Quatre mois après la présentation du Plan Maroc Santé 2025, la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc a organisé ce jeudi 12 juillet à Casablanca, une conférence-débat sur le thème : « L’Economie de Santé au Maroc : Défis et perspectives d’avenir ».
Le Secrétaire Général du ministère de la santé, Hicham Nejmi, a planté le décor en distillant quelques chiffres importants : l’espérance de vie en 2018 au Maroc est de 75 ans alors qu’elle était à 49 ans en 1967. Cette prouesse réalisée en l’espace de 50 ans, est la résultante d’une tendance baissière du taux de mortalité maternelle, estimé à 72,6/100.000, et de l’existence de 2.965 établissements de soins de santé primaires, de 158 établissements hospitaliers publics pour 23.000 lits.
Ces statistiques du ministère sont soutenues par un secteur privé en évolution fulgurante avec 358 cliniques privées, 3.475 cabinets privés de consultation et 8.914 officines de pharmacie.
La Dépense Totale de santé a atteint en 52 milliards de dirhams en 2013 (5,8% du PIB), c’est-à-dire 1.578 dirhams par habitant, avec une couverture médicale de 63% de la population.
Si le budget alloué à la santé est considérable conformément à la recommandation de l’OMS qui dit que «le financement de la santé a pour objet de dégager des fonds suffisants et à mettre en place les incitations financières appropriées pour que toutes les personnes aient accès à la prévention et aux soins nécessaire», il serait superficiel de se limiter à la surface car près de 55% du budget est englouti par la masse salariale. Notons par ailleurs que les principaux financeurs sont les ménages (50,7%), l’assurance maladie (22,4%) le ministère de la santé (20%).
Le directeur général l’ANAM (Agence Nationale de l’Assurance Maladie) Naoufal EL Malhouf, a de con côté précisé que 54,6% de la population (AMO, Ramedistes et étudiants) ont une couverture maladie de base. Cependant, une régulation ressources-dépenses est fondamentale car la balance penche du côté des dépenses.
Hicham Nejmi affirme à ce propos que le gouvernement est en train de redessiner le système de financement de la santé, notamment par la construction de CHU, ainsi qu’à travers un élargissement et une augmentation des services. En outre, il considère que le Maroc est en phase de segmentation des nouvelles catégories qui vont bénéficier de l’assurance maladie, avec l’objectif d’atteindre 90% de la population, à l’horizon 2021. Mais pour cela, dit-il, il faudra nécessairement que la loi soit améliorée.
Autre problématique soulevée par les panélistes : l’accès aux données dans le secteur de la santé est le principal obstacle des chercheurs. Ce qui pose un véritable problème d’adaptation du système de transition théorisé par la politique sanitaire. Cet avis de Chakib Nejjari, Président de l’Université Mohamed VI des Sciences de la Santé (UM6SS), est largement partagé par les acteurs du milieu. Un appel de collaboration interprofessionnelle afin de mettre en place un groupe de chercheurs qui va statuer sur la pharmaco-économie a été lancé.
L’objectif est de réguler l’économie de la santé par la production de médicament innovant made in Maroc. Ce qui facilitera une analyse complète et une idée des coûts réels des médicaments ainsi que les bénéfices de leur utilisation, une étape fondamentale pour un usage rationnel des ressources pour la santé.
S.T