La dépréciation de la Livre égyptienne et la forte demande des produits du segment B sont autant de facteurs bénéfiques aux entreprises marocaines évoluant dans la fabrication des téléphones mobiles, des tablettes et des ordinateurs portables.
Rachid Mandar, responsable export de la marque marocaine Accent, revient, entre autres, sur les multiples avantages qu’offre le marché égyptien des TIC et le précieux soutien de Maroc Export pour la marque qu’il représente.
Finances News Hebdo : Quel bilan d’étape tirez-vous de cette mission de prospection en Egypte ?
Rachid Mandar : Le bilan de cette mission est plutôt positif. Nous sommes venus dans ce pays au bon moment, lequel coïncide avec la libéralisation de la Livre égyptienne. Cette dernière s’est beaucoup dépréciée ces dernières semaines. Cette conjoncture nous est favorable car les distributeurs locaux de téléphones mobiles se tournent vers les marques du segment B à l’instar d’Accent. La dépréciation de la monnaie égyptienne par rapport au Dollar a pour conséquence la hausse substantielle des prix des marques de gamme supérieure (Iphone,Samsung). D’ailleurs, les distributeurs locaux pointent du doigt la cherté des marques premium, dont certains produits affichent une hausse de 40, voire 50%. Le consommateur égyptien est actuellement davantage disposé à payer des prix raisonnables pour un téléphone mobile ou une tablette par exemple. Concernant notre créneau, il y a beaucoup à faire en Egypte. Nous avons pu susciter l’intérêt de deux grands distributeurs. Dans les jours à venir, il sera question de procéder à la sélection pour en retenir un seul.
F.N.H. : En tant que fabriquant, comment comptez-vous faire face à la concurrence, sachant que le marché égyptien présente tout de même une offre abondante en termes d’ordinateurs portables, de téléphones mobiles ou de tablettes ?
R. M. : Il est vrai que l’offre est abondante. Mais il existe peu de marques du segment B, elles se situent autour de deux ou trois au maximum. Les marques chinoises de piètre qualité n’ont plus la cote en Egypte. Par contre, Accent a toutes les chances d’être compétitive sur ce marché. Notre avantage comparatif se situe au niveau des prix agressifs appliqués et de la qualité des produits. L’autre facteur de bon aloi est que les Egyptiens sont de grands consommateurs de smartphones. Pour preuve, même les couches les moins aisées se débrouillent pour s’en équiper. C’est dire le grand potentiel de ce marché pour notre marque. Il y a tout lieu de souligner que la culture arabe en commun facilite le contact et la compréhension avec nos homologues égyptiens. A cela, il convient d’ajouter que le Maroc et l’Egypte ont signé une convention exonérant des droits de douane les produits en provenance des deux pays. Cela permettra d’afficher des prix attractifs pour le consommateur égyptien.
F.N.H. : Au regard des différents contacts et rencontres, quelle est votre appréciation sur l’environnement des affaires, notamment pour l’homologation de vos produits avant de les exporter en Egypte ?
R. M. : Les différentes rencontres nous ont permis d’avoir une idée claire sur le processus d’homologation. Les délais d’obtention de celle-ci tournent autour de 2 à 3 jours au maximum. Ce qui, à notre avis, est tout à fait raisonnable. La seule particularité réside dans le fait que l’homologation est faite par des sociétés spécialisées installées à l’étranger et non en Egypte (Casablanca, Emirats Arabes Unis, etc.).
F.N.H. : Dans le secteur des TIC, à l’instar de l’industrie pharmaceutique, existe-t-il de la part des entreprises marocaines et égyptiennes la volonté de tirer profit de leur expertise réciproque, notamment en Afrique de l’Est pour les opérateurs égyptiens et l’Afrique de l’Ouest pour les sociétés marocaines ?
R. M. : Effectivement, cette logique existe. Elle tire sa force du fait qu’il est difficile pour une entreprise d’être présente partout. Une marque comme Accent est bien introduite en Afrique francophone. Utiliser l’Egypte, leader de son environnement immédiat, pour pénétrer les pays de la région me semble opportun, d’autant plus que les distributeurs égyptiens opèrent déjà au Soudan. La voie terrestre servant à desservir les pays limitrophes est opérationnelle. Cela facilite les échanges commerciaux.
F.N.H. : Quel jugement portez-vous sur l’accompagnement de Maroc Export ?
R. M. : Pour dire vrai, c’est grâce à Maroc Export que nous opérons aujourd’hui dans plusieurs pays. La marque Accent a participé à plusieurs caravanes. Suite à celle organisée en Côte d’Ivoire par Maroc Export, notre marque s’est arrogée les faveurs de deux opérateurs de télécoms et un grand distributeur. C’est dire le succès rencontré dans ce pays. Au Kenya, nous collaborons avec l’opérateur Airtel, et au Cameroun, nous travaillons actuellement sur la deuxième vague de livraison pour l’opérateur Camtel. Un grand distributeur camerounais devrait prochainement faire le déplacement au Maroc, ce qui aiderait à mieux définir les contours de notre collaboration. En définitive, le soutien de Maroc Export est d’une grande utilité pour les entreprises marocaines, notamment à l’export.
F.N.H. : Cette année, la marque Accent était présente au Salon de l’IFA dédié aux TIC en Allemagne. Quel était le but recherché à travers cette participation ?
R. M. : Cette année a marqué notre troisième participation au Salon de l’IFA, qui s’est tenu en Allemagne. Nous avons doublé la surface d’exposition de la marque Accent. Cela a été payant puisque nous avons pu saisir des opportunités d’affaires dans trois pays (Lituanie, Bosnie-Herzégovine, Allemagne). Du reste, notre marque est déjà présente dans plusieurs pays européens (Autriche, Géorgie, France à travers les DOM-TOM). Des discussions sont en cours avec un grand distributeur opérant en Italie. Par ailleurs, nous suivons avec beaucoup d’intérêt les dernières visites de SM le Roi en Afrique de l’Est. Cela nous encourage à prospecter davantage ce marché.
Propos recueillis par M. Diao