Les dépenses de santé ne représentent que 5,5% du budget général de l’Etat.
Or, la hausse des coûts des soins et l’allongement de la durée de vie, sont autant de facteurs qui pèsent sur le financement du système de santé.
La question du financement de la santé préoccupe aussi bien les Etats développés que les pays en voie de développement. La rareté des ressources publiques, qui se traduit par des restrictions budgétaires, la hausse des coûts des soins et l’allongement de la durée de vie, sont autant de facteurs qui pèsent sur le financement des systèmes de santé censés garantir l’accès facile des populations aux soins médicaux.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, près de 100 millions de personnes sombrent dans la pauvreté suite aux dépenses de santé. Ce qui remet en selle la question de la généralisation de la couverture médicale, notamment dans les pays moins développés.
A l’évidence, certains indicateurs nationaux montrent que le Maroc, dont le financement du système de santé est encore largement dépendant du paiement direct, a encore du chemin à faire en la matière.
A titre illustratif, l’on dénombre seulement 7 médecins pour 10.000 habitants et 9 infirmiers pour le même nombre d’habitants. Il va sans dire que l’amélioration de l’offre de soins nécessite un investissement plus conséquent dans le domaine de la santé.
Or, les dépenses de santé ne représentent que 5,5% du budget général de l’Etat, alors que l’OMS recommande, notamment pour les pays émergents de porter ce chiffre à 15%.
C’est dans ce contexte que la Société marocaine de l’économie des produits de la santé (SMEPS) a organisé récemment le 6ème Congrès national de pharmaco-économie et pharmaco-épidémiologie placé sous le thème : «Quelles pistes de financement de la santé pour
demain ?». Cette rencontre qui a mis en exergue plusieurs expériences, pour ne citer que celle de la France, en matière de financement, a été une occasion pour le représentant de Hicham Nejmi, secrétaire général du ministère de la Santé, de rappeler que la question du financement et de la gouvernance est au cœur du Plan santé 2025.
La généralisation de la couverture médicale à l’horizon 2020
Pour l’heure, la couverture concerne 62% de la population marocaine et avec la généralisation du Ramed, l’Etat table sur l’extension de la couverture médicale à quasiment l’ensemble de la population à l’horizon 2020. Ce qui devrait réduire la prédominance des paiements directs.
«Notre département est pénalisé par le fait que 67,2% de ses dépenses ont trait au paiement des salaires. Ce qui laisse peu de marge pour investir ailleurs», fait-on remarquer du côté de la tutelle qui présente l’imposition sur l’alcool, le tabac et les boissons sucrées comme une source de financement additionnelle et innovante.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à en croire le représentant du SG du ministère de la Santé, depuis 2009, le budget du Département de la Santé n’est pas corrélé à la hausse du budget général de l’Etat (BGE). D’où la nécessité pour l’Etat de relever l’enveloppe budgétaire consacrée à ce secteur névralgique.
«Un investissement conséquent dans le domaine de la santé permettra au Maroc, pays en transition épidémiologique, d’allonger la vie des gens en âge de travailler, tout en réduisant la mortalité infantile», fait remarquer Eric Baseilhac, directeur des Affaires économiques et internationales des entreprises du médicament de France (LEEM), qui a exposé les nouvelles pistes de financement des médicaments innovants, tout en insistant sur l’importance de dégager des économies pour financer l’innovation.
L’innovation, gage d’efficience du système de santé
«En matière de santé, tous les pays doivent faire le pari d’investir dans l’innovation, pourvoyeuse d’efficience du système de santé. En modifiant le parcours des patients, certains traitements innovants permettent de réduire les coûts de prise en charge», soutient Eric Baseilhac. «Dans certains cas, le coût global du traitement du cancer par des médicaments innovants et des processus nouveaux a baissé de l’ordre de 10 à 15%», précise-t-il.
D’après l’expert, qui alerte sur l’obsession du nivellement des prix des médicaments vers le bas, l’adaptation des cadres législatifs prenant en compte la temporalité longue des investissements pour le développement des médicaments et l’instauration d’une logique de concertation permanente entre le public et les investisseurs, sont autant de facteurs à même de générer des ressources financières pour le financement des médicaments innovants. De même, la digitalisation des parcours de soins et la bonne utilisation des médicaments grâce à la prescription adéquate permettent de dégager des économies substantielles, utiles au financement de la recherche et développement.
Par M. Diao