Finances News Hebdo : Le Maroc et la France ont tissé depuis des années des liens très étroits dans tous les domaines. Comment qualifierez-vous cette coopération ?
Christian Rousseau : Cette coopération est primordiale pour les deux pays dans l’objectif de bâtir des projets ensemble. En effet, le niveau des relations est très solide aussi bien dans l’aspect économique, culturel que social.
Aujourd’hui, il y a beaucoup d’exemples qui concrétisent cette relation dans différents secteurs et qui se traduisent par les échanges commerciaux, ainsi qu’une mobilité de personnes très importante entre les deux pays. Sans oublier les entreprises marocaines et françaises qui travaillent ensemble dans différents domaines.
F. N. H. : Présent au Maroc depuis 1993, le groupe Accor a vécu l’essor que le pays a connu durant les 20 dernières années. Comment voyez-vous le Maroc d’aujourd’hui ?
C. R. : Sur le plan international, le contexte conjoncturel a été assez difficile ces dernières années, ce qui n’a pas été sans conséquence pour l’économie marocaine. Ce contexte a, en effet, mis la pression sur plusieurs secteurs qui ont enregistré des ralentissements de croissance. C’est le cas du secteur du tourisme qui dépend beaucoup des marchés émetteurs européens et qui n’a pas été épargné des effets de cette conjoncture.
Aujourd’hui, les indicateurs du secteur passent au vert avec des progressions remarquables. On peut même dire que le Maroc a tiré son épingle du jeu grâce à sa stabilité politique, économique et sociale.
F. N. H. : Qu’en est-il de l’attractivité du Maroc et de son climat des affaires ?
Est-il plus propice aux investisseurs étrangers ?
C. R. : Ce qui est sûr, c’est que la crise financière a ralenti les apports de capitaux vers le Maroc. Il y a plus de prudence aussi bien des banques que des investisseurs étrangers. Cependant, avec le passage des indicateurs économiques au vert, le Maroc va devenir à nouveau très attractif.
F. N. H. : Dans cette optique, Accor a mené une stratégie de développement soutenue depuis 20 ans sur tout le territoire avec 32 hôtels répartis dans 12 villes. Quelle est la stratégie de développement du groupe pour les 5 années à venir ?
C. R. : L’objectif du groupe est d'atteindre 50 hôtels dans 5 ans. Aujourd’hui, il y a une base très forte d’hôtels qui appartiennent à la société Risma. Ce socle très solide va nous permettre de poursuivre la croissance à la fois en développement organique, c’est-à-dire construire de nouveaux hôtels dans le cadre de Risma, mais aussi la gestion d’hôtels pour le compte de sociétés propriétaires avec notre casquette de gestionnaire hôtelier. C’est d’ailleurs ce que nous faisons avec la CCG qui nous a confié la gestion de certains de ses hôtels.
Ce modèle-là, où Accor apporte son savoir-faire et son expertise pour des propriétaires qui ne sont pas nécessairement des hôteliers, nous permettra d’élargir notre réseau d’hôtels et nos marques au niveau du Maroc.
Les autres marques que nous allons développer davantage dans les années à venir sont celles de milieu de gamme, Novotel et Mercure, l’hôtellerie de haut gamme avec la collection MGallery et aussi Pullman.
En gros, dans tous les segments hôteliers, nous voulons soit nous consolider, soit nous développer.
F. N. H. : Accor est en phase de revoir sa stratégie de déploiement en Afrique et a choisi d’implanter son siège à Casablanca. Pourquoi ce choix ?
C. R. : Le Maroc est actuellement en train de se développer et de rayonner sur le reste du continent africain dans différents secteurs (banques, assurances... ).
Donc, l’implantation du siège d’Accor Afrique à Casablanca est tout à fait logique. Ceci permettra au groupe d’avoir une proximité pour étendre les différentes marques hôtelières dans différents pays d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord.
D’autant plus que le Maroc représente 35% du réseau d’hôtels d’Accor dans le continent, sachant qu’il y a un peu plus de 100 hôtels Accor en Afrique, dont 32 hôtels au Maroc.
F. N. H. : Est-ce que l’instabilité politique, économique et sociale de certains pays du Nord africain a poussé le groupe à réorienter sa stratégie de développement en Afrique et la concentrer en plus au Maroc ?
C. R. : Clairement, le Maroc est le pays dans lequel Accor s’est développé depuis très longtemps pour atteindre un réseau très important. Cependant, le groupe Accor a la volonté de poursuivre son expansion en Afrique du Nord, malgré le contexte actuel qui, certainement, retardera le processus. Nous espérons que la situation redevienne normale en Tunisie et en Egypte pour pouvoir développer le marché. Les perspectives de développement d’Accor dans ces pays sont actuellement en stand-by.
Nous sommes également en phase d’étudier des projets en Libye, pays dans lequel Accor souhaite s’implanter.