Entretien : «La BERD compte doubler son activité au Maroc en 2015»

Entretien : «La BERD compte doubler son activité au Maroc en 2015»

Laurent ChabrierLa Banque européenne pour la reconstruction et le développement va investir 400 millions d’euros au Maroc en 2015. Il existe une convergence entre les axes de développement prioritaires du Maroc et la nature des projets financés par la BERD. 

Laurent Chabrier, directeur de la BERD pour le Maroc, fait le point sur la coopération entre le Royaume et l’établissement bancaire.

Finances News Hebdo : Quel est l'intérêt que la BERD accorde au Maroc, membre fondateur de votre institution ? Et quelle est la profondeur de ce partenariat ?

Laurent Chabrier :  Il est en effet essentiel de rappeler que le Maroc est membre fondateur, et donc actionnaire de la BERD, depuis la date de création de l’institution en 1991. Cette présence active dans le capital de notre Banque a permis de poser les bases de notre déploiement au Royaume. Ce dernier est certes intervenu beaucoup plus tard, en l’occurrence presque 20 ans plus tard ; mais il est le fruit d’une décision mûrement réfléchie des autorités marocaines. Les outils de financement et d’assistance technique développés par la BERD, et en particulier en Turquie où nous intervenons depuis 2009, ont été perçus comme tout à fait adaptés aux enjeux et aux attentes exprimés par la population, depuis 2011. Nous pouvons ainsi dire que l’intervention de la BERD au Maroc est le résultat d’un partenariat bâti sur le long terme, même si nous n’investissons que depuis 2012.

F.N.H. : Existe-t-il une convergence entre la nature des projets financés par la BERD dans la région et les axes prioritaires de développement du Maroc ? 

L. Ch. : Tout à fait. Nous intervenons dans le cadre d’une stratégie pays qui a été développée conjointement avec les autorités marocaines et formellement adoptée en février dernier. Ce document, qui suit les axes stratégiques du gouvernement, est disponible sur notre site web (www.ebrd.com). 

F.N.H. : Jusque-là, la BERD a financé près de 18 projets au Maroc pour un total de 483 millions d'euros. Quels sont les critères qui président au choix de la BERD de financer tel ou tel projet dans le pays ? Ce montant d'investissement est-il appelé à croître ? Si oui, de quel ordre au cours des années à venir ? 

L. Ch. : Nous préférons présenter nos projets en deux catégories. Ceux qui correspondent à un investissement direct dans une banque, ou une société, sous forme de dette ou de prêt, et les lignes de crédit qui, par essence, sont déboursées et repayées au fil du temps, et dont l’encours ne cesse de varier. Adoptant cette présentation, nous avons, depuis septembre 2012, date de début de notre intervention au Maroc, investi environ 400 millions d’euros dans 14 projets, auxquels il faut ajouter environ 150 millions de dollars dans quatre lignes de facilitation à l’exportation.

F.N.H. : Près de 135 PME locales bénéficient de l'assistance technique de la BERD. Pourquoi votre institution a fait le choix d'accompagner les PME marocaines ? Quel est l'objectif recherché ? 

L. Ch. : L’objectif est multiple. Il consiste, d’une part, à accompagner les sociétés marocaines en amont, c’est-à-dire, avant la mise en place de leur financement. Nous les aidons ainsi, par exemple, à bâtir un businessplan ou à préparer leur dossier de financement sous forme chiffrée. Ces aspects sont tous indispensables pour solliciter un crédit auprès de la BERD, mais aussi auprès de toute autre banque. Nous accompagnons aussi les sociétés après leur investissement dans la création de valeur. Il peut s’agir là, par exemple, de processus industriels pour lesquels nous solliciterons des experts internationaux dans leur métier (ingénieurs ou techniciens), pour aider l’entreprise dans l’amélioration de ses processus de fabrication, visant en particulier le renforcement de sa compétitivité. Si nous sollicitons de nombreux experts internationaux, nous travaillons aussi en parallèle sur l’établissement d’un marché de la consultance au Maroc, en aidant les sociétés de consultants marocaines à structurer leur offre de services et répondre aux exigences de leurs clients. 

F.N.H. : Enfin, en tant qu'institution financière, quels sont vos ambitions et objectifs au Maroc ? 

L. Ch. : Nous avons l’ambition de doubler cette année notre volume d’activité, c’est-à-dire investir plus de 400 millions d’euros cette année.

 

Propos recueillis par M. Diao

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