Les événements sportifs mondiaux que le Royaume va accueillir représentent une occasion en or pour l’artisanat marocain de sortir de l’ombre et de se positionner comme un secteur clé dans l’économie nationale.
L'accueil de manifestations sportives de grande envergure comme la CAN 2025 et le Mondial 2030 offre au Maroc l’opportunité de mettre en lumière la richesse de son patrimoine artisanal. Des produits artisanaux de renommée mondiale, tels que les tapis berbères, la poterie, la maroquinerie, le bois sculpté ou encore la céramique incarnent la diversité et l’authenticité culturelle du pays.
Ces événements offriront une plateforme exceptionnelle pour valoriser ces créations, qui deviennent ainsi des ambassadeurs du savoir-faire traditionnel marocain. À travers ces manifestations internationales, l’artisanat national pourra être perçu comme un symbole vivant de l’identité du pays, contribuant à renforcer son image à l’échelle mondiale. Ces deux grandes manifestations sportives attireront à coup sûr des millions de visiteurs du monde entier. Ainsi, ce flux massif de personnes offrira une plateforme idéale pour les artisans locaux. Fawzia Talout Meknassi, auteure et présidente-fondatrice du Réseau des femmes artisanes du Maroc, affirme qu’il est incontestable que des événements d’envergure tels que la CAN 2025 ou la Coupe du monde 2030 constitueront des catalyseurs importants pour dynamiser de nombreux secteurs économiques. «En ce qui concerne l’artisanat, il convient de souligner un point essentiel.
En règle générale, les touristes qui visitent le Maroc viennent déjà avec l’intention d’acquérir nos produits artisanaux, car la renommée de leur beauté et de leur caractère unique a largement franchi nos frontières. Cependant, il revient désormais au Maroc de structurer et d’optimiser son offre, en tirant pleinement parti des savoir-faire transmis par des milliers d’artisans à travers le Royaume. C’est là une véritable opportunité pour l’économie marocaine, mais aussi pour une large frange de la population, en contribuant à renforcer son autonomie, à favoriser son inclusion financière et à l’intégrer davantage dans l’économie nationale», préciset-elle.
«Brand local, Think global»
Pour sa part, Adil Lamnini, président de l’Association professionnelle des marques marocaines, souligne que le secteur de l’artisanat, souvent perçu comme traditionnel, doit être repositionné comme un pilier économique stratégique. «L’artisanat marocain n’est pas uniquement un témoignage de notre patrimoine, il est aussi une industrie à fort potentiel, capable de créer des emplois, d’attirer des devises et de renforcer la marque «Made in Morocco» à l’échelle internationale». Pour y parvenir, Lamnini précise que le Maroc devrait adapter une approche audacieuse, articulée autour de la stratégie «Brand local, Think global». «Cette vision consiste à valoriser nos produits locaux en mettant en avant leur authenticité, tout en les adaptant aux standards de qualité et aux attentes des marchés mondiaux», explique-t-il. Il est à noter qu’une analyse portant sur 4.400 reviews de personnes ayant acheté des produits de l’artisanat marocain en 2023 indique que le taux de satisfaction global a atteint 91%.
En outre, l’intérêt pour les produits de l’artisanat marocain ne cesse de prendre de l’ampleur sur la scène internationale, et ce particulièrement en France (24% des mentions) et aux Etats-Unis (14,5% des mentions). Pour Lamnini, des événements comme la CAN 2025 et le Mondial 2030 doivent devenir une rampe de lancement pour des actions concrètes, notamment des collaborations stratégiques. Il s’agit en effet de s’associer à des marques internationales pour développer des produits artisanaux exclusifs liés à la CAN ou au Mondial. Mais aussi d’investir dans la formation en accompagnant les artisans dans l’innovation, la montée en gamme et l’exportation. Une autre action primordiale concerne la promotion digitale. En l’occurrence, l’utilisation des plateformes numériques pour partager les récits uniques de nos artisans, tout en offrant des points de vente en ligne accessibles à l’international. A l’idée de créer des marchés éphémères durant ces manifestations sportives pour promouvoir l’artisanat national auprès des visiteurs étrangers, Fawzia Talout Meknassi répond qu’il est crucial de créer des structures stables et pérennes, de proximité, qui soient bien fournies et accessibles. La présidente-fondatrice du Réseau des femmes artisanes du Maroc insiste également sur le fait de déployer une véritable stratégie de marketing et de communication pour valoriser ce secteur. Il faut aussi soutenir les différentes associations et initiatives qui œuvrent pour son développement. «Nous avons une opportunité unique de dynamiser l’artisanat marocain. Ne serait-il pas temps de saisir cette chance pour sortir enfin le secteur de sa léthargie et lui offrir la place qu’il mérite dans notre économie ?», s’interroge-t-elle.
Le Maroc sous toutes ses facettes
De son côté, Lamnini estime que la mise en place de marchés éphémères constitue une idée à la fois ambitieuse et stratégique. «Ces espaces peuvent devenir des lieux de rencontre privilégiés entre l’artisanat marocain et un public mondial, attiré par l’authenticité et l’originalité de notre culture. En intégrant la philosophie «Brand local, Think global», ces marchés pourraient transformer la perception de l’artisanat marocain. Ils ne seraient pas de simples lieux de vente, mais des plateformes d’expérience et d’échange, où les visiteurs découvriraient le Maroc sous toutes ses facettes», se réjouit-il. Et de poursuivre : «Ces marchés éphémères doivent également servir de tremplin pour des collaborations stratégiques. Ils pourraient attirer des acheteurs internationaux, des influenceurs et des médias, tout en renforçant l’image du Maroc comme une destination incontournable où tradition et modernité coexistent harmonieusement». In fine, ces événements devraient être perçus comme une chance de réorganiser le secteur, de le rendre plus compétitif et de faire de l’artisanat marocain un ambassadeur de la culture marocaine dans le monde entier.