Aviculture : le thermomètre chahute le secteur

Aviculture : le thermomètre chahute le secteur

Victime collatérale du changement climatique, l’aviculture marocaine fait face à une variation des températures qui perturbe la production et déséquilibre le marché. La filière tente de s’adapter à ce contexte de plus en plus instable, tout en gardant les yeux rivés sur les objectifs ambitieux de Génération Green à l’horizon 2030.

 

Par C. Jaidani

L'aviculture occupe une place de choix dans le paysage agricole national. Ce secteur figure parmi ceux qui ont atteint leurs objectifs dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), et il joue un rôle essentiel dans la réalisation de l’autosuffisance alimentaire en produits avicoles. Cependant, cette filière demeure vulnérable à plusieurs aléas, notamment la fluctuation des prix des aliments pour bétail, en particulier lors de certaines périodes de l’année.

Cette dépendance s’explique par le fait que des matières premières clés, comme le maïs et le soja, sont majoritairement importées. Les conditions climatiques constituent également un facteur perturbateur important. Qu’il s’agisse de vagues de chaleur ou de périodes de froid intense, la production avicole s’en trouve souvent affectée. Actuellement, le marché de la volaille enregistre une hausse des prix, conséquence directe de la baisse de l’offre liée à l’élévation des températures. Ce constat a été confirmé par plusieurs professionnels du secteur.

«C’est un problème récurrent qui survient chaque période estivale. Mais cette année, la chaleur est arrivée plus vite que d’habitude, enregistrant une moyenne supérieure à la normale, et elle a duré plus longtemps. Marquée par la présence du chergui dont les effets ont été ressentis jusque dans le sud de l’Europe, cette canicule a eu un effet dévastateur. Selon les exploitations et les régions, elle a causé une mortalité comprise entre 5 et 50% de la production, sachant que la moyenne nationale est estimée à 30%.

Les pertes ont touché particulièrement les exploitations qui ne sont pas équipées de systèmes de climatisation ou de brumisation. Car la volaille est très vulnérable au changement de température, tant à la hausse qu’à la baisse. C’est pour cette raison que ce type d’élevage est concentré essentiellement dans les régions à climat tempéré, et plus précisément le long de la côte atlantique sur l’axe Larache et El Jadida», explique une source de l’Association des producteurs des viandes de volaille (APV), qui a préféré garder l’anonymat.

«Anticipant une hausse de la chaleur, de nombreux éleveurs ont écoulé leur production avant l’arrivée de l’été. Ils ont vendu parfois à un prix qui ne compense pas les coûts de production. Cela a généré pendant une période de quelques semaines un déséquilibre du marché, avec une offre dépassant la demande, d’où une baisse des prix. Peu après, il y a eu un retournement de tendance, et les prix sont passés du simple au double.

Cette tendance haussière des prix devrait se poursuivre en cette période estivale à cause du retour des MRE, de la haute saison touristique ainsi que de l’organisation de festivités et autres cérémonies. D’autant que les pics de chaleur sont attendus pour fin juillet et durant le mois d’août. Autre élément à signaler  : la hausse des prix des viandes rouges a un effet direct sur ceux des viandes blanches. Du coup, les prix resteront à un niveau élevé», conclut la même source. 

 

De fortes ambitions à l’horizon 2030
La filière avicole produit annuellement en moyenne 745.000 tonnes de viandes blanches. Le chiffre d’affaires annuel est estimé à 41,5 milliards de DH pour un total investissement de 14 milliards de DH. L’activité emploie plus de 150.000 personnes. Dans le cadre de Génération Green, les projections tablent à l’horizon 2030 sur 1 million de tonnes de viandes blanches et 8 milliards d’œufs, soit l’équivalent d’un chiffre d’affaires de 50 milliards de DH. Il est prévu également la création de 140.000 emplois supplémentaires. En plus du marché local, les exploitants du secteur ont des ambitions en matière d’exportations, particulièrement au niveau des produits transformés comme la charcuterie. Ils visent le marché africain.

 

 

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