Malgré un cadre économique peu liquide et des conditions fiscales pas toujours avantageuses pour ce secteur canalisateur de financement dans des secteurs productifs (principalement industriels), le capital investissement réussit à maintenir ses taux de croissance historiques. En 2014, 696 MDH ont été investis, portant le total des investissements, depuis l'origine de la discipline au Maroc, à près de 5 Mds de dirhams.
Comme chaque année, les membres de l'AMIC (l'Association marocaine des investisseurs en capital) se réunissent autour de la table avec des journalistes, dans un exercice de pédagogie autour du capital-investissement. Une rencontre qui permet également de faire le point sur l'exercice écoulé. Pour 2014, les chiffres sont plutôt bons, surtout quand on connaît la faiblesse de la reprise mondiale, notamment celle de l'Europe. Il faut préciser, à ce titre, que 49% des fonds sont localisés en dehors du Maroc, dont 33% en Europe.
Malgré ce contexte donc, ce secteur, qui n'emploie que 120 personnes, a crû en 2014. Le cumul des montants levés par les fonds de capital-investissement et d'infrastructure ont atteint 15,7 Mds de dirhams. Dans la lignée de la tendance constatée depuis 2012, 94% des fonds levés proviennent de fonds transrégionaux. Il resterait quelque 4 Mds de dirhams à disposition des sociétés de gestion pour d'éventuels placements.
Le secteur gagne en liquidité
Depuis la création de cette activité au Maroc, au milieu des années 90, à nos jours, près de 5 Mds de dirhams ont été investis dans plus de 155 entreprises. Rien qu'en 2014, 696 MDH ont été investis pour un ticket moyen de 43 MDH. En face, les désinvestissements ont cumulé à 2 Mds de dirhams. Mais ce qui est intéressant à souligner, c'est que 78% des désinvestissements, depuis 2011, ont été réalisés par cessions de titres cotés ou par cessions à des industriels. Cela montre que le secteur est assez liquide malgré, encore une fois, un contexte de «fluidité monétaire» qui n'a pas été au beau fixe sur la période. Cela témoigne d'un gain de liquidité dans le secteur.
Autre fait à relever, le secteur a surperformé plusieurs autres classes d'actif en 2014. L'Association revendique en effet un taux de rentabilité interne (TRI) des investissements de 15% en 2014, bien au-delà du marché actions, de l'immobilier et des bons du Trésor. Jusqu'à présent, la durée moyenne d'un investissement est de 5,6 années, et 57% des investisseurs sont des institutions financières.
De la problématique du capital-risque
Nous avons interrogé le président de l'AMIC, Omar Chikhaoui, sur les raisons de la faiblesse des investissements dans le capital-risque et le capital amorçage, qui ne pèsent que 7% dans les montants investis par les opérateurs du secteur. D'après lui, «il ne faudrait pas raisonner en montants, mais en nombre de projets. Ces derniers sont en progression constante. Le capital-risque et le capital amorçage ne demandent pas autant de fonds que le capital développement, par exemple». Et d'ajouter que «des efforts restent à faire en la matière, mais il ne faut pas oublier que les sociétés de gestion répondent aux critères imposés par les actionnaires des fonds. Il faut reconnaître que les sociétés qui nécessitent du capital-risque ne répondent pas toujours à ces critères». A noter que l'AMIC travaille sur un projet d'envergure avec la Banque mondiale pour soutenir cette poche d'activité. Un programme portant sur 50 millions de dollars que l'AMIC promet avant fin 2015.
Côté perspectives, les investisseurs en capital au Maroc, interrogés par le cabinet Grant Thornton dans le cadre d'une étude commune avec l'AMIC, déclarent pour 15% d'entre eux que l'agroalimentaire représente un secteur d'avenir. Les services arrivent en deuxième position, avec 12% des réponses. L'énergie s'accapare la troisième position avec 10% de réponses favorables à la question : «dans quels secteurs pensez-vous investir dans les 5 prochaines années ?». On dit souvent que le capital-investissement est un baromètre de l'investissement juteux... L'avenir nous le dira !
A. H