Agrégation : Beaucoup de lacunes à corriger

Agrégation : Beaucoup de lacunes à corriger

 

Certains agrégateurs orientent la chaîne de valeur selon leurs intérêts. 

Les agrégés ne tirent pas pleinement profit du système. 

 

Par Charaf Jaidani

 

L’agrégation est le pilier II du Plan Maroc Vert (PMV). Elle repose sur un partenariat gagnant-gagnant entre l’amont et l’aval agricole. Son principe consiste essentiellement à regrouper les exploitants d’une filière agricole dans son amont (pour la plupart des petits et moyens exploitants) et un agrégateur dans l’aval qui a une vocation commerciale et industrielle. 

L’objectif du système est d’optimiser toute la chaîne de valeur afin de rendre les coûts compétitifs et valoriser au mieux et dans de bonnes conditions les produits. Lancé à partir de 2009, ce modèle a donné des résultats concluants. Toutefois, force est de constater qu’il présente des lacunes qu’il faudra corriger dans la prochaine vision du PMV. 

Le cas de la filière laitière est le plus frappant. Les exploitants deviennent dépendants des agrégateurs qui profitent des aléas de la conjoncture pour imposer leurs conditions. 

Le contrat-programme signé entre le gouvernement et les agrégateurs leur impose de ne ménager aucun effort pour récupérer toute la production le long de la saison. Or ce n’est pas toujours le cas. 

«Durant la période de haute lactation qui commence à partir de février jusqu’à juin, nous trouvons beaucoup de difficultés pour écouler nos produits. Les prix proposés sont revus à la baisse et ne couvrent pas nos charges. Les centres de collecte se contentent de satisfaire leurs besoins, alors qu’ils ont la possibilité de sécher la surproduction pour l’utiliser ultérieurement ou la transformer en produits dérivés», s’insurge Mohamed Benbouih, membre d’une coopérative à Sidi Moussa Majdoub dans la région de Mohammedia. 

Il est vrai qu’avec la campagne de boycott qui a commencé en avril 2018, Centrale Danone, principal agrégateur du secteur, revendiquait plus de 50% de parts de marché et couvrait une bonne partie du territoire national. Actuellement, l’entreprise rencontre des difficultés pour accompagner les exploitants en matière de formation, d’encadrement technique et de vulgarisation des méthodes modernes de production. 

D’autres agriculteurs opérant dans les agrumes, les primeurs ou les céréales se plaignent aussi du diktat des agrégateurs, qui orientent la filière selon leurs priorité et intérêts. 

Ce constat est visible également dans les activités de produits de terroir où les exploitants ne peuvent négocier au mieux la valeur de leur marchandise face à l’avidité et la mainmise des collecteurs et commerçants. 

Pourtant, les agrégateurs bénéficient dans le cadre du contrat-programme de nombreux avantages comme l’accès à une large assiette foncière sans mobilisation de capitaux, ou la sécurisation d’une base plus large d’approvisionnement pour les unités agro-industrielles. 

Pour les fellahs, le système a pour objectif de sécuriser les débouchés des produits pour réduire au maximum la fluctuation des prix et améliorer de ce fait leur revenu. Mais dans la réalité, leurs recettes dépendent toujours des aléas de la conjoncture. 

 

 

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