Dublin, 25 juin 2018 (AFP) - La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a estimé lundi à Dublin que la zone euro devrait être prête à accueillir une "arrivée massive" de sociétés financières en raison du Brexit.
"Il est crucial de faire en sorte que tout soit prêt en termes de régulation et de supervision pour l'arrivée massive d'entreprises financières qui finiront par déménager de l'endroit où elles sont à l'heure actuelle pour l'Europe continentale, et l'Irlande", a-t-elle déclaré lors d'un discours à l'occasion d'une conférence sur la monnaie unique européenne.
Ces propos de Mme Lagarde, qui effectue une visite de deux jours en Irlande, interviennent alors que les milieux d'affaires redoutent de plus en plus un échec des négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, ce qui déboucherait sur un divorce sans concession et remettrait en cause toute période de transition.
Le secteur financier a déjà fait une croix sur le passeport européen, qui permet aux entreprises de proposer leurs services sur l'ensemble du continent en étant situé au Royaume-Uni. Or ce précieux sésame est condamné avec la sortie du marché unique promis par le gouvernement conservateur de Theresa May.
Londres pousse désormais pour la négociation d'un accord de libre-échange incluant les services financiers, essentiels à l'économie du pays et au rayonnement de sa capitale, mais Bruxelles s'y oppose pour l'heure.
Plusieurs banques emblématiques de la City ont prévenu qu'elles seraient contraintes de déplacer certaines activités et les emplois qui vont avec, même si le ton employé par leurs responsables avaient semblé un peu moins catastrophiste récemment.
La Banque d'Angleterre a estimé que 10.000 emplois dans les services financiers pourraient être relocalisés au premier jour du Brexit.
Signe de craintes grandissantes des milieux financiers, le régulateur bancaire européen, l'EBA, a pointé lundi le manque de préparation des institutions financières à la sortie du Royaume-Uni de l'UE prévue dans 9 mois, et leur demandent désormais d'envisager un Brexit sans accord.
Les menaces vont bien au-delà du secteur financier, comme l'a rappelé le géant européen de l'aéronautique Airbus la semaine dernière, avertissant d'un possible départ du Royaume-Uni en cas de scénario noir.
Selon une étude publiée par le cabinet d'avocats Baker & McKenzie, la moitié des entreprises européennes ont déjà réduit leur investissement au Royaume-Uni en raison du Brexit. L'enquête a été réalisée auprès de 800 dirigeants d'entreprises, interrogés en France, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Suède et Irlande.