Exportations: la diversification des débouchés, un défi à relever

Exportations: la diversification des débouchés, un défi à relever

Les produits marocains restent fortement dépendants du marché européen. L’ALE avec les Etats-Unis n’a pas donné les effets escomptés.

 

Par C. Jaidani

Le Maroc réalise 60% de ses échanges extérieurs avec l’Union européenne. 13% de ces échanges sont de type agricole, avec une valeur culminant à plus de 2,6 milliards d’euros. Au cours de la dernière décennie, ils ont plus que doublé et tout laisse présager qu’ils devraient maintenir leur rythme de croissance dans les années à venir, d’autant que les deux parties sont liées par un accord d’association. Outre l’UE, la Russie est aussi un grand client des produits marocains, notamment les agrumes.

L’embargo sur ce pays suite à la guerre en Ukraine a réduit sensiblement les exportations des produits agricoles. Le Maroc a réalisé d’importants efforts pour pénétrer ce marché fort de plus de 143 millions d’habitants. Si le conflit persiste, les exportateurs marocains devront trouver des alternatives pour écouler leurs produits. D’où l’intérêt donc du Royaume de diversifier ses débouchés à l’étranger pour ne pas être à la merci des changements géostatiques dans le monde.

«Tous les gouvernements qui se sont succédé jusqu’alors étaient conscients de cette situation. Il est primordial de consolider ses liens avec l’Union européenne tout en cherchant de nouveaux marchés. C’est dans ce cadre que le Maroc a conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Entré en application en 2006, cet accord est bien loin d'être à la hauteur des espérances suscitées lors de sa signature. Les exportations marocaines totalisent moins de 17% des échanges entre les deux partenaires, soit 400 millions de dollars sur un total de 3 milliards de dollars», souligne Mohamed Amrani, économiste et professeur universitaire.

«Avec plus de 332 millions d’habitants, le marché américain est très important pour les produits agricoles marocains et pourrait réduire largement la dépendance vis-àvis de l’UE. Malheureusement, les opérateurs marocains ne prennent pas de risque et ont une culture majoritairement européenne», ajoute Amrani. De plus, les exportateurs sont confrontés à une réglementation américaine rigoureuse (conformité aux exigences du marché) et à un manque de ressources humaines anglophones. Autres freins majeurs au développement des exportations du Maroc outre-Atlantique, un appareil productif national sous-dimensionné pour les gros volumes et des coûts logistiques très élevés vers les Etats-Unis.

«Pour pénétrer ce marché, il est primordial de répondre aux exigences des donneurs d’ordre, que ce soit en volume ou en qualité des produits. Le regroupement des exploitants sous forme de consortiums peut permettre de bien négocier avec les clients, de répondre aux normes et aussi à la demande. Pour qu’il soit efficace, ce genre de groupements doit bénéficier d’un encadrement et d’un soutien de la part de l’Etat à différents niveaux, notamment technique et juridique», explique Amrani. Qui précise que le Maroc doit chercher de nouveaux débouchés pour ses produits agricoles, notamment avec les régions avec qui il entretient des relations politiques normales et où les connexions maritimes sont plus accessibles.

«L’Afrique et les pays arabes sont des niches intéressantes pour les produits marocains, d’autant que les normes réglementaires ne sont pas aussi exigeantes par rapport à celles de l’UE ou des EtatsUnis. Depuis la sécurisation du passage El Guerguarate, les exportations vers la première destination ont nettement augmenté, même si des contraintes de sécurité et de logistique perturbent leur développement. Pour la seconde destination, il est utile de capitaliser sur les relations bilatérales, notamment avec les pays du Golfe, pour augmenter les échanges», conclut Amrani.

D’autres marchés peuvent être dans le viseur des exportateurs, précisément les pays asiatiques et l’Australie. Ces niches sont quelque peu compliquées pour les opérateurs, mais à long terme, elles présentent des perspectives d’avenir prometteuses. Par exemple, l’huile d’olive était peu connue dans le marché chinois. Actuellement, sa demande enregistre une croissance rapide.

 

 

 

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