Atlantic Dialogues : Ce que veulent les pays du Sud

Atlantic Dialogues : Ce que veulent les pays du Sud

mustapha terrab araba atlantic

Nombreux sont les périls qui menacent la paix et la prospérité du bassin atlantique. Les problématiques économique, sécuritaire et environnementale, nécessitent d’être analysées de façon collective, afin d’y apporter des solutions pérennes et efficaces. La quatrième édition de la Conférence Atlantic Dialogues, abritée récemment par la ville de Marrakech, a servi de tribune de choix à 300 participants venus d’Afrique, d’Amérique latine et des pays du Nord, qui ont livré leurs regards sur les principaux défis de plus en plus globalisés.

Le monde n’a jamais été aussi riche. Et pourtant, jamais les défis n’ont été aussi proéminents au plan sécuritaire avec la multiplicité des foyers de tensions, économique, avec l’élargissement du fossé entre les pays du Nord et ceux du Sud, et environnemental, comme en témoigne l’accélération du réchauffement climatique, qui génère des conséquences dramatiques pour toute la communauté humaine. Au regard de ces grands challenges, force est d’admettre que seule une réponse collective s’avère être adaptée pour apporter des solutions pérennes à l’échelle internationale. A ce titre, la conférence «Atlantic Dialogues», organisée récemment dans la ville ocre par le think thank OCP Policy Center et le German Marshall Fund of United States, constitue un haut lieu de partage et un espace d’échanges autour des problématiques pressantes que connaît le bassin atlantique. Cette manifestation de grande envergure, qui a regroupé près de 300 participants issus du bassin atlantique, dont des experts de 58 nationalités différentes, a été rehaussée par la présence d’éminentes personnalités pour ne citer que Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, Olusegun Obassanjo, ancien Président du Nigéria, Joaquin Levy, ministre des Finances du Brésil, et Mostafa Terrab, président-Directeur général du groupe OCP. Outre cette précision, les échanges ont été dominés, dans un premier temps, par la dialectique entre la prospérité et la sécurité. C’est un tropisme de rappeler que le développement et la prospérité des Etats sont fortement corrélés à la paix. D’où l’extrême nécessité pour les pays du Nord d’oeuvrer activement par la stabilité des foyers de tensions, qui se concentrent majoritairement en Afrique et au Moyen-Orient. Certains intervenants ont, par ailleurs, estimé que la crise migratoire syrienne, source de déstabilisation de certains pays du vieux continent, constitue un cuisant échec de la communauté internationale, qui s’est abstenue de réagir à temps. La dimension préventive des conflits est d’autant plus cruciale qu’il est difficile de restaurer la paix et les institutions d’un pays après des années de guerre. Pour sa part, Lahcen Haddad reste convaincu qu’il est d’une nécessité impérieuse que les citoyens profitent des dividendes de la démocratie. Ce qui suppose l’existence d’une véritable classe moyenne dans les pays du Sud, et la création d’emplois décents pour les jeunes. D’ailleurs, Aminata Touré, envoyée spéciale du Président du Sénégal, relie le succès des mouvements terroristes et djihadistes (Deach, Boko Haram), au manque de perspectives d’avenir des jeunes, désoeuvrés et sans emploi. «Il y a une chose que les djihadistes peuvent faire en notre faveur, c’est renforcer la solidarité internationale», poursuit-elle. Certains intervenants ont rappelé, qu’au regard des immenses potentialités, qui abondent dans les pays du Sud, le soutien des Etats les plus avancés doit porter davantage sur des partenariats win-win pour accompagner la transformation économique des pays africains. L’expérience du Maroc et celui de l’Office chérifien des phosphates (OCP), en particulier, constituent des exemples édifiants dans ce domaine. La révolution verte en Afrique, le développement des énergies propres et le développement des sources de financement pour l’amélioration des infrastructures, sont autant d’axes prioritaires pour l’émergence du continent, et ce au grand bénéfice de la communauté internationale.

La révolution verte, cheval de bataille de l’OCP 

La question de la sécurité alimentaire se pose avec acuité à l’échelle mondiale. Les sécheresses et les inondations exacerbées par le changement climatique font peser davantage de menaces sur les ressources agricoles. «A l’horizon 2050, l’Afrique aura un double défi, celui de nourrir sa population et le monde», martèle Mostafa Terrab. Et d’ajouter : «Pour autant, en matière de sécurité alimentaire, le continent ne devrait pas être perçu comme le problème, mais bien comme la solution». Toutefois, il est clair que face aux challenges d’une telle ampleur, les pays africains les moins avancés ont peu de chances de parvenir à l’autosuffisance alimentaire sans le soutien des pays les mieux parés. Cela dit, s’il ne fait aucun doute que l’OCP promeut la révolution verte sur le continent en y exportant des engrais ainsi que son expertise, il n’en demeure pas moins que les Etats africains ont un grand rôle à jouer dans ce processus. En effet, les politiques publiques à l’échelle continentale doivent accorder une place de choix aux petits agriculteurs, d’autant plus que le tissu agricole africain est largement dominé par les petites exploitations agricoles. Le développement de la recherche et développement, les subventions, la responsabilisation des petits agriculteurs et les investissements dans les infrastructures sont autant d’éléments-clefs à même de générer une croissance agricole pérenne en Afrique. En définitive, Atlantic Dialogues a permis de mettre en lumière les défis majeurs qui méritent une réponse collective. Sous un autre prisme, Il a aussi montré aux participants issus des Etats du Nord les multiples opportunités d’affaires et le potentiel de croissance des pays du Sud, notamment de l’Afrique. 

Momar Diao

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