Accompagnement digital: «Dans tout projet de transformation, l’humain est l’élément central»

Accompagnement digital: «Dans tout projet de transformation, l’humain est l’élément central»

Les experts du collectif Blackbelt accompagnent les entreprises, à travers une série d'ateliers, à prendre conscience du potentiel du digital au sein de leur propre contexte et les aider à établir une feuille de route claire et concrète.

Cette initiative a pris forme au tout début de la pandémie Covid-19, pendant le confinement.

Entretien avec Jamyl Mamri, membre fondateur du collectif Blackbelt.

 

Propos recueillis par B. Chaou

 

Finances News Hebdo : Tout d’abord, c’est quoi Blackbelt ?

Jamyl Mamri : Blackbelt est un collectif de consultants et d’experts spécialisés dans le digital. Ensemble, nous apportons des solutions aux organisations qui considèrent que la transformation digitale est une priorité fondamentale. Chacun de nos membres a développé des compétences et savoir-faire avérés dans leurs champs d’expertise, au contact d’entreprises et organisations pour lesquelles ils ont travaillé. Ainsi, Blackbelt, structuré en hub de services digitaux spécialisés, intervient et accompagne les organisations, privées et publiques, dans leur croissance et leur transformation grâce au digital et à l’intelligence collective. Les experts BlackBelt aident leurs clients à résoudre des problématiques complexes et multiformes. Enfin, nous sommes engagés dans une démarche de partage de la connaissance et d’actions à fort impact social.

 

F.N.H. : Comment est née cette initiative de vouloir accompagner à titre gratuit les TPE pour le renforcement de leurs outils digitaux ?

J. M. : Cette initiative a pris forme au tout début de la pandémie Covid-19, pendant le confinement. Réalisant l’impact potentiel de la pandémie, nous avons décidé d'accompagner bénévolement des TPEs, des associations qui n’ont pas nécessairement les moyens de s’offrir des experts de qualité dans leur stratégie de transformation digitale. Nous avons tous bénéficié à un moment ou à un autre de coups de pouce de bons samaritains lors de la création et du développement de nos entreprises respectives dans le domaine du digital. Nous nous sommes dit que c’était à notre tour d’aider les autres, de «Give back» en offrant un peu de notre temps. C’est comme cela qu’est née cette initiative. Cela s’est fait de manière très simple et très organique. BlackBelt a accompagné par exemple DouarTech.org, une organisation marocaine qui contribue à promouvoir l'indépendance économique des jeunes, notamment des femmes, issus de milieux précaires du monde rural à travers des formations en entrepreneuriat innovant, et en technologies web. «The BlackBelt team has been fantastic at understanding our challenges and capturing the best angle to support us in scaling our impact !», a confirmé Fay Cowper, coordonnatrice de Douar Tech.

Nos experts Blackbelt ont aussi contribué à former les start-up de Impact Lab - impactlab.africa, un incubateur qui vise à accélérer le développement de nouveaux modèles sociaux et économiques en Afrique pour un impact durable. «Les équipes de Blackbelt font preuve d'un grand professionnalisme et d'une grande expertise en nous guidant dans la préparation de nos start-up. C'est un plaisir de collaborer avec eux», a conclut Salma Kab-baj, présidente de Impact Lab. Le collectif Blackbelt, avec son partenaire the Moroccan Internet Society, a aussi participé à l'Initiative de politique et de régulation pour l’Afrique digitale (PRIDA), fruit de la coopération de l'Union africaine et l'Union européenne. Les experts Blackbelt ont accompagné les parties prenantes en matière d’élaboration des politiques relatives à la gouvernance de l’Internet et à la réduction de la fracture numérique. Enfin, nous avons aussi accompagné 32 TPE marocaines, grâce à l’expertise de CapValue en cyber sécurité, pour les aider à mettre en place des dispositifs sécurisés du télétravail afin d’assurer le maintien de leurs activités durant la période post-Covid-19.

 

F.N.H. : Quels sont les domaines digitaux sur lesquels vous accompagnez ces organismes là ?

J. M. : Selon le besoin exprimé, le collectif pourra aider les organisations retenues dans les domaines suivants : la transformation digitale, l’innovation, l’Inbound marketing, la cybersécurité, l’automatisation des processus, la communication digitale, la Lead generation, le référencement, le mobile, le cloud, l’UX, et les outils technologiques de pointe et la culture digitale.

 

F.N.H. : Pensez-vous que les entreprises marocaines souffrent d’un déficit en termes de moyens digitaux ? Si oui, pourquoi ?

J. M. : De manière générale, les dispositifs digitaux des entreprises marocaines manquent de maturité. Il y a, à mon avis, plusieurs facteurs qui contribuent à ce déficit. Tout d’abord un déficit de «leadership» : les dirigeants doivent prendre conscience des enjeux du digital et être partie prenante pour «faciliter» la transformation au sein de leur entreprise ou organisation. Ensuite, il y a le déficit «stratégique» : les dispositifs digitaux doivent être le fruit d’une réflexion stratégique intégrant les opportunités, les moyens, les risques etc. Puis vient le déficit de cohésion : la vision et la stratégie digitale doivent être partagées à travers toute l’entreprise et non pas reléguées au rang de projet (s) technologique (s) porté (s) exclusivement par les responsables IT.

Enfin, les dispositifs digitaux des entreprises souffrent souvent d’un déficit «d’expérience». En effet, l’expérience utilisateur est souvent peu prise en compte. Par exemple, plusieurs applications ou sites web sont dotés de fonctionnalités pertinentes, mais sont le plus souvent peu pensées de la perspective des usagers. Bien entendu, ce ne sont pas là les seuls facteurs qui font défaut : il y a la sécurité, le data management, les aspects infrastructures, le manque d’innovation et bien d’autres lacunes. Cependant, il faut souligner une montée en gamme des demandes de plusieurs entreprises qui sont conscientes de ces aspects et sont en train de rapidement gagner en maturité.

 

F.N.H. : Quelle approche faut-il adopter, selon vous, afin d’amener les entreprises nationales vers une prise de conscience de l’importance d’être bien outillées ?

J. M. : Être bien outillé ne suffit pas. Trop souvent nous voyons des clients qui ont des budgets conséquents, qui n’hésitent pas à investir dans des outils technologiques, mais qui ne savent pas les utiliser parce qu’ils oublient le capital humain, la formation, l’accompagnement. C’est là la clé de la transformation. Il faut apprendre, comprendre, se former, acquérir la connaissance avant d’acquérir les outils. Dans tout projet de transformation, l’humain est l’élément central. C’est pourquoi nous avons opté pour le partage de notre connaissance et pour un accompagnement d’experts qui va aider les entreprises, à travers une série d'ateliers, à prendre conscience du potentiel du digital au sein de leur propre contexte et les aider à établir une feuille de route claire et concrète.

 

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