Aide aux transporteurs routiers: faut-il y mettre un terme ?

Aide aux transporteurs routiers: faut-il y mettre un terme ?

13 tranches au total ont été débloquées jusque-là, s’élevant à plus de 5 milliards de dirhams. Les transporteurs souhaitent un mécanisme d’indexation.

 

Par D. M.

Le gouvernement a, depuis avril 2022, mis en œuvre une opération de soutien exceptionnel en faveur des transporteurs routiers. Cette initiative, qui intervient dans un contexte économique difficile, lié à la fluctuation du prix des carburants, vise à atténuer les défis auxquels sont confrontés les transporteurs routiers, tout en assurant la continuité des services de transport essentiels. 13 tranches au total ont été débloquées jusque-là, s’élevant à plus de 5 milliards de dirhams. Cette aide conséquente génère des avis divergents au sein de la population. Pour les professionnels du secteur, elle est bienvenue mais pas suffisante, car elle ne couvre aujourd’hui, suite à la revue à la baisse du carburant, que 30% de leurs charges.

S’agissant des automobilistes, ils s’estiment lésés et qualifient cette aide de sélective, ne prenant en compte que les transports publics. Mais c’est une bouffée d’oxygène pour les usagers qui bénéficient d’une tarification fixe du coût du transport grâce à l’ordonnance du gouvernement aux transporteurs routiers interdisant de répercuter la hausse des prix des carburants sur les prestations des services de transport.

«Par rapport au gazole, et vu les dernières évolutions, le gouvernement a mis en place une aide directe pour tous les acteurs de ce secteur véritablement capital pour notre économie, et dégagera toutes les marges nécessaires pour les accompagner à atténuer l’impact de cette hausse sur les prix du transport. Pour garder tout d’abord le prix du transport à l’intérieur des villes et entre villes au niveau habituel, sans aucune augmentation, et ensuite pour atténuer l’impact du transport au niveau des marchandises et sauvegarder les prix de toutes les marchandises à des prix convenables au niveau du consommateur», avait déclaré Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget.

Le transporteur continue donc de supporter les 70% des charges sur le gazole nonobstant les autres intrants, à savoir les huiles et le pneumatique qui ont aussi augmenté à hauteur de 25% depuis le début de la pandémie Covid-19. Ce qui conduit, depuis un certain temps, le syndicat des transporteurs routiers à militer auprès du ministère de tutelle pour une stratégie basée sur la transparence du système. Et ce, à travers un mécanisme d’indexation qui devrait conduire à une répercussion des hausses ou des baisses du prix du gazole sur la tarification du transport tant des personnes que des marchandises. Aujourd’hui, le prix du gasoil est en dessous des 13 dirhams. La question est de savoir si le gouvernement continuera à fournir cette aide, sachant que les finances publiques sont déjà sous tension avec les nombreux projets en cours.

De ce fait, la Fédération du transport et de la logistique travaille avec son ministère de tutelle sur l’élaboration de solutions pérennes pouvant satisfaire à la fois le transporteur routier et le consommateur final. «Nous sommes en train de travailler avec notre ministère sur trois volets importants. Il s’agit de l’accès à la profession; celui de l’indexation du gazole qui est déjà dans le circuit législatif, l’objectif étant de mettre en place un indice qui permet aux transporteurs et aux chargeurs de négocier leurs contrats en fonction de la hausse ou de la baisse du prix du gazole. Cet indice, qui a bien marché dans d’autres pays, sera mis en place à travers une loi qui plafonne les augmentations des transporteurs de manière à ce qu’elles soient transparentes. Le troisième volet concerne le coût de référence», déclare Rachid Tahir, secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique.

450 millions de dirhams que le gouvernement alloue par mois pour cette subvention pourraient donc être économisés avec la mise en application de cette loi encadrant l’indexation relative à la fluctuation des prix des carburants. «S’il y a une indexation, normalement on ne devrait plus recevoir cette subvention considérée comme un soin palliatif par rapport à la conjoncture. Par contre l’indexation, si elle est mise en place, parce que c’est une loi, permettra une transparence et il y aura cette régulation avec les chargeurs», ajoute Rachid Tahir. Selon la Fédération, l’indexation permettra de protéger le consommateur final en encadrant également l’augmentation des prix des denrées alimentaires souvent faite de façon anarchique. Ce qui permettra de limiter l’inflation. En attendant la mise en place de cette loi, les transporteurs routiers sont appelés à s’inscrire sur l’application «mouakaba.transport.gov. ma» pour bénéficier à nouveau de cette aide du gouvernement. 

 

 

 

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