Les crédits à l’investissement ont connu un effet de rattrapage durant le dernier trimestre de 2022.
La transmission des hausses du taux directeur commence à se faire sentir sur le crédit habitat essentiellement.
Par Y. Seddik
Malgré la succession des crises et les hausses du taux directeur, la production des prêts bancaires s’est bien comportée l’année dernière. Au 31 décembre 2022, l’encours global des crédits bancaires dépasse la barre des 1.000 milliards de DH, grâce à une bonne orientation sur quasiment tous les segments de prêt. Ce sont donc plus de 75 milliards de DH de crédits qui ont été distribués par le secteur bancaire marocain en 2022, selon les dernières statistiques de la Banque centrale. Ainsi, les crédits bancaires ont terminé l’année sur une hausse aux alentours de 7,6%, bénéficiant essentiellement de la bonne tenue des crédits de trésorerie et dans une moindre mesure de l’évolution des crédits à l’investissement.
Plus en détail, les crédits à l’investissement ont connu un effet de rattrapage durant le dernier trimestre de 2022, enregistrant ainsi une progression de 8,8% après deux années de baisse. Cette performance provient principalement de la bonne tenue des crédits à l’équipement des sociétés non financières privées. Cependant, les crédits destinés à la promotion immobilière continuent d’afficher des signes de décélération, traduisant l’atonie que connait le secteur immobilier.
Quant à la dynamique de croissance des crédits de trésorerie, elle reflète en partie la hausse du besoin en financement court terme des sociétés importatrices des produits énergétiques. Sur ce point, BAM fait état d’une légère progression des facilités de trésorerie, passant de 17% à 17,2%. Globalement, il faut dire que les hausses du taux directeur n’ont pas freiné la dynamique de production des prêts, puisque la transmission ne s’est pas faite automatiquement chez les banques de la place.
D’ailleurs, Olivier Rigaill, responsable Marchés à la direction du marketing de la BMCI, nous indique que «depuis le début de l’année 2023, nous constatons que le comportement sur les crédits n’a pas été impacté par les 2 hausses successives des taux directeurs. Cela s’explique par le fait que les banques ont maintenu leur tarification inchangée jusqu’à fin janvier 2023. A partir de février 2023, les banques ont commencé à répercuter la hausse des taux directeurs, essentiellement sur le crédit habitat». Notons qu’en 2022, la BMCI reste en phase avec le marché sur l’encours des crédits à l’économie.
«La banque a enregistré des résultats en hausse vis-à-vis du marché, tant au niveau Corporate banking que retail, grâce à une bonne dynamique du crédit à la consommation, crédit habitat, mais également le crédit en devises pour les entreprises», note Olivie Rigaill.
Pour l’année 2023, CDG Capital Insight table «sur un ralentissement de la croissance de l’encours de crédits à 2,9%, compte tenu d’une progression prévue de 3% du PIB selon les estimations de BAM, de l’impact limité des hausses du taux directeur sur la demande et du ralentissement des crédits de trésorerie qui ont été soutenus en 2022 en partie par la hausse des cours des matières premières, notamment les produits énergétiques».