Au programme, figure 4.000 hectares de foncier mobilisés et de nouveaux dispositifs d’accompagnement.
Le développement de ces cités nécessite l’adhésion de nombreux acteurs publics et privés.
Par C. Jaidani
Face à l’essor démographique et économique, les grandes métropoles ont été contraintes de trouver des solutions innovantes afin d’assurer une croissance équilibrée. Parmi les solutions les plus préconisées pour les décongestionner, figure la création de villes nouvelles dans les périphéries. Le concept a été adopté dans les années 60 par de nombreuses cités mondiales, à l’image de Londres, Paris ou Le Caire. Il a montré des avantages, mais a induit aussi des effets collatéraux importants, surtout pour les riverains.
Ce genre de villes n’est apparu au Maroc qu’à partir de 2004. Parmi les projets phares, figurent notamment celui de Tamesna dans la région de Rabat, Tamansourt à quelques kilomètres de Marrakech, et Lakhyayta aux environs de Casablanca. Au lancement, ils ont été massivement investis par les aménageurs développeurs et les promoteurs immobiliers. Mais aux premières livraisons, ils ont rencontré des difficultés. Ces nouvelles concentrations urbaines manquaient cruellement d’infrastructures de base ainsi que de services publics.
Les habitants vivaient un véritable calvaire pour aller travailler, emmener les enfants à l’école ou se faire soigner. Face à cette situation, de nombreux chantiers ont été mis à l’arrêt et les investisseurs trouvaient beaucoup de difficultés pour écouler leurs produits. Résultat : un stock très important qu'ils devaient écouler. Certains acquéreurs ont dû vendre leur bien immobilier en deçà du prix d’achat juste pour fuir un cadre de vie inadéquat. Un plan de relance a été mis en œuvre à partir de 2012 par le gouvernement.
Doté d’une enveloppe budgétaire de 500 millions de DH, ses effets ont été très limités. Depuis, plusieurs ministres se sont succédé à la tête du département sans pour autant résoudre la problématique de ces agglomérations. Interrogée récemment à ce sujet au Parlement, Fatima- Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a reconnu les problématiques existantes. Elle a annoncé à cet égard qu’elle «travaillait sur un nouveau plan de relance, dont les premiers effets devraient être visibles à partir de 2027». Pour illustrer le constat actuel, elle a évoqué celui de Tamansourt qu’elle connaît parfaitement, puisqu’elle occupe le poste de maire de Marrakech.
Actuellement, cette cité ne compte que 75.000 habitants, alors qu’il était prévu d’y faire loger 200.000 au bout de 20 ans. Parmi les raisons du manque d’attrait de la cité, Mansouri a souligné que sur 260 équipements publics prévus, 160 seulement ont été réalisés. Outre les services publics, la ministre a affirmé que pour qu'une ville nouvelle connaisse l'essor souhaité, il doit y avoir un foyer socioéconomique dynamique comme des zones industrielles ou d’activités et même des universités. La ministre a également mis en exergue la nécessité de renforcer les voies de connexion entre les villes avoisinantes, qui représentent un facteur d’attrait important pour fluidifier la circulation interurbaine. Pour accompagner le nouveau plan de relance, l’Etat mobilisera une assiette foncière de près de 4.000 hectares.
«Une ville doit avoir une âme, une vocation et une histoire. Un projet d’une cité nouvelle ne peut aboutir en quelques années, il lui faut plusieurs décennies. Les investissements publics doivent se faire en parallèle à l’essor urbanistique. Les villes satellitaires qui se sont développées sur la base d’un centre urbain déjà existant, ont connu un certain succès. Ce qui n’est pas le cas pour les villes nouvelles comme Had Soualem, Sebt Tit Mellil, Ain Harrouda, Deroua, Ain Harrouda et Médiouna dans la périphérie de Casablanca. Car les nouveaux arrivants ont trouvé des activités comme le souk hebdomadaire, des commerces et des unités industrielles. Les investisseurs sont séduits par un foncier bon marché et des équipements à la hauteur de leur attente», souligne Mohamed Labib, consultant en urbanisme. Et de poursuivre que «le développement des villes nouvelles implique l’adhésion de plusieurs départements, notamment l’Intérieur, l’Equipement, l’Energie, l’Enseignement, la Santé, en plus d’autres acteurs semi publics ou privés».