Selon l’ISO, la filière sucrière marocaine est un cas d’école, qui devrait être dupliqué dans toute l’Afrique. Forte mobilisation de tous les acteurs sucriers nationaux et internationaux à la 2ème édition de la CIS.
Contrairement à la tendance mondiale du marché du sucre qui a accusé un déficit au terme de la campagne 2015-2016, le Maroc a pu tirer son épingle du jeu en enregistrant une croissance de 19% de la production, malgré une année agricole difficile. Cette performance, due principalement aux efforts déployés par tous les maillons de la chaîne sucrière durant ces dernières années, fait du modèle marocain un cas d’école à suivre, notamment par les autres pays du continent. Ce constat a été partagé par les professionnels nationaux et internationaux qui ont pris part à la 2ème édition de la Conférence internationale du sucre (CIS), organisée par l’Association professionnelle sucrière marocaine (APS), en partenariat avec l’Organisation internationale du sucre (ISO), sous le thème «Une filière africaine intégrée et compétitive : rêve ou réalité ?». A travers cette rencontre biennale à laquelle ont participé plus de 500 acteurs du secteur sucrier venus de 50 pays, le Maroc cherche à partager l’expertise acquise dans ce domaine afin d’aider les autres pays à mettre en place une stratégie sucrière pour surmonter les contraintes de la filière et relever les défis en Afrique. «L’ISO croit que le modèle marocain, basé sur l’efficacité du champ à l’usine, doit être dupliqué dans tous les pays africains. Chaque année, nous sommes impressionnés par le niveau d’efficacité atteint par la filière marocaine du sucre et qui se ressent dans le rendement qui augmente d’année en année», a souligné José Orive, directeur exécutif de l’Organisation internationale de sucre. Grace aux avancées accomplies dans ce domaine, qui ont nécessité un investissement de 7,5 Mds de DH pour la mise à niveau de tout l’écosystème, 2016 a été une année exceptionnelle, avec des résultats remarquables en termes de rendement. En effet, les résultats de la campagne ont permis de couvrir 50% des besoins nationaux, comme l’a expliqué Mohammed Fikrat, président de l’APS, en marge de cette conférence. Mais pas seulement, puisque parallèlement et grâce à une offre qualitative et compétitive, le groupe Cosumar a pu renforcer son activité export en utilisant sa capacité de sucre blanc excédentaire. Le groupe répond ainsi à une offre africaine en augmentation permanente et contribue par la même occasion à garantir la sécurité alimentaire aussi bien au Maroc qu’en Afrique. Car, rappelons-le, le continent, malgré un fort potentiel de production, est déficitaire d’environ 8,4 millions de tonnes, et présente un taux d’autosuffisance qui ne cesse de se détériorer, passant de 61% en 2014 à 55% en 2015, selon les chiffres de l’ISO. Du coup, plusieurs pays africains sont contraints d’importer du sucre pour répondre à tout ou partie de leurs besoins qui sont en perpétuelle augmentation. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque la production sucrière africaine représente 10,3 millions de tonnes, soit 6% de la production mondiale, alors que les besoins en sucre du continent s’élèvent à 18 millions de tonnes. «Il y a une forte volonté des gouvernements africains pour développer le secteur sucrier, mais ils sont confrontés à plusieurs contraintes, notamment financières, étant donné que les investissements dans ce domaine sont très lourds et demandent une forte mobilisation de tous les intervenants : pouvoirs publics, opérateurs et secteur bancaire», a expliqué Mohammed Fikrat. A cause de ces contraintes, l’Afrique est loin du compte en termes d’offre et de demande, d’où la nécessité de mettre en place une filière sucrière africaine intégrée, compétitive et bénéfique pour le développement socioéconomique de tout le continent.
Par L. Boumahrou