Aïd Al-Adha: la spéculation et les incertitudes génèrent une flambée des prix

Aïd Al-Adha: la spéculation et les incertitudes génèrent une flambée des prix

La hausse est comprise entre 10 à 20% par rapport à la normale.

Les éleveurs tablent sur le retour des MRE et les cérémonies festives.

 

Par C. Jaidani

 

Dans deux semaines, les Marocains vont célébrer Aïd Al-Adha. Outre sa connotation religieuse, ce rituel revêt un aspect social très important dans le Royaume, ce qui fait qu’il est incontournable pour la quasi-totalité des familles. Cette année, il est marqué par une flambée record des prix. En dépit des assurances du département de tutelle quant à la disponibilité des bêtes destinées à l’immolation, les prix exigés par les éleveurs sont plus chers que la normale.

Le ministère de l’Agriculture a annoncé que 8 millions de têtes d’ovins et de caprins ont été identifiées, soit une offre largement supérieure à la demande, laquelle tourne autour de 6 millions de têtes. Selon l’ONSSA, l’état sanitaire du cheptel est favorable et ne présente aucun risque majeur pour les consommateurs.

«Habituellement, une à trois semaines avant Aïd Al-Adha, les prix s’inscrivent à la hausse. Mais ils devraient s’aligner en fin de compte sur les tendances du marché. Ils sont sous l’effet des spéculateurs et autres négociants qui cherchent à profiter de l’occasion et augmenter leur profit. Ils tablent beaucoup sur l’arrivée des MRE et la reprise des cérémonies festives. Pour leur part, les exploitants n’ont aucun intérêt à garder leur troupeau; ils doivent le liquider pour ne pas supporter des charges supplémentaires», souligne Mohamed Maskini, marchand de bétail dans la région de Chaouia.

Dans la périphérie de Casablanca, une tournée dans les souks hebdomadaires ou dans les autres sites connus historiquement comme lieux de vente des moutons montre que la hausse des prix est effective, variant entre 10 et 20%.

«Nous sommes des marchands de bétail. Nous avons acheté les bêtes à un prix élevé et nous sommes contraints, à notre tour, de le répercuter sur les consommateurs pour assurer nos marges. Auparavant, le prix du Sardi oscillait entre 45 et 50 DH/kilo et celui du Bergui entre 40 à 45 DH/ kilo. Actuellement, le premier est proposé à 55 DH/ kilo et le second à 45 DH/ kilo. Les prochains jours seront déterminants et le risque d’accentuation de la flambée des prix n’est plus à écarter», souligne Abderrahim Boujmala, marchand de bétail près des anciens abattoirs de Casablanca.

Derrière cette hausse des prix, plusieurs facteurs sont à relever. Comme nous l’avons expliqué dans une précédente édition, les éleveurs étaient il y a quelques mois dans l’expectative. Craignant que Aïd Al-Adha soit annulé à la dernière minute ou que des restrictions sanitaires viennent perturber le déplacement des personnes, plusieurs exploitants n’ont pas jugé opportun d’investir pour cette occasion. D’autres ont préféré réduire le bétail destiné à l’engraissement.

«Tous les moutons que je préparais pour Aïd-Adha, je les vendais ici, à la ferme. Au fil des années, j’ai fidélisé beaucoup de clients. Je n’avais aucun souci pour écouler tout le bétail, vu la qualité des produits et les prix compétitifs. A cause des restrictions sanitaires, l’année dernière j’avais un important stock d’invendus et j’ai dû supporter des charges supplémentaires pour l’entretenir pendant des mois. Comme la saison était marquée par la sécheresse, l’alimentation de bétail s’est inscrite en forte hausse», affirme Lakbir Ould Hlima, éleveur de la région des Mdakra.

 

 

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