Crise économique : La relocalisation, ce risque qui se profile

Crise économique : La relocalisation, ce risque qui se profile

La baisse des activités des grandes entreprises dans le monde pourrait les inciter à rapatrier une grande partie de leurs activités vers leur pays d’origine.

Le Maroc doit d’ores et déjà commencer à se préparer à ce grand chamboulement économique.

 

Par B. Chaou

 

Les pays du monde entier sont en train de revoir leurs modèles économiques afin de s’adapter aux nouvelles contraintes imposées par la Covid-19, ce qui passera sans aucun doute par une reconsidération des relations économiques internationales. Une reconfiguration qui sera notamment menée par les grandes «locomotives» de l’offshoring et de la délocalisation.

Car justement, ce sont ces types d’activités qui seront chamboulés par la nouvelle donne économique mondiale. Les entreprises internationales et donneurs d’ordres vivent actuellement de grandes difficultés, poussant une partie d’entre eux à réduire leurs niveaux d’activités en fermant des usines en Europe, mettant plusieurs employés au chômage.

D’autres problématiques encouragent cette réflexion, comme par exemple la désorganisation des schémas logistiques. Ces paramètres ne restent pas sans impact sur le prix de revient.

Le Maroc fortement concerné

Le Royaume est fortement concerné par ce risque, notamment sur des secteurs phares de l’économie nationale comme l’industrie automobile, l’aéronautique ou les services (en particulier le secteur du service client).

«Notre dépendance vis-à-vis de l’Europe, qui est actuellement en crise, ne restera pas sans impact sur notre économie. Les entreprises qui adressaient des travaux demandeurs de main-d’œuvre ou à faible valeur ajoutée, ne vont plus le faire dans un horizon moyen terme. Elles vont rester chez elles pour limiter les coûts et baisser le chômage en Europe qui est aujourd’hui une grande problématique pour les gouvernements européens», explique Youssef Abouali, Docteur en économie. Il poursuit : «la consommation va baisser jusqu’aux produits de base. Nous pensons que pour les voitures et ce type de produits, la demande va gravement reculer».

Anticiper le risque

Le Maroc doit commencer à réfléchir à d’autres relais de croissance face à un éventuel rapatriement de certaines activités des industriels européens. Une conséquence logique face à cette récession mondiale. «L’Europe est dans une réflexion profonde sur la façon avec laquelle elle souhaite réguler ses relations avec le nouveau visage de la mondialisation, et revoir son calcul des coûts. Il est fort probable que nous rapatrions plusieurs secteurs stratégiques même si ce sera difficile et coûteux. L’idée pour le Maroc est de se poser la question sur les moyens de se positionner sur les chantiers qui pourraient lui permettre d’être le partenaire de l’Europe dans cette nouvelle dimension. Il s’agit de l’économie verte et du digital», renchérit Michaela Dodini, chef de la section commerciale de la délégation de l’Union européenne à Rabat, lors d’un récent webinaire sur le sujet.

Cette crise va donc profondément influencer nos priorités économiques. «Nous devons nous convertir et aller vers d’autres secteurs à forte valeur ajoutée comme l’industrie pharmaceutique, les secteurs de la santé et l’éducation. Il faut revoir notre politique économique, encourager nos entreprises à produire ce que nous importons, et miser sur les secteurs clés qui pourront relancer notre économie», déclare Youssef Abouali.

Et d’ajouter : «Il faut encourager l’auto-concentration, et ne plus compter sur le secteur exportateur. Si nous avons la possibilité de créer une valeur ajoutée nationale, il faut le faire. Nous devons aussi continuer à injecter les fonds en faveur des entreprises pour préserver l’acquis et les emplois». Ce changement structurel de l’économie internationale va certainement prendre du temps avant de se mettre en place, à l’aune des coûts et de réorganisation que cela suppose. Mais il faut d’ores et déjà commencer à se préparer à ce grand chamboulement économique.

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