Sa position mondiale reste quasi inchangée, tandis que des pays comparables avancent. La stratégie de conception et de mise en œuvre des programmes mérite une refonte en profondeur.
Par C. Jaidani
Dans quelques jours, le nouveau classement mondial du développement humain pour l’année 2025 sera rendu public. Mais il serait illusoire d’en attendre un bond spectaculaire pour le Maroc. Car si les initiatives visant à améliorer les conditions de vie des citoyens se multiplient, elles peinent encore à produire des résultats tangibles sur les indicateurs internationaux. Le dernier rapport en date plaçait le pays au 120ème rang mondial, selon l’Indice de développement humain (IDH). Un score qui reste loin derrière ceux enregistrés par la plupart des pays du Maghreb.
Exceptée la Mauritanie (157ème), le Maroc est devancé par la Tunisie (101ème), l’Algérie (103ème) et la Libye (92ème). Ces écarts traduisent un retard persistant sur plusieurs fronts essentiels. Pour rappel, l’IDH est un indicateur composite qui mesure les avancées à long terme dans trois dimensions majeures : d’abord, une vie longue et en bonne santé, estimée notamment à travers l’espérance de vie à la naissance. Ensuite, l’accès à l’éducation, c’est-à-dire le niveau d’instruction et de formation de la population. Enfin, le niveau de vie, évalué à travers le revenu national brut par habitant. Pour espérer améliorer significativement sa position, le Maroc devra non seulement repenser en profondeur ses politiques publiques, mais surtout revoir sa manière de concevoir et de piloter les programmes en matière de développement humain.
«Le Maroc a besoin d’une volonté politique pour installer une véritable justice sociale au niveau des secteurs clés comme l’enseignement, la santé, l’habitat et l’emploi. Cette volonté doit se baser en priorité sur la lutte contre les inégalités sociales à travers une meilleure répartition des richesses. Il faut assurer par la même occasion la même qualité de service dans ces secteurs pour tous les citoyens, et non selon leur catégorie sociale ou leur emplacement géographique. Nous avons dépensé des sommes colossales pour ces mêmes secteurs sans pour autant atteindre les résultats escomptés, au moment où les autres pays gagnent du terrain.
Certains qui occupaient le bas du classement comme le Rwanda ou l’Éthiopie ont fait des pas de géant sans même mobiliser des ressources aussi importantes que celles du Maroc. Cela prouve qu’il existe des problèmes de gouvernance chez nous ou de choix stratégiques. Il faut réorienter nos ressources vers ces secteurs d’une façon prioritaire. Dans le long terme, c’est un investissement porteur qui peut avoir des effets remarquables sur le développement», indique Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD). Un avis que partage Rachid Hamoumi, président du Parti du groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui pointe du doigt l’action du gouvernement et leurs programmes qui ne sont pas homogènes.
«Ils connaissent quelques ruptures dans leurs programmes ou des déphasages par rapport aux objectifs fixés. Le ministère de l’Education nationale figure parmi les départements les plus budgétivores, mais cela ne nous a pas empêché d’accuser une déperdition scolaire notoire, surtout chez les jeunes filles dans le monde rural. Il faut préciser aussi que la formation des étudiants est le plus souvent inadaptée aux besoins du monde du travail. Nous soutenons l’Etat social, mais ce méga-chantier doit être en adéquation avec les attentes de la population. Pour le réussir, il faut non seulement mobiliser plus de ressources budgétaires, mais surtout veiller scrupuleusement à la bonne exécution des différentes orientations».
Hamoumi tient à préciser qu’«il existe un lien très étroit entre développement humain et croissance économique. La création de richesses permet de créer des emplois et d’améliorer le niveau de vie. Encore faut-il assurer une meilleure répartition des richesses. A ce sujet, nous avons toujours prôné un système fiscal juste, équitable et efficient pour installer une justice sociale. Les mécanismes qui existent actuellement sont dépassés et il faut absolument les moderniser».