Deborah Benzaquen, née en 1973, a quitté sa ville natale, Casablanca, pour Paris, où elle s’est profondément enrichie et imprégnée culturellement, appareil photo à la main. Bouleversée par la puissance descriptive et narrative du travail cinématographique, Deborah reconnait que «le cinéma a littéralement sauvé (sa vie)...C’est une source d’inspiration sans fin».
Elle emménage, par la suite à New York, dans la fleur de son âge, avant de retourner à Casablanca pour y vivre et travailler. «La capitale du monde» fut, en fait, son premier terrain de jeu…
Errant dans la ville, elle photographie le mouvement de l’espèce humaine. Ce ne sont pas, à-vrai-dire, des photographies d’une artiste de passage. Des images simples de paysages, des instantanés de rues très doux, de figures humaines, parfois de visages…et où, en apparence, rien de capital ou de décisif ne se passe.
Elle photographie NYC, sans se laisser piéger par son pittoresque. Si elle montre des aspects de la ville que l’on reconnaît -presque- encore aujourd’hui, elle offre à voir d’autres images qui demeurent sidérantes. Comme par exemple cet homme qui envahit le cadre, éclairé par une parcelle de lumière qui subsiste encore. Peut-on dire que Déborah s’est évertuée, en ce sens, à immortaliser ce moment radieux où la lumière ne joue plus l’éclairage mais devient sujette, elle aussi ? «And the light there is pretty stunning too…», décrit-elle, irrésistiblement happée et attirée.
Pour une photographe qui assimile son art à un «complément», cela suppose de respecter une certaine observance, et beaucoup de rigueur. «Ce n’est que lorsque je photographie que je me sens complète», lit-on dans sa biographie.
Aussi, Déborah Benzaquen ne se contenta pas uniquement d’arpenter la ville, mais l’être humain qui l’a tant impressionné à son arrivée est sitôt devenu un motif récurrent dans ses promenades photographiques.
A Casablanca, la photographe consacre aussi beaucoup de temps à réaliser des portraits de ses amis.es : «les inséparables», «super Héros», «dancers in the Dark»… Dedans comme dehors, dans les rues comme dans les espaces privés, la même douceur étrange se dégage de ces corps ou de ces paysages. Sans doute la sensation d’une fragilité pérenne.
La question de la féminité, ou encore l’orientation sexuelle ne cessent aussi de la hanter. Ses photographies purement narratives sont doublement émouvantes. Réalité, reportage, mode et conte se mêlent et se confondent dans une parfaite harmonie.
Son site web constitue une jolie vitrine et synthèse de toutes ses facettes photographiques : son goût pour l’image tantôt immédiate, minimale, sans fard, tantôt mise en scène, théâtralisée et portée par un travail de laborantin.
Lien : http://www.deborahbenzaquen.com
Par R.K.H