La formation islamiste dispose d’une majorité confortable dans les conseils qu’elle préside. Cela lui permet plus de fluidité dans la gestion et de s’attaquer avec plus de sérénité aux grands chantiers. La plupart des présidents de Conseils choisis ont un niveau d’instruction soutenu, avec une expérience dans le domaine local.
Le scrutin du 4 septembre 2015 a dégagé plusieurs enseignements, qui ont été relayés par les politologues et autres observateurs.
Tout d’abord, il a permis de consolider la démocratie au Maroc. De l’avis de tous les observateurs nationaux et étrangers, les élections étaient transparentes, et ce malgré l’existence de quelques dérapages. Mais dans l’ensemble, l’événement a tenu toutes ses promesses. A une année des législatives, ce scrutin est un véritable test pour la coalition gouvernementale présidée par le PJD qui, malgré quelques mesures impopulaires, comme l’élimination des subventions sur les hydrocarbures, la hausse de certains impôts et de certains produits, dispose toujours d’une assise populaire notoire. Les tractations se poursuivent pour le choix des maires, de leurs vice-présidents et des bureaux communaux. Les rivalités entre le PJD et le PAM ont poussé les deux formations à rejeter en bloc toute coalition, alors que les autres partis de la majorité font pression sur Benkirane pour décrocher quelques concessions et s’adjuger des mairies ou des régions.
L’autre fait saillant des élections est lié au recul des partis de gauche, notamment ceux de l’opposition. L’USFP est le principal parti pénalisé, puisqu’il a perdu des circonscriptions où il avait une présence historique, comme le Souss ou la ville de Khouribga. La Fédération démocratique de la gauche a réalisé une bonne campagne avec des candidats de marque, mais son discours, jugé élitiste, n’a pas séduit les électeurs.
On note une dominance du PAM dans le monde rural et dans la région de l’Oriental, son fief électoral.
La recette PJD
La percée du PJD se confirme surtout dans les grandes villes et dans les régionales où il détient pratiquement la majorité. Le parti de la lampe a réalisé des performances remarquables avec une croissance de plus de 280%. Elle a triplé pratiquement ses voix.
Le parti qui a réussi sur le plan politique, aspire concrétiser ce succès au niveau de la gestion locale. Abdelilah Benkirane, Chef de gouvernement et Secrétaire général du PJD, a expliqué la progression fulgurante de son parti : «Nous n’avons pas de recettes magiques. Nos élus sont disciplinés, ils respectent les orientations stratégiques du parti, notamment en matière de bonne gouvernance, la transparence dans l’octroi des marchés publics et la rationalisation des choix budgétaires».
Le PJD a eu l’occasion de diriger de petites ou moyennes villes; qu’en sera-t-il des grandes comme Casablanca, qui cumule des années de retard en matière de réalisation des projets et beaucoup de perturbation au niveau de développement de projets.
«Sauf surprise de dernière minute, le PJD dispose d’une majorité confortable pour s’adjuger la mairie de Casablanca. Il n’aura pas besoin de coalition pour gouverner. Les plans de développement devraient connaître une certaine fluidité du fait de l’inexistence de blocage de l’opposition. Les conseillers de la formation de la lampe, dont certains ont déjà siégé au Conseil de la ville ont un niveau de formation de haut niveau et dispose d’une expérience en matière de gestion locale», explique Mohamed Belmlih, politologue.
En effet, l’homogénéité du bureau communal permettra d’attaquer de front plusieurs problèmes de grande ampleur comme les bidonvilles, la circulation, l’extension du réseau du tramway, l’urbanisation ou autres. La métropole a besoin d’une structure administrative appropriée, à la hauteur des défis afin d’assurer un meilleur accès aux services de base.
Les principaux engagements
Benkirane a promis de mettre de l’ordre dans tous les Conseils que son parti aura à diriger, à commencer par le déploiement des ressources humaines qui sont en sureffectif. A travers la régionalisation, le PJD compte développer des programmes régionaux pouvant combler le déficit dans les domaines de développement humain, des infrastructures, de l’équipement et de réduire les écarts entre les régions. Pour cela, le parti de la lampe compte s’appuyer sur une batterie de mesures, dont la consécration de la libre et effective gestion, des collectivités territoriales ainsi que le renforcement du rôle de l’institution communale. Le PJD promet aussi de mettre en place le programme de travail des régions et des communes qu’il prendra éventuellement en charge dès la première année de la mandature des potentiels élus.
Le parti envisage également de renforcer les partenariats institutionnels avec le secteur privé ainsi qu’avec la société civile. Selon le programme du PJD, les associations de la société civile se verront remettre un prix qui distinguera leurs actions.
Dans son programme, le parti de la lampe appelle également à une «bonne mobilisation et une meilleure gestion des ressources humaines et financières», il compte ainsi «s’attaquer au problème de la fiscalité communale, à travers l’intensification des efforts visant à améliorer les rentrées fiscales. Ces ressources devraient permettre l’amélioration des recettes des propriétés de la commune. Une tâche qui nécessitera un programme de formation et de qualification des élus et des fonctionnaires».
Charaf Jaidani