On ne connait pas, ou à peine, Ibtissam Houari, cette peintre acquise à l’abstraction pure et dure. Ses œuvres valent le détour.
Ce serait trop dire que l’artiste crée à la surface de ses toiles des mirages comme ceux que la chaleur fait flotter au loin devant les yeux éblouis d’un aventurier dans le désert.
Mais il y a bien quelque chose de l’ordre d’une apparition diaphane dans les peintures que la jeune femme n’a jamais accroché dans les cimaises d’une galerie.
La palette harmonieuse s’y teinte tantôt d’ocres clairs et lumineux, tantôt de jaunes pâles, tantôt d’orangés qui foncent et passent au rouge, tandis qu’une bande bleu piscine peut venir divaguer en haut d’une toile.
L’artiste fait de la peinture une quête formelle, mais aussi spirituelle. Ses toiles semblent préserver un secret. Et, de ce monde étrange, jaillit une orgie de couleurs chaudes et froides, sourdes et vives. Sa peinture est chromatiquement dépouillée. Ni fioritures, ni boursouflures.
Ce qui anime la peinture d’Ibtissam, est alors l’esprit d’une fable désenchantée, empreint à la fois de merveilleux et (peut-être) d’ironie.
Une composition expressive, un équilibre reposant entre les couleurs et les matières. Tout engendre une atmosphère d’aria, sinon de recueillement.
L’œuvre ne peut prétendre à une dignité artistique que lorsqu’elle prend ses distances avec le réel ? Celle de Houari y parvient tout en donnant l’illusion qu’elle mime la réalité.
Du tréfonds de l’esprit surgissent des allusions sans commune mesure avec le réel, celui-ci se trouvant embelli, souvent exalté par l’imaginaire du peintre. L’effet en est surprenant.
La savante ivresse qui émane des œuvres se conjugue avec un ésotérisme déchiffrable uniquement par les heureux initiés.
Ibtissam Houari a du talent, il faut l’avouer !
Par R.K.H