Le deuxième contrat-programme signé entre l’Etat et la profession prévoit l’augmentation du rendement par hectare. 5 Mds de DH d’investissement seront mobilisés à l’horizon 2020. Le Maroc veut améliorer son autosuffisance pour ce produit de base fortement consommé par les citoyens.
La filière sucrière est une activité où l’agrégation a donné des résultats qui dépassent nettement les attentes. Le contratprogramme 2008-2013 a permis à cette branche d’améliorer sa production et de hisser le niveau de sécurité alimentaire d’un produit de base comme le sucre fortement utilisé par les Marocains (soit une consommation par habitant et par an estimée à 37 kg, alors que la moyenne mondiale est de 20 kg). Au niveau de la superficie, 80.000 ha sont dédiés à cette culture dont 60.000 pour la betterave et 20.000 pour la canne à sucre.
Le rendement à l’hectare a, lui aussi évolué, passant de 7,8 tonnes, en 2006, à 9,5 tonnes en 2014, soit une croissance de 21,8%.
La filière a permis une bonne intégration de l’amont à l'aval, puisque 80.000 exploitants y sont concernés et répartis sur plusieurs périmètres irrigués à travers le Royaume notamment à Doukkala, El Gharb, ou Tadla.
Le développement de la filière a également rendu possible la généralisation de l’utilisation de la semence monogerme à hauteur de 94%, le développement de la mécanisation des semis à plus de 87% et celui de la mécanisation de la récolte de l’ordre de 13% pour la betterave à sucre et 37% pour la canne à sucre. De plus, avec une production moyenne de 3 millions de tonnes de betteraves et de 1 million de tonnes de canne à sucre, ainsi que deux millions de journées de travail par an, la filière sucrière joue un rôle important dans le développement économique et social du
pays. Témoin du dynamisme de cette filière, un 2ème contratprogramme a été signé entre le gouvernement et l’interprofession dans le but d’améliorer la couverture des besoins nationaux.
Il devrait concerner la période 2014-2020, mobilisant 5 Mds de DH d’investissement. Il est question de couvrir les besoins nationaux à hauteur de 62%. Afin d’y parvenir, l’objectif est de passer à un rendement de 64 tonnes/ha pour la betterave, et de 80 t/ha pour la canne à sucre.
Pour soutenir la filière, le gouvernement a décidé d’accorder une subvention de 250 MDH. À préciser que la mécanisation des semis a atteint 77% des superficies et que l’aspect industriel a été pris en compte avec l’investissement engagé par Cosumar de près de 5 milliards de DH. Cet investissement a permis de porter la capacité de traitement des sucreries à 4 millions de tonnes, annuellement. «Ces dernières années, nous avons investi près de 5,5 Mds de DH, cela nous donne une capacité de 1,6 million de tonnes.
Cosumar est l’un des agrégateurs les plus importants. Nous travaillons avec 80.000 exploitants dont la majorité possède de petites parcelles de moins de 3 hectares. Dans le cadre de cette relation, nous élaborons plusieurs plans d’action et d’accompagnement de ces fellahs pour qu’ils améliorent leur rendement et, bien entendu, leurs revenus. Cela passe par la modernisation de leurs activité», explique Mohamed Fikrat, président de Cosumar.
Le groupe détient depuis 2005, un monopole de fait sur l’industrie sucrière après la privatisation de plusieurs raffineries publiques en 2005.
L´objectif de la filière est de développer la capacité du secteur sucrier marocain à produire et à commercialiser des produits de qualité, à des prix
compétitifs et accessibles aux consommateurs. Au niveau industriel, le contratprogramme prévoit d’atteindre une augmentation des capacités
effectives de traitement des sucreries de 20.000 t/j pour atteindre un volume de 62.500 t/j à l’horizon 2020.
Les importations de sucre du Maroc pèsent lourdement sur la balance commerciale. Le pays est dépendant de la fluctuation des prix à l’international. Même si importer le sucre en termes de coûts est plus rentable que de le produire localement, le Maroc a tout intérêt à améliorer son autosuffisance en sucre. En effet, pendant de longues années, les cours du sucre brut sont restés inférieurs à 300 dollars la tonne soit moins
de 2.500 DH. Dans le même temps, le sucre produit à partir de la betterave et de la canne à sucre locales, présentait un coût de l’ordre de 4.700 DH la tonne. C’est d’ailleurs ce qui avait servi de base à la fixation d’un prix cible à l’importation. Ainsi, pendant toute cette période, les importations de sucre brut donnaient lieu au paiement d’un complément correspondant au différentiel entre le prix cible et le coût d’achat du sucre brut. L’écart pouvait atteindre, par moments, plus de 2.000 DH, représentant la subvention accordée en retour aux raffineurs et importateurs de sucre blanc.
Charaf Jaidani