Entretien avec Massimo Baggi, ambassadeur de Suisse à Rabat.
La Suisse, invitée d’honneur du SIAM 2019, soutient les exploitants agricoles des régions du Souss et de l’Oriental dans l’amélioration de la chaîne de valeur.
Il existe des synergies entre les deux pays pour le développement des régions montagneuses.
Finances News Hebdo: La Suisse sera l’invitée d’honneur du SIAM. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Massimo Baggi : Notre participation au SIAM en tant qu’invité d’honneur nous permettra de mettre en évidence ce que nous faisons déjà au Maroc dans le domaine agricole, notamment par le bais de notre coopération, et de montrer aussi ce que fait notre secteur privé à travers la Chambre de commerce et les entreprises suisses qui sont établies dans le Royaume.
Nous travaillons pour sensibiliser d’autres entreprises pour participer à cet événement afin de découvrir ce pays et ce marché. Notre présence au SIAM permettra aussi de mettre en valeur notre savoir-faire au niveau des technologies dans l’agriculture, la digitalisation ou la valeur ajoutée dans les produits transformés.
F.N.H. : Qu’en est-il de votre participation au niveau des conférences lors du salon ?
M. B. : En prenant en considération la thématique du SIAM, nous allons animer des conférences sur des sujets bien ciblés avec la participation d’experts, de spécialistes ou de professionnels confirmés dans leurs domaines.
F.N.H. : Comment se décline la coopération maroco-suisse ?
M. B. : Depuis 2004, nous avons un programme de coopération avec le Maroc, qui a commencé avec la gestion des risques naturels. Nous ciblons beaucoup le domaine économique et la migration.
Au niveau de l’agriculture, nous travaillons dans la perspective de créer des emplois et de durabilité. Nous soutenons surtout les exploitants dans l’amélioration de toute la chaîne de valeur de certains produits typiquement locaux, comme l’huile d’argan et les figues de barbarie dans la région d’Agadir. Cela leur permettra de développer leur capacité à l’export avec une forte valeur ajoutée.
Dans l’Oriental, nous accompagnons les agriculteurs en leur prodiguant des conseils à tous les niveaux. Depuis la production et la récolte jusqu’à la commercialisation en développant la certification pour avoir une forte reconnaissance à l’international. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture marocain notamment l’Agence de développement agricole (ADA). A travers ces organismes, nous soutenons les associations et des coopératives.
F.N.H. : La Suisse jouit d’un grand savoir-faire en matière d’économie de montagne. Qu’est-ce qu’elle peut proposer au Maroc à ce sujet ?
M. B. : Il existe un partenariat pour le développement des régions montagneuses. C’est un instrument des Nations unies auquel le Maroc et la Suisse sont inscrits. C’est à ce niveau qu’on trouve le plus de synergies institutionnelles qui nous permettent de partager nos politiques dans ce domaine et répondre aux spécificités et à l’environnement de ces régions.
F.N.H. : Que peut proposer la Suisse au niveau de l’agriculture durable ?
M. B. : Nous avons scellé un partenariat avec le Maroc dans le domaine de l’énergie solaire. Il existe des entreprises qui souhaitent lancer des projets dans le Royaume. C’est un domaine prometteur qui séduit les investisseurs. Par exemple, Eléphant Vert est une entreprise suisse spécialisée dans les intrants biologiques, qui participe régulièrement au SIAM.
F.N.H. : Qu’en est-il de la coopération en matière de recherche et développement ?
M. B. : Le gros de la R&D en Suisse se fait par le secteur privé qui est soutenu par le biais de l’enseignement universitaire. Nous avons deux écoles polytechniques qui font beaucoup de recherches fondamentales. Au Maroc, c’est la même chose, les filiales des entreprises suisses implantées dans le pays réalisent des produits innovants. Une entreprise suisse à Agadir développe de nouvelles semences destinées essentiellement à l’export.
F.N.H. : Dans quelle mesure le Maroc peut-il intéresser les investisseurs suisses ?
M. B. : Depuis 2016, la Suisse est le septième investisseur étranger au Maroc. C’est énorme si l’on tient en considération le nombre d’habitants de notre pays. Elle dépasse l’Allemagne par exemple et d’autres grands pays. L’essentiel des projets se fait au niveau de l’agroalimentaire comme c’est le cas du groupe Nestlé, qui dispose d’une usine à El Jadida. Ces investissements ont un effet sur l’export, la balance des payements et la balance commerciale. ◆
Propos recueillis par C. Jaidani