Le point avec Lahcen Haddad, ministre du Tourisme.
Finances News Hebdo : Quels impacts aura l’attentat sanglant en Tunisie sur l’industrie touristique marocaine ? Y a-t-il eu des annulations côté marocain ?
Lahcen Haddad : Je tiens tout d’abord à exprimer toute ma compassion aux familles et amis des victimes, et je réitère la solidarité du gouvernement et du peuple marocains au peuple et au gouvernement tunisiens en ces moments difficiles. Pour l’instant, aucune annulation massive n’a été enregistrée. Les prochaines semaines nous donneront davantage de visibilité sur l’évolution de l’activité touristique pour les mois à venir, particulièrement pour la saison automne-hiver 2015-2016, qui connaît un ralentissement des commandes. Nous continuons de suivre de près la situation avec nos partenaires de la Confédération nationale du tourisme, afin d’évaluer l’impact et prendre les mesures nécessaires pour préserver les acquis et les performances de la destination Maroc.
F.N.H. : Dans son rapport du budget économique 2016 présenté récemment, le HCP prévoit une baisse de la valeur ajoutée des activités touristiques de l’ordre de 2,7%. Qu’en pensez-vous ?
L. H. : Je ne sais pas sur quelle base le HCP a pu calculer cette baisse de la valeur ajoutée des activités touristiques. Ce que je peux vous dire, c’est que la part du PIB touristique dans le PIB global sera cette année de 6,5%, contre 6,8% l’année dernière, soit un recul d’à peine 0,3%. Quant à la part de la consommation intérieure du tourisme dans le PIB global, elle est de 10,8 % cette année, contre 11,3%, soit un léger recul de 0,5%. On est donc loin des 2,7% dont parle le HCP !
Nous avons annoncé, il y a plusieurs mois déjà, que l’année 2015 sera une année difficile pour le tourisme marocain, en raison des multiples évènements perpétrés aussi bien dans les pays de la région que dans l’Hexagone, et ce depuis septembre 2014. Nos prévisions à fin 2015 sont de 10,5 millions de visiteurs, soit une croissance de +2%, un recul des recettes en devises de -4%, en raison notamment de la pression sur les budgets des ménages, mais aussi les efforts tarifaires consentis par les opérateurs pour faire face aussi bien à la concurrence qu’à la conjoncture.
F.N.H. : Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre pour atténuer l’impact de ces attentats sur le secteur et rassurer les touristes étrangers ?
L. H. : Bien avant l’accentuation de la conjoncture, nous avions déjà fait le choix de diversifier nos marchés pour réduire la dépendance du marché français, bien qu’il reste parmi nos marchés prioritaires. Nous avons également intensifié nos actions de communication, avec une stratégie à 360° couvrant tous les canaux médias, mais aussi avec une approche innovante et une signature nouvelle. Nous accordons une attention particulière à la communication digitale et aux réseaux sociaux ; ce qui nous permet d’accroître considérablement la visibilité de la destination Maroc au niveau international. D’ailleurs, c’est aussi grâce à ce travail continu que l’impact des évènements a pu être limité, durant le 1er semestre de cette année, à un recul de -1% seulement.
Propos recueillis par L Boumahrou