Il n'y a plus que quelques jours qui nous séparent de Aïd Al Adha et chaque année a ses spécificités. Les interrogations se posent concernant les prix, l'état de santé du cheptel. Cette saison succède à deux bonnes campagnes agricoles marquées notamment par une abondance des pâturage et des apaisements sur les prix de l'aliment de bétail. Un stimulant pour les éleveurs pour assurer leur activité dans de bonnes conditions.
Selon les chiffres publiés dernièrement par le ministère de l'Agriculture, l'offre excède la demande. Ce sont plus de 7 millions de têtes qui seront proposées au marché contre une moyenne de 5 millions de têtes. «La demande moyenne de ces dernières années a pratiquement stagné alors que l'offre s'est de plus en plus améliorée. Les marges qu'offre l'Aïd sont très incitatives pour les éleveurs et peuvent compenser leur manque à gagner dans les autres activités agricoles», souligne-t-on auprès de la Direction de l'élevage.
En effet, près de 80% des agriculteurs sont des éleveurs. Ils sont propriétaires d'exploitations ne dépassant pas en moyenne les 5 hectares. Mais l'exiguïté de la surface exploitable ne peut leur assurer des activités à grande valeur ajoutée. Le plus souvent ces parcelles sont réservées aux cultures vivrières ou fourragères pour leur bétail.
Pour ce qui est de la santé des animaux, Ben Barek Fenniri, président de l'Association nationale ovine et caprine (ANOC), a expliqué que «les éleveurs ont compris que pour avoir un bon produit susceptible d'être vendu à bon prix, ils doivent entretenir leurs bêtes à l'aide d'une alimentation saine et équilibrée et un suivi vétérinaire adéquat».
S'agissant des tarifs, il a indiqué que «les prix pratiqués cette année seront les mêmes que ceux des dernières saisons avec une légère tendance à la hausse ou à la baisse les trois derniers jours. Il faut compter une fourchette entre 40 et 45 DH le kilo vif».
Pour ce qui est des conditions d'exploitation, les avis des éleveurs résument dans l'ensemble cette flambée des prix à la production, notamment celui de l'aliment de bétail.
«Malgré une bonne campagne agricole, l'essentiel de nos intrants est importé comme le son, le soja ou le maïs. Les cours de ces matières premières sur le marché mondial a sensiblement augmenté, sinon doublé, ces derniers mois qui ont coïncidé avec la période de l'engraissement. Il faut noter également que le coût de la main-d'œuvre a lui aussi augmenté. Il n'y a que les ouvriers peu qualifiés qui acceptent le SMAG. Sans compter les autres charges qui, elles aussi, ne sont pas épargnées par ce mouvement de hausse comme le transport et les produits vétérinaires. Alors qu'en parallèle, les prix à la vente n'ont pas varié depuis des années. Il n'y a que les intermédiaires et autres chennaquas qui tirent profit de l'affaire en un laps de temps très réduit», a affirmé un exploitant de la région de Benslimane.
En effet, la période de l'engraissement dure entre trois et six mois selon les régions, l'âge des bêtes, la période séparant l'agnelage et l'Aïd.
D'après les informations recueillies auprès des professionnels du secteur, il y a deux faits marquants cette
saison : le peu d'impact des intermédiaires puisque leur nombre et leurs interventions devraient sensiblement baisser en prévision du prochain Aïd. L'année dernière, ils avaient investi massivement et la plupart n'entre eux n'avaient pas atteint leurs objectifs et certains ont même fait de mauvaises affaires. L'autre fait est que l'Aïd coïncide avec la période d'agnelage en automne où la plupart des bêtes destinées au sacrifice sont seulement âgées d'une année. A cela s'ajoutent les moutons issus des autres années, ce qui rendra l'offre largement disponible.
Concernant les races, il faut souligner que la palme d'or revient au Sardi très apprécié pour son gabarit et l'attrait de son profil. Il est principalement élevé dans les plaines de Doukkala, Abda, Tadla et surtout Chaouia. Son prix est le plus élevé parmi les autres races. Le Timahdit, plus connu sous le nom de Bergui, est élevé principalement dans le Moyen Atlas. Il est commercialisé dans les régions montagneuses et celles de Rabat-Salé. Beni Guil est une race spécifique de l'Oriental, quant à Demmane elle existe dans les régions oasiennes.
Pour les Marocains, l'Aïd Al Adha n'est pas uniquement une fête religieuse. C'est une occasion de réunions familiales mais aussi de vacances et de divertissement pour certains.
Plusieurs personnes, notamment les jeunes couples et les célibataires, commencent progressivement à délaisser le rituel au profit de vacances de quelques jours. Les voyagistes et les hôteliers, quant à eux, ont préparé des produits dédiés. Il s'agit de packages avec des prix compétitifs englobant trois nuitées complètes, y compris le transport aérien pour les destinations lointaines comme Agadir, Ouarzazate ou Saaïdia.
C. J.