2015 a été une année particulièrement florissante pour les exportations nationales, qui ont substantiellement progressé de l’ordre de 7,5% à fin novembre 2015 par rapport à la même période de 2014. Au regard des études prospectives disponibles, les ventes à l’étranger poursuivront leur tendance haussière, sous l’effet de la progression de la demande extérieure. Décryptage.
En se penchant sur les indicateurs économiques-clefs de l’année 2015, motif de satisfecit du gouvernement, les exportations nationales constituent sans doute le paramètre qui a fait montre de la plus bonne tenue. Cette performance, combinée au recul des importations, a permis de réduire sensiblement le déficit de la balance commerciale de l’ordre de 20%, avec des implications positives sur le niveau des réserves de devises, situé autour de 7 mois d’importations. Cette situation réjouit Mohamed Boussaïd, ministre de l’Economie et des Finances, qui a déclaré récemment au Forum de la MAP : «Pour un pays importateur de matières premières à l’instar du Maroc, l’augmentation des réserves de devises est autrement plus favorable qu’elle permet de faire face au paiement des achats à l’étranger de blé et des produits pétroliers». Au-delà de ces aspects macroéconomiques, il y a lieu de rappeler qu’au regard des derniers chiffres disponibles (fin novembre 2015), le mouvement haussier des exportations nationales par rapport à la même période de 2014 tient, entre autres, à la progression des ventes du secteur automobile (+7,5 Mds de DH), de la branche des phosphates et ses dérivés (+6,9 Mds de DH), des activités agroalimentaires (+4,2 Mds de DH) et de l’industrie aéronautique (+300 MDH). Ces performances sont certes tributaires de la montée en gamme des branches précitées mais aussi du climat des affaires favorable, notamment au niveau des pays développés. La reprise dans la zone Euro, boostée par la consommation des ménages et le repli des cours des matières premières, a incontestablement profité aux exportations du pays, qui a comme premier partenaire économique le Vieux continent. A ce titre, il est utile de préciser que la zone Euro a connu une activité économique dynamique au cours de l’année qui vient de s’écouler, comme en témoigne le niveau du taux de croissance situé à 1,5% contre 0,9% en 2014. Cela dit, l’année dernière a été beaucoup moins reluisante pour certains pays émergents, qui pourtant, voient leur place grandir dans le commerce extérieur national. Dans le même ordre d’idées, il n’est pas dénué d’intérêt de souligner que la Chine, qui ne cesse d’enregistrer une activité économique atone, devrait afficher une croissance annuelle inférieure à 6,9% en 2015, soit la plus faible depuis 1990. Même son de cloche pour la Russie et le Brésil, qui ont terminé l’année 2015 sur une contraction de leur activité. Pour autant, la contre-performance des pays émergents n'a pas altéré l’élan des exportations marocaines, qui ont tout de même progressé de 7,5% à fin novembre 2015 par rapport à la même période de l’année 2014. Par ailleurs, notons que les exportations de phosphates ont profité du mouvement haussier des cours, qui ont augmenté de 7% en glissement annuel pour s'afficher à 123 dollars la tonne, notamment pour ce qui est du phosphate brut.
2016 : une multitude de facteurs exogènes !
Considérée sous cette perspective, la demande extérieure adressée au pays constitue une variable prépondérante pour l’essor des exportations nationales. De ce point de vue, la dernière note de conjoncture du haut-commissariat au Plan (janvier 2016) est annonciatrice de bonnes nouvelles. En effet, celle-ci souligne que : «Dans un contexte d’amélioration attendue du commerce mondial et de la poursuite de la modération des cours internationaux des matières premières, la demande mondiale adressée au Maroc devrait enregistrer une hausse de 3%, en variation annuelle, au premier trimestre 2016». Ce mouvement haussier est de bon augure pour l’année en cours, sujette à une kyrielle d’incertitudes liées à l’absence d’une pluviométrie abondante. Cela dit, l’augmentation de la demande extérieure est de nature à booster les exportations de la tête de pont de l’industrie nationale, qui n’est autre que la branche automobile avec ses différentes composantes (construction et équipementiers). Au demeurant, les hommes de Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan, mettent en garde contre la poursuite de la dépréciation de l’Euro par rapport au Dollar. Une telle situation est susceptible d’impacter les exportations nationales à destination du Vieux continent, surtout celles libellées en Dollars.
Balance commerciale des services : Un excédent de 58,7 Mds de DH
A fin novembre 2015, le déficit commercial des biens s’est situé à 139,6 Mds de DH contre 174,4 Mds de DH à la même période de l’année 2014. Ce qui représente un allégement substantiel de 34,8 Mds de DH. Au niveau des échanges de services, il en est tout autrement. A fin novembre 2015, les importations de services ont progressé de 2,2% (+1,5 Md de DH) pour se situer à 68,7 Mds de DH. Pour leur part, les exportations de services ont augmenté de 4% (4,9 Mds de DH) pour se chiffrer à 127,4 Mds de DH. Résultat des courses, la balance commerciale au titre des services fait ressortir un excédent de 58,7 Mds de DH contre 55,3 Mds de DH à fin novembre 2014. Ce qui représente une hausse de 6,2% (+3,4 Mds de DH).
Momar Diao