Entretien : «Le Sud est vu comme un partenaire égal»

Entretien : «Le Sud est vu comme un partenaire égal»

GrossLe projet de l’Union pour la Méditerranée est relativement freiné à cause des problèmes politiques et d’une hétérogénéité entre les pays.

Bernardino Leon Gross, représentant spécial de l’Union européenne pour la région de la Méditerranée du Sud, estime que la démocratie sera la clé de réussite de l’Afrique à l’horizon 2050/2060.

- Finances News Hebdo : Dans ce nouvel ordre mondial, le partenariat Sud-Sud est de plus en plus mis en avant. Quel regard portent les pays du Nord sur cette coopération ?

- Bernardino Leon Gross  : Fondamental, le Nord n’est pas en mesure de donner des leçons ni de parler de supériorité morale ou politique. La politique étrangère européenne voit le Sud comme  un partenaire égal. Je pense que cet élan de la démocratie montre que le dynamisme du Sud peut, en l’occurrence, donner des leçons au Nord.

Ceci dit, l’intégration économique  Sud-Sud est nécessaire pour le développement des économies et du commerce, mais aussi l’intégration régionale est essentielle pour passer du statu quo vers une stabilité et vers une vraie coopération politique  qui, jusqu’à aujourd’hui, ne s’applique pas pleinement au Sud.

L’autre point important en ce moment de révolution démocratique est de faire de la démocratie le système général des pays du Sud. Il est vrai que des pays comme le Maroc, l’Egypte, la Tunisie, la Jordane…, ont engagé des réformes, ce qui n’est malheureusement pas le cas d’autres pays du Sud. Il faut que cette intégration soit un véhicule pour faire de la démocratie une règle générale.

 

- F. N. H. : Vous avez précisé que le processus de l’Union pour la Méditerrané connaît un ralentissement. Comment expliquez-vous ce constat ?

- Y. A. : L’Union pour la Méditerrané reste un projet très important. Aussi bien le secrétaire général de l'Union  pour la Méditerranée, Fathallah Sijilmassi, que son prédécesseur, ont fait un travail magnifique ainsi que les Etats membres de l’Union européenne et quelques pays du Sud qui travaillent beaucoup sur le processus. En revanche, il y a des problèmes politiques et une certaine hétérogénéité qui a bloqué, à un certain niveau, cette Union. Actuellement, cette hétérogénéité augmente et il est indispensable de tenir compte de cette situation et de faire un effort de générosité pour appuyer le projet au maximum.

 

- F. N. H. : La croissance économique du continent africain est aujourd’hui au centre des polémiques. Estimez-vous que l’Afrique puisse décrocher son ticket pour devenir le continent du XXIème siècle ?

- Y. A. : L’Afrique reste un grand continent qui témoigne actuellement d’une vague de révolutions politiques au Nord de l’Afrique et qui devraient continuer vers les pays de l’Afrique centrale. Certains pays du Sud de l’Afrique sont des protagonistes de changements démocratiques et économiques très importants. Il faudra développer le processus d’intégration  régionale et travailler davantage sur certains éléments qui freinent, comme la corruption. Il faudra également travailler avec la communauté internationale. Je pense que l’Europe, les Etats-Unis et le reste des pays de la communauté internationale ont une responsabilité pour appuyer la transformation de l’Afrique.

Je dirais que je porte beaucoup d’espoir sur l’Afrique et je suis persuadé qu’ à l’horizon 2050/2060, on verra une Afrique très performante.

 

Dossier réalisé par  L. Boumahrou


 


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