Le nombre d'actifs cotisants a augmenté de 5% à 409.354 en 2022. Une progression supérieure à la moyenne historique.
En ce qui concerne la retraite individuelle lancée en 2017, la CIMR a réalisé plus de 11.000 nouveaux contrats en 2022.
Contexte macroéconomique, activité 2022, impact de l’inflation, placements, régime complémentaire…, tour d’horizon avec Khalid Cheddadi, président-Directeur général de la CIMR.
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : Tout d'abord, comment le contexte macroéconomique actuel, marqué par une croissance inférieure aux attentes, une inflation à deux chiffres et un marché financier en méforme affectet-il le secteur des retraites au Maroc ?
Khalid Cheddadi : Les régimes de retraite par répartition sont connus pour leur résilience devant l’inflation, ce qui n’est pas le cas de la capitalisation. Pour rappel, dans un régime de retraite par répartition, les contributions collectées durant une année sont destinées à payer les prestations de la même année. Quand il y a de l’inflation, celleci impacte également les salaires et, par ricochet, les contributions collectées par le régime, qui dispose alors de plus de ressources et peut augmenter en conséquence les pensions de retraite, afin de protéger le pouvoir d’achat des retraités. Cependant, une forte inflation peut aussi réduire la consommation intérieure et avoir des répercussions sur le développement économique, et donc sur le taux d’emploi. Quant à la performance du marché financier, elle a un impact direct sur l’autre source de financement des régimes de retraite, que sont les revenus financiers.
F.N.H. : Dans ce contexte, comment ont évolué le nombre d'adhérents et le nombre d’affiliés à la CIMR en 2022 ?
Kh. Ch. : 510 nouvelles entreprises ont adhéré à la CIMR en 2022. Le nombre d'actifs cotisants a augmenté, quant à lui, de 5% à 409.354. Cette progression est supérieure à la moyenne historique. Ce chiffre dépasse largement l’hypothèse retenue pour l’élaboration du bilan actuariel annuel, qui fixe l’évolution annuelle du nombre d’actifs sur le long terme à 1,5% pour assurer le maintien de l’équilibre du régime.
F.N.H. : Pensez-vous que la baisse du pouvoir d'achat et le renchérissement des charges des entreprises ont eu un impact sur l'évolution des adhésions chez la CIMR ?
Kh. Ch. : Certainement que l’inflation, qui a touché surtout les produits alimentaires, réduit les budgets consacrés à l’épargne par les ménages. Ceci étant dit, les besoins sont tellement importants que les marges de développement restent très importantes.
F.N.H. : Un mot sur le comportement de votre portefeuille financier en cette année trouble pour le marché financier ?
Kh. Ch. : L’année 2022 a été très compliquée, avec une forte inflation, un ralentissement de la croissance, une forte baisse de la Bourse et l’augmentation des taux. Ces éléments ont fortement impacté nos résultats financiers.
F.N.H. : De manière générale, quelle stratégie de placement adoptez-vous dans ce contexte ?
Kh. Ch. : En 2022, nous avons concentré nos investissements sur l’obligataire, en plus de quelques opérations stratégiques.
F.N.H. : Comment se comportent les régimes complémentaires gérés par la CIMR ?
Kh. Ch. : Le régime CIMR, au niveau de son image, est très apprécié par tout le monde, par les entreprises et les salariés; chacun est convaincu que c’est un régime pérenne et qui tient, ce qui fait qu’il draine de plus en plus de monde. Nous avons mis en place des moyens marketing et des structures de conseillers très larges, une soixantaine, qui travaillent à travers tout le Maroc, et qui vont voir les entreprises et contacter les personnes physiques pour les sensibiliser à la nécessité d’adhérer à la CIMR. Ces démarches connaissent un très grand succès.
F.N.H. : Ceci est-il conforme à vos attentes ou avez-vous des objectifs plus ambitieux pour le régime complémentaire ?
Kh. Ch. : Pour rappel, la caisse couvre en complémentaire 45% des assurés de la CNSS cotisant une année complète et 11% de la population totale CNSS. Cela veut dire que nous avons encore un périmètre important à conquérir. En ce qui concerne la retraite individuelle lancée en 2017, nous avons réalisé plus que 11.000 nouveaux contrats en 2022 et avons été surpris de voir que ce sont surtout les salariés qui ont souscrit au produit. Il s’agit de personnes qui n’ont pas la CIMR ou qui y sont déjà, mais qui estiment que la pension qu’elles se sont constituées n’est pas suffisante et veulent donc l’améliorer. Nous continuons de faire la promotion de ce produit car nous sommes convaincus qu’il répond aux besoins d’une grande partie de la population marocaine, qu’elle soit résidente au Maroc ou à l’étranger, notamment dans des pays qui ne disposent pas de sécurité sociale incluant un plan de retraite comme dans le MoyenOrient. Notre vision est de continuer à être la caisse de retraite complémentaire du privé, et si dans le cadre de la réforme de la retraite les pouvoirs publics estiment qu’on peut généraliser ce régime et le rendre obligatoire, nous serons heureux de jouer ce rôle également.
F.N.H. : Pour finir, un mot sur la pérennité financière de votre régime ?
Kh. Ch. : La pérennité du régime a été confirmée. En effet, la projection du fonds de prévoyance réalisée dans le cadre du bilan actuariel répond aux deux critères de pérennité fixés par la charte de pilotage. Le fonds est ainsi constamment positif sur la durée de projection et la courbe de projection est ascendante en fin de période de projection. De même, la CIMR respecte les critères de pérennité fixés par la loi 64-12 ainsi que par la Circulaire du président de l’ACAPS du 04 mars 2019 relative au contrôle des organismes de retraite de droit privé. Les résultats du bilan actuariel ont été certifiés par le cabinet d’actuariat indépendant Deloitte France. Ces résultats sont d’autant plus satisfaisants qu’ils sont enregistrés au cours d’une année qui a connu un grand tassement du marché financier, avec un recul des indicateurs boursiers de près de 20%. Cela montre que le régime géré par la CIMR est très résilient.