Enfin, un plan antisécheresse !

Enfin, un plan antisécheresse !

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Plus de 5 milliards de DH sont débloqués pour venir en aide aux fellahs. Les professionnels du secteur sollicitent une gestion efficiente de l’opération. L’approvisionnement en eau, l’aliment de bétail, l’état sanitaire du cheptel et l’assu­rance des exploitants sont les principaux axes d’intervention de ce programme.

C’est officiel ! La cam­pagne agricole est compromise. Sur instructions royales, le gouvernement a décidé de débloquer en urgence un plan antisécheresse de plus de 5 mil­liards de DH. Et pour cause, la pluie a fait défaut depuis la mi-novembre, engendrant un déficit hydrique de 63% par rapport à une année normale. Cette déci­sion reste très salutaire pour venir en aide aux exploitants, surtout les plus vulnérables. Le maintien des équilibres dans le monde rural demeure un axe majeur des politiques publiques et de la série d’actions qui seront entreprises pour remédier un tant soit peu au ralentissement de la croissance économique. Si éventuellement quelques précipitations venaient à être enregistrées d’ici le mois d’avril, elles ne pourront que sauver partiellement la situation. Le couvert végétal, pour sa part, a connu une nette dégradation, menaçant sérieusement l’entre­tien et la survie du cheptel. C'est peu dire que le plan antiséche­resse a reçu un accueil favorable de la part des professionnels du secteur. «L’initiative royale est venue à point nommé. Il faut respecter son esprit et assurer sa bonne gestion pour soutenir les fellahs marocains, surtout les éle­veurs, car le cheptel en a vraiment besoin. C’est une opération non seulement à caractère agricole, mais aussi de développement rural. C’est le moment aussi pour les régions de montrer leur rôle en tant que nouvelle institution. Par ailleurs, il faut que la Mamda engage la procédure d’indemnisa­tion pour que les exploitants soient dédommagés à temps», affirme Ahmed Ouayach, président de la Confédération de l’agriculture marocaine (Comader).

S’agissant de la situation de la campagne agricole, Ouayach estime que «les cultures d’au­tomne accusent une nette dété­rioration, surtout dans les régions du Sud. Pour les cultures printa­nières, rien n’est encore garanti, il faudra attendre les 3 prochains mois». Les mesures du plan anti­sécheresse concernent, en pre­mier lieu, l'approvisionnement en eau potable des villages éloignés et excentrés qui sont dans le besoin. Il s’agit surtout de pro­téger les ressources animales à travers l'approvisionnement du bétail en aliments et en eau dans les meilleures conditions, ainsi qu'un suivi précis de la situation sanitaire du cheptel.

«C’est une somme importante qui a été débloquée. Elle représente le double de ce qui a été engagé en pareille situation lors des pré­cédentes années. Il faut privi­légier les petits fellahs et aussi les régions les plus touchées par le phénomène, qui sont essen­tiellement dans le Sud et l’Est du pays. La flambée des prix de l’aliment de bétail commence à inquiéter tous les éleveurs, même ceux qui disposent d’un stock suffisant. Nous sollicitons égale­ment un rééchelonnement des dettes des petits agriculteurs pour qu’ils puissent faire face à ces moments difficiles», indique pour sa part Benbarek Fenniri, pré­sident de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC).

Le plan antisécheresse porte également sur la protection des ressources végétales, et particu­lièrement les acquis en termes de plantations réalisées dans le cadre de l'agriculture solidaire dans son volet reconversion. Cet axe se penchera notamment sur la sécurisation des intrants pour la campagne à venir. La recon­version aux cultures de printemps sera, en outre, encouragée.

Une attention particulière sera accordée au suivi de l'exécu­tion des projets de l'agriculture solidaire, vu les enjeux qu'elle représente en termes de création de revenus et d'emplois.

Orge subventionné : 72 centres de distribution

Pour sauvegarder le cheptel, le plan antisécheresse vise notamment l’approvi­sionnement en orge sur tout le territoire national, à un prix cible de 2 DH/Kg. La distribution se fera à guichet ouvert via 72 centres relais de proximité et l’Etat prendra en charge le transport de l’orge subventionné depuis les centres relais. Concernant la protection des ressources végétales, le plan vise à sécuriser le stock de semences en céréales disponible, estimé actuellement à 950.000 quintaux. Il portera également sur l’irrigation des plantations sur une superficie de 93.000 hectares, en vue notamment de sauvegarder un volume d’eau suffi­sant pour le démarrage de la prochaine campagne agricole.

Charaf jaidani

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