Lors de cette COP22, l’Agence de développement agricole a présenté le projet Accagrimag ainsi que les mesures et les composantes opérationnelles qui concernent l’assurance indicielle.
Accréditée par le FA et le FVC, l’ADA est aujourd’hui sollicitée pour appuyer d’autres structures nationales, mais également d’autres pays africains dans leurs procédures d’accréditation. Mohamed El Guerrouj, Directeur général de l’Agence pour le développement agricole, explique les raisons pour lesquelles seuls les projets agricoles ont bénéficié des financements dédiés à l’adaptation du FA et du FVC.
Finances News Hebdo: Principal moteur du développement économique et social, l’agriculture figure parmi les priorités du Maroc dans les négociations climatiques lors de la COP22. Qu’attendez-vous concrètement de cette COP ?
Mohamed El Guerrouj: Lors du side-event organisé par l’Agence de développement agricole (ADA), nous avons partagé l’expérience marocaine et particulièrement celle du Plan Maroc Vert en matière d’adaptation. Des mesures concrètes que nous avons mises en place et qui ont donné des résultats d’adaptation aux petits agriculteurs, et ce depuis plus de 6 ans. C’est d’ailleurs sur la base de ces résultats que nous avons pu décrocher notre accréditation auprès du Fonds d’adaptation (FA) ainsi que du Fonds vert pour le climat (FVC).
La COP22 a également été l’occasion de présenter le projet «Adaptation de l’agriculture au changement climatique au Maghreb» (Accagrimag), qui représente une véritable innovation dans la mise en œuvre de mesures visant à contrer l’effet du changement climatique sur les terrains agricoles.
Nous avons présenté également les mesures et les composantes opérationnelles qui concernent l’assurance indicielle ainsi que les techniques innovatrices qui vont permettre la réduction de la vulnérabilité des petits agriculteurs aux changements climatiques. L’objectif derrière tout cela est que nous devons utiliser cette assurance en tant qu’outil d’intégration de technique, et pas seulement en tant qu’outil de mutualisation des risques.
F.N.H.: Accréditée par le Fonds d’adaptation en 2012 ainsi que par le Fonds vert pour le climat en 2016, l’ADA est l’unique entité de mise en œuvre nationale auprès des deux fonds. La procédure pour bénéficier des fonds verts est-elle compliquée ?
M. E. G.: Je ne dirai pas que c’est compliqué, mais ce sont des procédures complexes. D’ailleurs, nous avons demandé, dans le cadre du comité scientifique de la COP22, la possibilité de rendre plus souples et plus transparentes ces procédures afin de permettre à des pays africains d’y accéder facilement. Avec l’expérience acquise par notre agence en matière d’accréditation et d’ingénierie verte, nous avons pu décrocher récemment un premier prêt de 40 millions de dollars du Fonds vert pour le climat.
Aussi, l’ADA est-elle sollicitée pour appuyer d’autres structures nationales, mais également d’autres pays africains dans leurs procédures d’accréditation.
A souligner également que nous avons sollicité dernièrement le secrétariat exécutif du Fonds d’adaptation pour augmenter les montants alloués à l’adaptation aux changements climatiques.
F.N.H.: Les projets d’adaptation dans le secteur agricole sont-ils prioritaires ? Qu’en est-il des autres secteurs ?
M. E. G.: C’est une priorité oui. Mais en tant qu’agence nationale, nous réagissons de la même manière à l’ensemble des requêtes. Actuellement, nous avons sur la table 12 projets, dont 20% concernent l’agriculture. A noter que lorsqu’on présente les projets, c’est en fonction des concepts et des structures de l’état d’avancement de la présentation, parce que nous avons l’obligation de présenter une étude d’impact socioéconomique et une étude environnementale du secteur. Ce qui ne pose aucun problème dans la mesure où dans le cadre du Plan Maroc Vert, nous avons depuis 2008 des prérequis avec l’élaboration d’une étude d’impact socioéconomique détaillée par région ainsi qu’une étude sur la séquestration du carbone. Ces prérequis permettent à nos requêtes de gagner du temps concernant l’agriculture, mais pas au détriment des autres secteurs. Cela dit, nous ne privilégions pas l’agriculture puisque le comité compte des représentants d’autres ministères. La réalité aujourd’hui est que les projets dans les secteurs agricoles sont plus mûrs, étant donné que la composante changement climatique est une donnée structurelle dans le cadre du PMV. Les réalisations sont concrètes sur le terrain, ce qui nous permet de faire un saut qualitatif.
F.N.H.: Le Royaume a fait le choix de défendre non seulement ses intérêts, mais également ceux de l’Afrique en lançant, entre autres, l’initiative AAA (adaptation, agriculture, Afrique). Concrètement, quel est l’enjeu de cette initiative phare du Maroc ?
M. E. G.: En effet, c’est une initiative porteuse pour toute l’Afrique qui se base sur des composantes concrètes sur une vision à long terme. C’est aussi la solution pour permettre d’avoir une mobilisation financière en faveur de l’Afrique. Je crois que c’est le travail le plus important que nous avons réalisé depuis longtemps, puisque le triple A est une approche globale et très pointue qui fédère tout ce que nous sommes en phase de faire en Afrique et en faveur de l’Afrique.
Propos recueillis par L. Boumahrou