises.

«Les frais de carburant représentent pas moins de 60% de nos charges d’exploitation. Chaque augmentation est automatiquement répercutée sur notre revenu. Nous sollicitons une intervention urgente des autorités pour soutenir notre activité. Nous avons fait preuve de solidarité lors de la crise et, contrairement à d’autres secteurs, nous n’avons reçu aucune forme de soutien, même si notre secteur a été pénalisé. Cette situation ne peut durer; nous voulons que les responsables entament des discussons avec nous pour trouver une solution», souligne Harak.

Les professionnels du secteur seront amenés à observer des mouvements de protestation pour faire valoir leurs revendications, notamment la hausse de la tarification ou l’établissement de mesures de compensation. Du coup, la hausse des prix du transport devrait se répercuter sur les prix à la consommation. 

 

 

 

 


 

 

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