Assemblée élective de l'AFEM : Laila Miyara annonce la couleur

Assemblée élective de l'AFEM : Laila Miyara annonce la couleur

Laila Miyara AFEML’un des défis majeurs de l’AFEM est de prendre part à la prise de décision pour mieux défendre le principe de la parité, désormais instaurée par la Constitution.

L'Association ambitionne de fédérer plus de membres et recenser les femmes chefs d’entreprise sur tout le territoire marocain pour  s’atteler à les  servir au mieux.

Laila Miyara, la nouvelle présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc, dévoile son programme.

- Finances news hebdo : Tout d’abord, quelles sont les raisons qui ont motivé votre décision de vous porter candidate à la présidence de l’AFEM ?

- Laila Miyara : J’ai passé trois années passionnantes au service de l’AFEM  en qualité de secrétaire générale de l’Association et chargée du déploiement  régional de l’association. A priori, je ne pensais pas me porter candidate à la tête de cette institution et ce n’est pas par peur de la tâche mais en raison de la lourde responsabilité qu’implique ce poste, en termes de disponibilité, de don de soi, de complexité de la conjoncture et des enjeux.. Mon souci majeur était plus lié à mes projets professionnels qui allaient en pâtir étant également chef d’entreprise.

J’ai présenté ma candidature à la dernière minute grâce à la confiance et aux encouragements de plusieurs membres et amies qui m’ont convaincue de reprendre le flambeau pour la consolidation et la pérennisation des actions de l’AFEM.

Une fois que le Conseil d’Administration de l’Association a validé ma candidature, j’ai planché sur l’élaboration  d’un programme qui s’inscrit  dans  la continuité, puisque nous sommes sur des projets importants qu’il faudra pérenniser, mais  également dans la rupture !

 

- F. N. H. : Justement, quels sont les éléments qui justifient la rupture ?

- L. M. : Aujourd’hui, le Maroc est en mutation, il est à un tournant fatidique de son histoire politique et économique, et l’AFEM après 12 ans d’existence, doit aussi se repositionner pour être à l’ère de son temps et accompagner ces changements.  Le contexte, aussi bien national qu’international, montre que la femme a une place à prendre et un rôle à jouer en tant qu’acteur de développement.  D’ailleurs, les dispositions de la nouvelle Constitution qui ont mis en avant  le principe de la parité et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sont un atout majeur pour nous et, plus que jamais,  l’AFEM  doit intervenir en faveur d’une application efficiente des dites dispositions. Nous avions d’ailleurs fait des propositions dans ce sens à la commission de révision de la Constitution et elles ont été retenues. Et notre responsabilité ne s’arrête pas là, elle se poursuit pour veiller à l’application de ces propositions devenues aujourd’hui  des droits réels.

L’autre élément phare dans le contexte actuel concerne la régionalisation avancée, pour laquelle l’AFEM doit avoir une position forte en prenant part aux débats et aux décisions en vue de la mise en place et du déploiement de ce projet d’envergure.

L’AFEM devra consolider son rôle de leader car forte d’une longue expérience, elle est  à l’origine de la création de plusieurs associations féminines lancées par certains de ses membres

 

- F. N. H. : Quels sont les grands axes de votre programme pour les trois prochaines années ?

- L. M. : Le programme tel qu’élaboré est le fruit d’une réflexion menée en concertation avec les membres du Conseil d’Administration et  les bureaux régionaux de l’AFEM. Il cible quatre axes fondamentaux.

Le premier axe, primordial à mon sens, concerne l’amélioration des services  aux membres et l’amélioration de la communication. Ce souci de services rendus répond à une question fondamentale : pourquoi une femme chef d’entreprise voudrait-elle adhérer à l’AFEM ? Quelles sont ses attentes ? Quelle est la valeur ajoutée de notre association et quels sont ses avantages concurrentiels ? Les femmes entrepreneurs cherchent à s’adosser à un réseau fort, à s’informer, à se former, à aiguiser leurs compétences managériales, à développer leur activité, à chercher de nouvelles sources de financements, à conquérir de nouveaux marchés, à exporter…

Pour répondre à ces attentes, nous prévoyons la mise en place d’un guichet unique au service des membres. La finalité étant de simplifier les procédures et de collecter toute l’information nécessaire au développement des entreprises par rapport aux stratégies nationales, à l’export et à tous les programmes mis en place par le gouvernement (Imtiaz, Moubadara, Intilak, Tatouir, Rawaj, Maroc Innovation..)

Pour ce faire, nous comptons créer des synergies privé/public avec toutes les institutions et les ministères impliqués dans la promotion de l’entrepreneuriat afin d’accompagner les membres dans leurs démarches de développement et de leur faciliter l'accès au marché et au financement.

Nous prévoyons également d’organiser des caravanes de l’entrepreneuriat dans les pays d’Europe et d’Afrique et des rencontres sectorielles B to B pour privilégier le networking entre les membres.

Nous entendons aider les entreprises membres à améliorer leur gouvernance et adopter le label RSE dans leur management, ce qui ne manquera pas de leur apporter une valeur ajoutée en termes d’image et de crédibilité…

Le deuxième axe devra assurer l’engagement des entreprises membres sur la voie de l’innovation, surtout dans un contexte volatil où les activités mutent en permanence.

Dans ce sens, nous allons cibler dans les incubateurs, de véritables projets innovants et des start up et les faire bénéficier des programmes spécifiques nationaux.

Nous ambitionnons de créer des partenariats avec les cités de l’innovation à travers le Maroc afin d’insuffler le sens de l’entrepreneuriat chez les jeunes diplômées et faire profiter nos membres des formationsoffertes …

Nous comptons sensibiliser sur les enjeux de la  propriété intellectuelle et favoriser l’innovation ouverte.

Pour booster cet élan,  nous prévoyons un prix de l’innovation qui sera décerné une fois par an à l’entreprise qui a le plus innové.

 

- F. N. H. : Restent deux axes…

- L. M. : Le troisième axe est d’une grande portée politique et économique à la fois puisqu’il s’agit pour l’AFEM d’accompagner la régionalisation avancée initiée par le gouvernement. Cet axe répond à un double objectif : d’un côté rééquilibrer la contribution des régions dans la croissance nationale et, de l’autre, redynamiser l’action régionale de l’AFEM avec la création et l’opérationnalisation d’incubateurs dans toutes les régions. Aujourd’hui l’AFEM compte 5 incubateurs : à Casablanca, à Tanger, à El Jadida inauguré par SM le Roi, à Fès et à Rabat. Et il y a lieu de signaler que 50% de nos membres se trouvent hors Casablanca.

Enfin, le quatrième axe et non des moindres concerne l’amélioration de la représentativité de l’AFEM auprès des pouvoirs de décision. L’AFEM entend s’ériger en tant que force d’influence et de proposition au sein des administrations publiques, des futures agences de développement, des Offices voire de certaines institutions privées soucieuses de veiller à une réelle parité et à une réelle implication de la femme dans la vie économique du pays. Notre objectif est d’être associées à tous les débats nationaux pour nous assurer que la femme est dûment représentée.

Cet axe prévoit également la création d’un observatoire de l’entrepreneuriat féminin en partenariat avec  la CGEM,  l’ANPME ou toute autre institution en mesure de porter ce projet.

Il prévoit également la création d’une cellule de veille sur l’environnement juridique et fiscal.

- F. N. H. : Quelle synergie pourrait-on favoriser entre l’AFEM et d’autres associations pour justement accélérer la mise en place de l’approche genre dans toutes ses actions ?

- L. M. : Evidemment qu’il faut créer des synergies. l’AFEM n’est pas un électron libre. Elle évolue dans un environnement politique, économique et social avec lequel elle doit interagir. Pour la majorité de ses chantiers elle doit chercher des synergies avec des alliances stratégiques afin d’améliorer son positionnement et atteindre des objectifs concrets et mesurables. Ces synergies sont à créer avec la CGEM, la société civile, les associations des dirigeants, les autres ONG, les autorités publiques et les partenaires internationaux…

 

- F. N. H. : Votre élection à la tête de l’AFEM intervient quelques semaines après l’élection de Meryem Bensalah, présidente de la CGEM. Quelle en est pour vous la signification ?

- L. M. : Porter une femme à la tête de la CGEM est pour moi un signal extrêmement fort qui démontre que nous sommes une société  ouverte qui se défait de son conservatisme qui était flagrant durant ces dernières législatives.

Je pense que cette élection augure d'une nouvelle ère pour l’entrepreneuriat. Une ère de rigueur, de responsabilité et de performance. Nous avons déjà un partenariat très solide avec la CGEM  (l’AFEM dispose de deux sièges au niveau de son Conseil d’Administration), mais nous ambitionnons de créer plus de synergies pour des actions d’envergure porteuses de progrès et de rayonnement.

Je voudrais également rappeler que Mme Bensaleh  est membre fondatrice de notre association et qu'elle a toujours siégé dans son Conseil d’Administration. Je pense que notre partenariat ne peut qu’être renforcé et fructueux, surtout que nous avons des objectifs convergents et communs, notamment la réhabilitation de l’acte d’entreprendre, le renforcement du partenariat  public-privé et l’accompagnement de la régionalisation.

 

Propos recueillis par Imane Bouhrara


 

 

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