Les dernières pluies ont été salvatrices pour la campagne agricole. Fortement attendues par les fellahs, elles ont insufflé une certaine dynamique à la saison, mais leurs effets restent mitigés selon les filières et les régions.
Profitant d’un cumul pluviométrique suffisant, les zones agricoles du Nord sont mieux loties, contrairement à celles du Sud qui sont pénalisées par l’insuffisance de l’apport en eau.
Interrogés à ce sujet, des experts du secteur affirment que l’apport en eau a permis un léger redressement de la situation, surtout dans le bour favorable et les régions nord de l’oued Oum Rabii.
Le déficit pluviométrique, qui était de 60%, et plus de 80% dans certaines régions, a été réduit pour atteindre une moyenne nationale de 40%.
«Ces pluies ne peuvent que limiter les dégâts. La période de sécheresse, qui a duré près de trois mois, a été difficile à supporter par les cultures non irriguées. La poussée des plantes est en deçà de la normale et certaines filières ont été sérieusement impactées. C’est le cas de la culture des oignons, dont le rendement est en baisse de plus de 60%, entraînant la hausse des prix», explique Hamid Ghanmi, ingénieur agronome.
En effet, la période de sécheresse a été fatale pour la saison agricole car elle a touché une phase très cruciale qui est la période des semis, la poussée et du tallage où l’issue de la saison se joue à hauteur de 50%. Les spécialistes et les exploitants restent toutefois très prudents quant à l’issue finale de la campagne. «Certes, le scénario catastrophe est évité in extremis pour le moment, mais rien n’est encore gagné. Il faut que la pluie soit au rendez-vous durant le mois en cours, en avril et début mai. Dans tous les cas de figure, le rendement de la saison sera en deçà de la moyenne», précise Ghanmi. La relance de la campagne agricole devrait permettre à beaucoup de filières de se redresser. Il s’agit des céréales semi-tardives ou tardives, des légumineuses, des figues de barbarie ou certaines filières d’arboriculture comme l’oléiculture. Mais l’arrivée des pluies a eu essentiellement des effets remarquables sur le secteur de l’élevage. Elle a stoppé la chute des prix du cheptel et la hausse de l’aliment du bétail.
«Le marché a changé complètement de physionomie à partir de la deuxième quinzaine du mois de février. L’offre de bêtes destinées à la vente a commencé son trend baissier pour se rapprocher de la normale. Cela a eu un impact sur le redressement des prix. Les brebis s'échangeaient en moyenne à moins de 800 DH avant le 15 février, actuellement elles se négocient à 1.000 DH. Avec l’enrichissement des parcours naturels, ils faut s’attendre à un trend haussier», souligne Bouchaib Sarghini, marchand de bétail à Souk Sebt de Tit Mellil.
Côté alimentation, on note une stabilisation des prix due à deux facteurs : l’effet des pluies conjugué au plan anti-sécheresse décrété par le gouvernement. Ce plan a permis l’approvisionnement en orge sur tout le territoire national, à un prix cible de 2 DH/Kg, soit 50% moins cher que le prix normal du marché. La distribution se fait à guichet ouvert via 72 centres relais de proximité, l’Etat prenant en charge le transport de l’orge subventionné.
Barrage : Déficit par rapport à 2015
Le remplissage a atteint, au 8 mars 2016, 9,37 milliards de m3, soit un taux de stockage de 60,3% contre 12,30 milliards de m3 une année auparavant et un taux de 79,1%. Alors qu'au début de la campagne arrêtée au 4 novembre 2015, le volume des retenues avait atteint 10,52 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 67,7%, contre 52,4% au cours de la même période une année auparavant.
Malgré ce déficit en eau, il faut noter que les réserves actuelles assurent un approvisionnement satisfaisant en eau, surtout pour les périmètres irrigués.
Charaf Jaidani