Aïd Al-Adha: les éleveurs démarrent les préparatifs sur fond d’incertitudes

Aïd Al-Adha: les éleveurs démarrent les préparatifs sur fond d’incertitudes

La flambée des prix des intrants impacte sur l’activité.

A cause du manque de visibilité, des exploitants ont réduit le nombre de bêtes destinées à l’engraissement.

 

Par C. J

Au cours des mois précédant Aïd Al-Adha, les paysans sont généralement enthousiastes. Les fonds récoltés par la vente du bétail leur permettent de renflouer leur trésorerie et d’entamer avec sérénité la prochaine saison. Mais cette année, un vent d’incertitude et d’inquiétude règne dans le monde rural. En dépit des dernières pluies, les exploitants craignent toujours le pire; la sècheresse a eu des effets dévastateurs même sur les périmètres irrigués. Les réserves en eau des barrages dans certaines régions ont atteint un seuil critique.

«Presque 3 mois et demi nous séparent de Aïd Al-Adha, et les préparatifs ont déjà commencé chez les éleveurs. C’est une occasion propice pour les exploitants de sauver la saison qui est fortement impactée par la sécheresse. Les éleveurs tablent sur cet événement pour réduire le manque à gagner enregistré sur les autres activités agricoles. La réduction des mesures de restriction sanitaires, le retour des MRE et la reprise économique sont parmi les facteurs qui peuvent redonner des couleurs à cette célébration», souligne-t-on auprès de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC).

«L’état sanitaire du cheptel est dans l’ensemble satisfaisant. Les mesures prises par le département de tutelle ont permis de préserver le bétail. En dépit des aléas de la sécheresse, les éleveurs ont maintenu leur rythme d’activité. Les déperditions de bêtes restent limitées, et ce grâce aux efforts continus déployés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) en matière de surveillance permanente du bétail et sa protection sanitaire contre les maladies animales contagieuses, et ce en étroite collaboration avec les vétérinaires sanitaires mandatés, les professionnels de la filière et les autorités locales. Le nombre de bêtes destinées à l’abattage devrait être quasi similaire à la précédente saison», ajoute-t-on à l’ANOC. Rappelons que pour la saison 2021, le ministère de l’Agriculture avait annoncé que 8 millions de têtes ont été destinées à l’abattage de l’Aïd, dont 6,5 millions d’ovins et 1,5 million de caprins.

«La plupart des bêtes destinées au sacrifice cette année sont issues de l’agnelage du printemps 2021 ou celui de l’automne 2020. Elles ont donc bénéficié de conditions de développement favorable jusqu’à fin 2021. L’approvisionnement du marché de bétail était en quantité suffisante et à des prix compétitifs. Cela a permis une amélioration des performances zootechniques du cheptel, atteignant un taux d’agnelage de 90% et un faible taux de mortalité de 5% seulement. Mais la situation va complètement changer au cours des mois de janvier et février 2022 où les prix de l’alimentation de bétail ont explosé, poussant certains exploitants à réduire leur bétail», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Si l’on tient compte des avis de plusieurs éleveurs, les prix des bêtes seront revus à la hausse cette année pour que leurs marges restent à leur niveau d’avant.

«En période normale, il faut entre 8 à 10 DH/jour de charge par antenais. Pour trois mois d’engraissement, le coût se chiffre à pas moins de 800 DH, sans compter les autres charges fixes. Actuellement, il faut compter le double de ce coût. Résultat : soit les prix vont exploser, soit les exploitants vont vendre à perte. Mais vu que Aïd Al-Adha sera célébré la deuxième semaine de juillet 2022, il faut privilégier le premier scénario. Car cette période coïncide avec le retour des MRE, des moussems et autres célébrations (mariages, circoncisions et fêtes familiales…) où la demande en moutons explose», souligne Mohamed Maskini, marchand de bétail dans la région de Benslimane. Par ailleurs, force est de constater que les dernières pluies ont eu des effets positifs sur le déroulement de la saison, sans pour autant redresser sensiblement la situation. Elles ont pour le moins stabilisé les prix des intrants qui se sont inscrits ces derniers temps dans un trend haussier. 

 

 

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