Stimulée par l’investissement, la croissance devrait atteindre 3,5 % à moyen terme, selon le FMI. Des efforts supplémentaires sont peut-être encore nécessaires pour accroître les recettes fiscales et rationaliser davantage les dépenses. L’orientation actuelle de la politique monétaire est appropriée et devrait continuer à être alignée sur les données.
Par Y. Seddik
Dans le cadre des consultations de 2024 au titre de l’article IV, une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Roberto Cardarelli, a mené des entretiens avec les autorités marocaines du 31 janvier au 15 février à Rabat. À l’issue de la mission, les équipes du FMI sont ressorties avec plusieurs conclusions sur l’état de santé de l’économie nationale.
Tout d’abord, au niveau macroéconomique, «la croissance économique s’est renforcée en 2023 grâce à la reprise de la demande intérieure et au dynamisme des exportations. Elle devrait augmenter progressivement pour atteindre environ 3,5% à moyen terme, stimulée par une hausse des investissements. Le rebond de la demande intérieure devrait progressivement augmenter le déficit du compte courant de la balance des paiements, qui devrait s'approcher de 3% du PIB, tandis que l’inflation devrait continuer de baisser au fur et à mesure que les pressions sur les prix des produits de base et des denrées alimentaires s’estomperont», explique le chef de mission, R. Cardarelli.
Pour lui, l’orientation actuelle de la politique monétaire est appropriée, compte tenu de la baisse de l’inflation, et tout changement ultérieur de cette orientation devrait s’appuyer sur les données. Alors que l’inflation continue de baisser, Bank Al-Maghrib devrait reprendre sa transition vers un régime de ciblage d’inflation. Les services du FMI ont également salué la détermination des autorités à parvenir à un rééquilibrage budgétaire à moyen terme. La généralisation de la protection sociale, à travers la mise en œuvre du Registre social unifié, devrait permettre de mieux orienter l’aide sociale vers les ménages qui en ont réellement besoin.
Quant à la réforme de la TVA, elle devrait améliorer la neutralité de l’impôt, encourager la transition vers l’économie formelle et élargir l’assiette de l’impôt. Toutefois, pour le Fonds, même si la réduction progressive du déficit budgétaire au cours des trois prochaines années semble convenable, il est possible d’assurer, voire d’accélérer le rééquilibrage des finances publiques à moyen terme. Pour cela, «il sera nécessaire de poursuivre la réforme fiscale, notamment l’achèvement de la réforme de la TVA et le renforcement du rôle de l’administration fiscale, de rationaliser les dépenses, notamment les transferts vers les entreprises publiques, et d’étendre l’utilisation du RSU à tous les programmes sociaux», explique Cardarelli.
Accélérer les réformes pour la création d’emplois
Pour stimuler la création d’emplois et rendre la croissance plus inclusive, le Fonds estime qu’il faut accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles. La réforme des entreprises publiques, la mise en place du Fonds Mohammed VI et l’application de la nouvelle Charte de l’investissement devraient contribuer à stimuler l’investissement privé, tout comme les nouvelles initiatives visant à renforcer la lutte contre la corruption et les pratiques anticoncurrentielles. La réforme du régime d’assurance chômage et l’amélioration des politiques actives du marché du travail, elles, pourraient favoriser la création d’emplois à court terme.
Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la participation des femmes au marché du travail, qui se situe à un niveau historiquement bas. Les réformes ambitieuses du secteur de la santé et du système éducatif promettent d’améliorer l’accès à ces services et leur qualité, mais aussi de renforcer l’accumulation de capital à long terme. Les progrès récemment observés dans la libéralisation du marché de l’électricité, ainsi que ceux à venir, devraient encourager la transition vers les énergies renouvelables. Sur la question du stress hydrique, le FMI juge que le plan des autorités pour développer les infrastructures est essentiel pour atténuer les problèmes de pénurie d’eau, tout comme l’ajustement des coûts de l’eau et le redoublement des efforts pour parvenir à une utilisation plus efficiente des ressources hydriques.